Fr. Mani Mekkunnel est le secrétaire national de la CRI (Conference of Religious, India), qui réunit les supérieurs majeurs des instituts religieux et des sociétés de vie apostolique de l’Eglise catholique en Inde. Il explique qu’en choisissant le thème du leadership dans la vie religieuse et en s’adressant aux trentenaires, la CRI avait souhaité faire réfléchir les religieux et religieuses de l’Inde sur leur place dans l’Eglise d’aujourd’hui et de demain. « On compte plus de 130 000 religieux et religieuses en Inde et un quart d’entre eux ont entre 30 et 35 ans. En réfléchissant à la notion de leadership, nous souhaitons les aider à faire ressortir le meilleur des expériences vécues sur le terrain, et à contribuer ainsi à donner des idées nouvelles à ces jeunes pour renouveler leur approche de la vie consacrée », explique-t-il, en ajoutant que la tranche d’âge choisie (30-35 ans) correspondait à l’âge auquel le Christ avait accompli Sa mission sur terre.
La session du 9-12 juillet avait été préparée par des rencontres au niveau régional ces deux dernières années auxquelles avaient participé quelque 1 200 jeunes religieux et religieuses. Finalement, ce sont 200 d’entre eux qui ont été envoyés en délégation à Okhla, dans la banlieue de New Delhi, où par groupe de deux, ils ont représenté une centaine de congrégations.
Interrogées par des journalistes sur l’écho que suscitait en elles l’action des religieuses américaines (dont les formes de l’apostolat sont remises en cause par le Saint-Siège et qui se défendent par une intense campagne médiatique aux Etats-Unis), les religieuses indiennes n’ont pas semblé particulièrement concernées. Certaines ignoraient la polémique, d’autres ne souhaitaient pas la commenter, certaines encore affirmaient ne pas en être affectées. « Les scandales autour de l’Eglise n’affectent pas mon désir de servir Dieu et mon prochain », répondait Sr J. Florice, missionnaire du Cœur immaculé de Marie.
Quant aux autobiographies récemment publiées par des religieuses indiennes critiques envers les institutions dont elles sont issues, elles sont considérées avec le même détachement. « Ce qu’elles ont écrit regarde leur propre expérience et ne doit pas être utilisé comme un prétexte pour discréditer l’ensemble [de l’Eglise]. A mon sens, on ne peut juger d’une institution par ce qu’un prêtre ou une religieuse en particulier a fait. Et la perception selon laquelle les couvents ne renfermeraient que des religieuses aigries par les frustrations est fausse », affirme Sr Tessy Jacob, missionnaire des Servantes du Saint-Esprit (SSpS).
Au-delà de ces polémiques, les débats ont porté sur certains aspects propres à l’Eglise en Inde. Active en Orissa auprès des populations aborigènes (tribals), la même Sr Tessy Jacob ne cache pas que son Eglise peut se montrer « patriarcale ». Toutefois, elle précise que face au clergé masculin, les religieuses ne se posent pas dans « une relation de pouvoir (…) souhaitant simplement l’équité, et non pas l’égalité ».
Sur la question du port de l’habit religieux au sein d’un pays où les chrétiens représentent une minorité de 2,3 % de la population, les avis semblent être plutôt en la faveur du vêtement des consacrés, qui signe immédiatement l’appartenance de celui ou celle qui le porte à la religion catholique. Il appelle le respect, ont rappelé des religieuses, tandis que d’autres, favorables aux habits civils, soulignaient que le respect se gagnait tout d’abord « par la manière dont on interagissait avec les gens ».
Enfin, clin d’œil à la modernité, les organisateurs de la rencontre avaient souhaité un « rassemblement ‘zéro papier’ ». De manière à « encourager l’usage des nouvelles technologies », aucun document n’avait donc été imprimé en amont de la rencontre et les participants avaient été invités à venir avec leurs ordinateurs portables et autres tablettes numériques. De fait, la consigne semble avoir été respectée par la très grande majorité des délégués, lesquels ont été très nombreux à venir avec leur ordinateur, pour la quasi-totalité connecté à Internet.