Eglises d'Asie

Interventions dans les lieux de culte : la police fait amende honorable

Publié le 19/07/2012




Ces derniers jours, les commissariats du Japon ont reçu une note de la police nationale rappelant que, dans le cadre de leur service, les officiers de police devaient agir dans la plus stricte observance de la loi et le respect des droits de l’homme dès lors qu’ils avaient à intervenir dans un lieu de culte.

La diffusion de cette note intervient peu de jours après que Mgr Ikenaga Jun, archevêque d’Osaka et président de la Conférence des évêques catholiques du Japon, eut remis une lettre de protestation le 2 juillet dernier au président de la Commission nationale pour la sûreté publique, instance gouvernementale garante du respect des principes démocratiques et du bon fonctionnement de la police nationale. Dans ce courrier, le président de la Conférence épiscopale contestait le fait que les policiers puissent pénétrer sans mandat sur les lieux de culte et contrôlent l’identité des fidèles présents. Son intervention faisait suite à l’arrestation, le 27 mai dernier, d’un Philippin soupçonné d’être en situation irrégulière par des policiers qui avaient pénétré dans une église catholique du diocèse de Yokohama ; l’intervention policière avait eu lieu à l’heure où la messe dominicale était célébrée pour la communauté catholique étrangère. Cette arrestation avait soulevé une vive émotion dans le diocèse et suscité la mobilisation de l’épiscopat japonais.

Dans un courrier en date du 12 juillet, le plus haut responsable de la police nationale, le surintendant en chef Shirakawa Yasuhiro, a répondu à Mgr Ikenaga qu’il avait été saisi de cette affaire par la Commission nationale pour la sûreté publique et qu’après en avoir débattu, il avait été décidé de diffuser une note interne dans tous les postes de police du pays.

Dans son courrier, intitulé « Activités de la police et respect des droits fondamentaux », le surintendant Shirakawa explique que la circulaire diffusée dans les commissariats commence par un rappel des excuses que le chef de la police du département de Kanagawa a présentées au diocèse de Yokohama. L’action de la police au sein de la paroisse de Kaizuka, le 27 mai dernier, y est qualifiée d’« incident injustifiable ».

Elle se poursuit en ces termes : « Entrer pour un motif officiel dans un établissement quel qu’il soit doit être fait dans le respect de la loi. De plus, une fois sur place, tous les actes et gestes de la police doivent être menés avec une attention particulière pour le respect de la liberté religieuse et de l’ensemble des droits fondamentaux. »

Elle se termine sur un appel à une meilleure formation des policiers en matière de respect des procédures et de la loi et, à l’adresse de la hiérarchie policière, à un souci plus grand de ces questions « de manière à ce qu’aucun incident similaire ne puisse se reproduire à l’avenir ». Il est signifié aux commissaires que leurs hommes sur le terrain doivent être mis au courant de ces nouvelles directives et chacun de leurs actes mené en accord avec elles.

L’épiscopat japonais n’a pas réagi à cette réponse, rapide, des responsables de la police nationale à la protestation formelle qu’elle avait émise. Si les excuses présentées et les engagements pris ont toutes les raisons de satisfaire les évêques japonais, la note diffusée auprès des forces de police ne spécifie pas que les policiers devraient s’interdire de « pister » les étrangers à proximité des lieux de culte pour tenter de débusquer parmi eux d’éventuels immigrés en situation irrégulière.

Dans une Eglise qui compte autant de fidèles de nationalité japonaise que d’étrangers issus d’une immigration récente, les questions relatives au statut des étrangers restent très importantes pour les catholiques au Japon.