Eglises d'Asie – Inde
L’Eglise dément les rumeurs d’attaques de catholiques par des bouddhistes
Publié le 29/05/2012
« Tout cela est totalement faux ; aucun groupe bouddhiste en Inde n’a jamais attaqué de catholiques ! », a réaffirmé à l’agence AsiaNews le provincial depuis Bangalore, au Karnakata, où se trouve la maison-mère de son ordre. « De plus, a-t-il ajouté, nous avons toujours eu d’excellentes relations avec les bouddhistes ; il est injuste que ces derniers soient victimes d’une telle désinformation ! »
Ce hoax (fausse information colportée par e-mail) qui vient de réapparaître ces dernières semaines circule en réalité depuis plus de trois ans sur Internet, les réseaux sociaux et les messageries. Signalé en 2010 comme hoax par certains médias chrétiens, il est libellé ainsi dans sa version française (qui compte de nombreuses variantes) :
*Message reçu*/ *_du supérieur provincial des franciscains en Inde_*:
>
> “Priez pour l’Eglise de l’Inde. Des extrémistes bouddhistes, en Inde, ont incendié 20 églises la nuit dernière. Ce soir ils ont planifié de détruire 200 églises dans la province d’Olisabang. Ils ont l’intention de tuer 200 missionnaires pendant les prochaines 24 heures. En ce moment, tous les chrétiens sont en train de se cacher dans les hameaux. Priez pour eux et envoyez ce mail à tous les chrétiens que vous connaissez. Demandez à Dieu d’avoir pitié de nos frères et sœurs de l’Inde. Lorsque vous recevrez ce message, je vous prie de l’envoyer d’urgence à d’autres personnes. Priez pour eux notre Seigneur Tout-puissant et Victorieux.”
>
> P. Samuel M. Chetcuti OFM Conv.
> P. Provincial des Franciscains conventuels
> Repúblique Street , Valletta VLT 1110, Malt Tef. (356) 21241167
> Fax (356) 21223556
> Mob (336) 99865668
La fausse information semble avoir été lancée vers 2009 mais c’est en 2010 qu’elle a véritablement envahi le Net occidental, en français et en anglais, accompagnée de vidéos sur Youtube, et abondamment relayée par les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter.
« Il n’existe pas de province d’Olisabang en Inde […] et ce faux e-mail est signé du provincial franciscain de l’Inde, c’est à dire … moi ! », s’indigne encore le P. Babu Jose Pamplany.
Le P. Chetcuti de Malte en revanche, cité en référence dans le mail, existe bel et bien. Il reconnaît par ailleurs avoir « fait suivre » il y a plus de trois ans, sans s’être auparavant renseigné sur son authenticité, ledit hoax, qui depuis se propage avec sa signature…
A ce jour, deux hypothèses sont envisagées quant aux motivations des diffuseurs du hoax : soit détourner l’attention de la communauté internationale des véritables auteurs des violences antichrétiennes – bien réelles et essentiellement perpétrées par les hindouistes -, soit attiser la haine envers les bouddhistes par de fausses accusations.
Selon certains analystes, la vague d’e-mails qui vient de resurgir avec de nouvelles traductions en différentes langues porte sans conteste la marque des hindouistes. Outre le fait que l’envoi du hoax semble avoir suivi de peu les violences antichrétiennes qui ont endeuillé l’Orissa et toute une partie de l’Inde fin 2008, la propagation de fausses rumeurs, notamment par le biais d’Internet, est une tactique fréquemment utilisée par les groupes extrémistes prônant l’hindutva (2). Le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), qui fut le principal instigateur des pogroms en Orissa, passe pour compter dans ses rangs des hackers d’un très haut niveau.
Pour le Rév. Samuel Stephens, président de l’organisation évangélique India Gospel League, et pasteur au Tamil Nadu, il ne fait aucun doute que l’envoi de ces fausses nouvelles vise à « monter les groupes religieux les uns contre les autres », tout en disculpant les hindous des attaques contre les chrétiens et attribuant la responsabilité des violences aux bouddhistes.
« Ces derniers temps, ajoute le pasteur, cité par l’agence protestante Mission Network News, beaucoup de dalits ont rejeté le système des castes pour se tourner vers le christianisme et vers le bouddhisme. » Or, poursuit le Rév. Stephens, les afflux de hoax augmentent chaque année au moment de Pâques et du Vesak (anniversaire du Bouddha), des périodes généralement choisies pour les “cérémonies de conversion”.
Ces e-mails ne doivent surtout pas être transférés, rappelle le pasteur, qui précise qu’ils prennent des formes différentes selon les pays auxquels ils sont adressés. La version indienne du hoax, si elle a conservé curieusement la mention de la province inexistante d’Olisabang, est en revanche envoyée sous des noms d’expéditeurs plus adaptés au public visé comme ‘Pastor,’ ‘Dalit freedom network’, ‘United Church’ ou encore ‘Sudhir – Architect’.