Eglises d'Asie – Corée du sud
Des ONG plaident pour une reprise de l’aide alimentaire à la Corée du Nord
Publié le 28/08/2012
Depuis le lancement, en avril dernier, d’une fusée nord-coréenne, qualifié de « provocation » par Washington, Tokyo, Séoul et la communauté internationale à l’exception de la Chine, le gouvernement sud-coréen bloque tout nouvel envoi d’aide humanitaire à travers la DMZ, la zone démilitarisée marquant la frontière entre les deux Corées. De Corée du Nord, des nouvelles sont toutefois parvenues, diffusées par l’agence officielle de presse nord-coréenne, indiquant que des pluies diluviennes fin juin et en juillet derniers avaient entraîné d’importantes inondations dans le pays, qui ont causé la mort de 169 personnes ; 400 personnes ont été portées disparues et les dégâts aux récoltes seraient très importants, notamment dans les provinces de Hwanghae du Sud et Hwanghae du Nord.
Le 24 août dernier, des contacts ont eu lieu à Kaesong, ville nord-coréenne où se situe un « parc industriel intercoréen », fruit de la collaboration économique entre les deux Corées. Quatre représentants du Conseil pour la coopération avec la Corée du Nord, structure créée par 51 ONG sud-coréennes, ont eu des entretiens avec des membres du Conseil (nord-coréen) pour la réconciliation nationale. Ces derniers ont fait part du besoin « urgent » que leur pays avait, notamment en matière d’« aide alimentaire, médicale et en matériaux de construction » pour faire face aux destructions causées par les récentes inondations.
Le P. John Park Chang-il, directeur de Corea Peace 3000, projet soutenu par l’Eglise catholique de Corée du Sud, était à Kaesong en tant que membre de la délégation sud-coréenne. De retour en Corée du Sud, il explique qu’étant donné que les pourparlers de Kaesong avaient reçu un feu vert de Séoul, le gouvernement sud-coréen « ne fera très certainement pas de difficulté pour autoriser » une reprise de l’aide humanitaire à la Corée du Nord. A l’Assemblée nationale, Yo Woo-ik, ministre (sud-coréen) de l’Unification, a d’ailleurs déclaré que son gouvernement suivait de très près la situation en Corée du Nord en ce qui concerne les inondations et qu’il pourrait approuver rapidement la reprise de l’aide. Le P. Park ajoute que l’aide des ONG sud-coréennes ne pourra toutefois que demeurer modeste et que seule une aide gouvernementale massive pourrait améliorer le sort des populations nord-coréennes sinistrées.
Selon Yang Moo-jin, professeur à l’Université des études sur la Corée du Nord, le fait que le régime nord-coréen appelle à l’aide indique non seulement que la situation sur le front des inondations est grave mais aussi que la situation politique se stabilise à Pyongyang : après la mort en décembre dernier de Kim Jong-il, son fils et successeur Kim Jong-un semble avoir les choses suffisamment en main pour autoriser cette ouverture vers la Corée du Sud. Dans ce contexte, une éventuelle reprise de l’aide humanitaire des ONG sud-coréennes en direction du Nord serait de bon augure pour les relations entre les deux Corées, mais elle ne doit pas pour autant laisser penser que ces relations s’améliorent. « Le gouvernement actuellement au pouvoir à Séoul n’a aucunement l’intention d’améliorer franchement les relations avec la Corée du Nord », estime le chercheur sud-coréen.
Au plan international, les inondations en Corée du Nord ont amené le Programme alimentaire mondial ainsi que la Chine et le Vietnam à promettre une aide financière et en nature.
L’an dernier, à la même époque, des inondations avaient eu lieu au Nord. Pyongyang avait fait appel à Séoul pour des envois de riz et de ciment. Le gouvernement sud-coréen avait répondu que tout éventuel convoi pour le Nord ne comporterait pas de ces deux denrées, estimant qu’elles pouvaient trop aisément être détournées au profit de l’armée nord-coréenne ou du régime de Pyongyang. Les pourparlers avaient tourné court. Cette année, estiment des analystes sud-coréens, si les inondations au Nord prennent une tournure catastrophique, notamment du fait du typhon Bolaven, Séoul pourrait changer d’avis et revoir sa politique dans le sens d’une véritable reprise des négociations avec Pyongyang.