Eglises d'Asie – Inde
Madhya Pradesh : le BJP demande la naturalisation des réfugiés hindous pakistanais
Publié le 14/09/2012
Le 12 septembre dernier, au Madhya Pradesh, Etat du nord de l’Inde, le BJP a voté une résolution appelant à protéger les hindous qui fuient le Pakistan et les persécutions qu’ils y subissent en tant que minorité religieuse (1). Le ministre-président du Madhya Pradesh, Shivraj Singh Chouhan, a déclaré qu’il porterait l’affaire à New Delhi devant le gouvernement fédéral, et s’assurerait qu’aucun hindou pakistanais ne serait rapatrié dans son pays contre son gré.
« Les hindous pakistanais qui viennent dans notre pays devraient se voir accorder la nationalité [indienne] », a affirmé un leader local du BJP, Shankar Lalwani. Dans le texte de la résolution votée le 12 septembre, on peut lire que les autorités et la population pakistanaises ne font pas preuve d’une attitude « laïque » envers la minorité hindoue et que cette dernière se trouve en butte à des violations quotidiennes de ses droits les plus élémentaires, les enlèvements, viols, spoliations et conversions forcées à l’islam étant devenues monnaie courante.
Selon Shankar Lalwani, plus de 10 000 hindous du Pakistan se trouvent actuellement au Madhya Pradesh en situation irrégulière : les visas qui leur ont permis de pénétrer en Inde ont expiré mais ils ne veulent pas retourner vivre au Pakistan. Le leader hindouiste a ajouté qu’en-dehors du Madhya Pradesh, dans les autres Etats de l’Union indienne, 35 000 autres hindous pakistanais se trouveraient également en situation irrégulière, vivant sous la menace d’une expulsion vers le Pakistan. Enfin, n’hésitant pas à évoquer l’histoire sanglante de la naissance de l’Inde indépendante, il a déclaré que le gouvernement fédéral indien devrait permettre à tous les hindous restés au Pakistan après la partition de 1947 de venir s’installer en Inde s’ils le souhaitaient.
Les déclarations des leaders du BJP au Madhya Pradesh s’inscrivent dans le contexte d’arrivées, de plus en plus nombreuses ces derniers mois, d’hindous pakistanais cherchant à fuir les persécutions et discriminations dont ils sont victimes dans leur pays. Début août, plus de 200 Pakistanais de religion hindoue qui franchissaient la frontière indienne à bord du Samjhauta Express (le « train de l’Amitié ») ont été retenus plusieurs heures par les gardes-frontières du Pakistan qui les soupçonnaient de vouloir émigrer en Inde. Partant en Inde officiellement pour un pèlerinage religieux, les voyageurs ont été contraints, avant d’être autorisés à poursuivre leur chemin, de signer des documents qui les engageaient à revenir au Pakistan. Quelques jours plus tard, un autre groupe de pèlerins a effectué le même trajet et plusieurs d’entre eux ont avoué, une fois en Inde, qu’ils n’envisageaient pas de retourner chez eux. Au début de ce mois de septembre enfin, 171 hindous pakistanais ont franchi la frontière et ont officiellement demandé le statut de réfugiés auprès des autorités indiennes.
Pour les observateurs, cette soudaine mobilisation du BJP au Madhya Pradesh en faveur des hindous pakistanais cache maladroitement une motivation politique évidente. En effet, en vue des élections générales de 2014, les leaders du BJP se positionnent pour la présidence du parti et, éventuellement, le poste de Premier ministre de l’Union indienne : face au favori Narendra Modi, ministre-président BJP du Gujarat, Etat voisin du Madhya Pradesh et frontalier avec le Pakistan, Shivraj Shing Chouhan apparaît comme un challenger sérieux. Dans ce contexte pré-électoral, défendre ces migrants pakistanais est une manière de chercher à séduire l’électorat hindou, soulignent ces observateurs.
Selon Jerry Paul, membre du Parti du Congrès (au pouvoir à New Delhi mais dans l’opposition au Madhya Pradesh), la minorité hindoue n’est pas la seule à faire face à des persécutions au Pakistan ; il faut notamment y ajouter les minorités sikh et chrétienne. Or, argumente-t-il, le BJP ne réclame que la naturalisation des réfugiés hindous, pas celle des réfugiés sikhs ou chrétiens. « Pourtant, [les persécutions au Pakistan] ne visent pas que les fidèles d’une religion en particulier. Ce qui est en jeu, c’est le sort de toutes les minorités du Pakistan, quelle que soit leur appartenance religieuse », conclut-il.