Eglises d'Asie

Face aux défis d’un « monde pluriel », les théologiens moralistes catholiques veulent communiquer davantage

Publié le 08/11/2012




Les membres de l’Association of Moral Theologians of India (AMTI), qui ont tenu leur congrès annuel du 26 au 28 octobre à Pune, dans l’Etat du Maharashtra, ont fait part de leur intention …

… de lancer un site Internet et de réaliser un annuaire des théologiens moralistes de l’Inde.

Plus d’une trentaine de spécialistes de la théologie morale sont venus de toute l’Inde pour participer au congrès annuel de l’AMTI, qui rassemble la plupart des plus éminents chercheurs et enseignants dans ce domaine en pleine expansion au sein de l’Eglise catholique en Inde (1). Sur le thème « Systèmes éthiques dans un monde pluriel», les congressistes réunis au très réputé séminaire jésuite Nobili College de Pune ont partagé leurs travaux et décidé d’une meilleure communication entre les différents groupes de théologiens indiens – auxquels il est souvent reproché de travailler séparément – ainsi qu’avec le grand public.

Le rassemblement de l’AMTI s’est ouvert par une célébration eucharistique présidée par Mgr Thomas Dabre, évêque de Pune. Puis le P. Clement Campus, rédemptoriste et président de l’association, a rendu hommage à son prédécesseur et membre fondateur, le P. Soosai Arockiasamy, décédé il y a quelques mois. Il a également mis l’accent, dans son discours d’introduction, sur la contribution de Vatican II au renouveau de la théologie morale, en plaçant la personne humaine au centre de la réflexion éthique.

Durant les trois journées de congrès, les intervenants ont présenté leurs travaux portant sur les différents « systèmes éthiques » auxquels est confrontée l’Eglise catholique en Inde : la « morale laïque (athée) » (par le P. Charles Furtado), « la morale hindoue » (par le P. John Karuvelil, qui a mis en parallèle le concept du Dharma avec la « loi naturelle » (2) telle que la définit la morale chrétienne), « le système éthique du bouddhisme » (par le P. Paulachen Kochapally qui a donné une lecture des Béatitudes de l’Evangile à la lumière de l’Ashtanga Marga (« l’Octuple Chemin ») du Bouddha), ou encore « l’éthique musulmane » (par le P. Michael Peters, qui a fait ressortir dans sa présentation, les similitudes entre les morales chrétiennes et musulmanes).

Toutes ces conférences ont été suivies de débats animés, avant que les participants ne travaillent sur les thèmes de l’éthique dans la société moderne et du rôle concret que la théologie morale se doit d’y jouer. Sr. Vimala, de la Congregation of Mother of Carmel (CMC), de rite syro-malabar, a exposé les défis et les responsabilités qui incombent à celui qui veut être « porteur d’une morale authentique ». Puis le P. George Pattery, jésuite et actuel président du Jnana-Deepa Vidyapeeth (JDV) (3), s’est exprimé sur la difficulté de « former des chrétiens matures dans un monde pluriel », suivi par P. Shaji George Kochuthara, qui a traité de la lutte contre la corruption qui gangrène la société indienne, insistant sur la nécessité de faire reconnaître cette « pratique » comme une faute morale.

Les débats et présentations se sont ensuite centrés sur la définition de la « loi naturelle » et les différents aspects que celle-ci peut prendre dans le cadre de l’acculturation, des thèmes chers aux théologiens indiens, qui ont été introduits à nouveau par le P. Kochuthara. Ce dernier, qui est carme (CMI) de rite syro-malabar et membre de l’Asian Regional Committee of Catholic Theological Ethics in the World, est considéré comme l’une des plus éminentes figures de la théologie catholique indienne contemporaine (4).

Le troisième et dernier jour du congrès a été consacré au partage des recherches entre les différents congressistes et à l’organisation de la prochaine session qui célèbrera le jubilé d’argent de l’association. Elle se tiendra à Berhampur en Orissa du 25 au 27 octobre 2013 sur le thème de « la contribution des théologiens de la morale à l’Eglise de l’Inde ».

L’AMTI a également fait part à l’issue du congrès de son intention de publier un ouvrage rassemblant les contributions des intervenants, mais aussi de créer un annuaire de tous les théologiens moralistes en Inde ainsi que de lancer un site Web. Autant de signes d’une prise de conscience de la nécessité de mieux communiquer, aussi bien au sein de l’Eglise catholique elle-même que dans la société indienne d’aujourd’hui où la théologie morale se veut plus présente.