Eglises d'Asie

Un évêque coréen demande pardon pour les crimes commis par son pays durant la guerre au Vietnam

Publié le 18/12/2012




Le site Internet de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC) rapporte en détail un certain nombre d’interventions prononcées au cours de la dixième assemblée plénière de la FABC qui s’est tenu au Vietnam du 8 au 16 décembre dans le diocèse de Xuân Lôc. L’une d’entre elles a pour auteur un évêque coréen et …

… concerne le comportement des troupes de Corée du Sud pendant le conflit qui s’est achevé le 30 avril 1975, appelé « guerre du Vietnam » par les Américains, « guerre antiaméricaine » par les autorités actuelles du pays et considéré, aujourd’hui, comme une guerre civile par beaucoup d’historiens. Un important contingent coréen y a combattu aux côtés des forces armées du Sud-Vietnam et de leurs alliés américains, australiens, philippins.

Le 13 décembre, Mgr Peter Kang U-il, évêque de Cheju en Corée du Sud, lors de son intervention devant l’assemblée plénière, a abordé ce sujet, qui reste toujours brûlant plus de trente-sept ans après la fin du conflit armé. Il a demandé pardon pour les atrocités commises au Vietnam par les forces militaires de Corée du Sud qui y ont été engagées de 1965 à 1973. Selon certaines sources, auxquelles l’évêque se réfère, les militaires coréens, au cours d’opérations effectuées durant les huit années ans de leur présence au Vietnam, seraient responsables de la mort de plus de 41 000 soldats nord-vietnamiens et de 5 000 civils.

Après cette intervention, l’évêque, qui préside la Conférence épiscopale de Corée, a expliqué lors d’une interview, qu’il s’agissait là de son sentiment personnel et qu’il ne s’était pas exprimé au nom des évêques de son pays. Cependant, il espérait que ceux-ci le soutiendraient. Il a aussi souligné les raisons pour lesquelles il ne faisait cette déclaration qu’aujourd’hui, quelque quarante ans après les faits, à l’occasion de son premier voyage au Vietnam. Il y a longtemps, a-t-il expliqué, que les anciens combattants mentionnent ces crimes dans leurs récits, mais cela ne fait que peu de temps que diverses associations ont découvert et mis à la disposition du public coréen des documents révélant l’étendue et la gravité des atrocités commises. Lors de son voyage au Vietnam en 2001, le président sud-coréen Kim Dae-jung avait bien présenté ses excuses pour la douleur que les militaires coréens avaient fait subir à la population pendant la guerre, même si ce n’était pas « intentionnel », mais peu de Coréens aujourd’hui ont véritablement conscience de cette faute nationale. Si l’Eglise ne se prononce pas, personne ne le fera, a conclu l’évêque coréen.

Les Etats ont pour habitude de camoufler ce genre de faits, a ajouté Mgr Peter Kang U-il, et motivent leur silence par des raisons de « sécurité nationale ». Pour illustrer son propos, il a fait référence au massacre de 30 000 Coréens qui a eu lieu, dans les années ayant précédé la guerre de Corée, sur l’île de Cheju dont il est évêque. Selon lui aujourd’hui, 90 % des Coréens sont ignorants des faits qui se sont passés à cette époque, et c’est pourquoi l’Eglise catholique se doit de faire connaître ces vérités.