Eglises d'Asie

L’archevêque de Hanoi réagit vigoureusement face à la reprise des travaux de destruction des bâtiments du Carmel

Publié le 11/01/2013




Commencés au mois de mai 2011 et interrompus un certain temps par les plaintes et les protestations envoyées par l’archevêque de Hanoi au Premier ministre et aux autorités concernées, les travaux de destruction des bâtiments du Carmel de Hanoi ont repris le 3 janvier 2013.L’archevêque de Hanoi, Mgr Pierre Nguyên Van Nhon, dans une nouvelle plainte envoyée aux plus hautes autorités, le soir même de la reprise des travaux, fait remarquer que c’est la cinquième fois…

… qu’il s’adresse au gouvernement depuis le début de l’affaire et qu’aucune réponse n’a été donnée à sa dernière lettre datant du 21 octobre 2012. Il expose à nouveau toute l’affaire et énumère les raisons pour lesquelles l’archidiocèse s’oppose à la destruction des bâtiments du couvent des carmélites.

En particulier, il met en valeur l’intérêt que sainte Thérèse l’Enfant Jésus portait à ce couvent dans lequel elle avait souhaité mener sa vie religieuse. L’essentiel de cette lettre a été repris dans un texte, intitulé « Communiqué n° 3 » adressé, le lendemain, par l’archevêché aux prêtres et aux fidèles.

Le texte, qui a été publié le 4 janvier sur le site Internet de l’archevêché, rappelle que l’affaire a commencé au milieu du mois de mai 2011. A cette époque, on pouvait voir sur certains sites Internet indépendants, des photos d’un bâtiment surmonté d’une croix auquel était accrochée une pancarte d’« avis de travaux ». Celui-ci précisait que le bâtiment était démoli pour laisser la place à la construction d’un pavillon annexe de l’hôpital Xanh Pôn (Saint-Paul), un pavillon de cinq étages, consacré à la médecine interne.

Deux plaintes avaient été immédiatement adressées aux autorités concernées. L’une émanait de la congrégation des religieuses de Saint-Paul de Chartres, les fondatrices de l’hôpital Saint-Paul dans la seconde partie du XIXe siècle. La deuxième était rédigée par l’archevêque de Hanoi. Depuis cette première lettre, intitulée « Plainte urgente », l’archevêque a envoyé, à diverses dates, quatre autres missives. La lettre envoyée le 3 janvier 2013 est donc la cinquième. Le Comité populaire de Hanoi a répondu à la troisième lettre envoyée en octobre 2012. Il se contentait de déclarer que la plainte de l’archidiocèse de Hanoi n’avait aucun fondement.

La présence d’un Carmel à Hanoi remonte à 1895. A la demande de Mgr Gendreau, vicaire apostolique du Tonkin occidental, un petit groupe de religieuses du Carmel de Saigon, fondé trente-quatre ans plus tôt, vint s’installer dans la capitale. Les carmélites occupèrent d’abord un bâtiment situé dans le complexe de la cathédrale, avant de changer de résidence et de s’installer dans un nouveau couvent construit dans les années 1920, auprès de l’hôpital Saint-Paul. En 1954, à l’arrivée des communistes, la communauté quitta la capitale, puis exila en France et, finalement, au Canada.

Ci-dessous, le texte intégral de cette dernière lettre de l’archevêque de Hanoi, Mgr Pierre Nguyên Van Nhon, traduit par la rédaction d’Eglises d’Asie :

Annexe : « Communiqué N° 3 »
Archevêché de Hanoi,
40 rue « Nhà Chung » – Hanoi.
Le 3 janvier 2013.

Objet : Le service de santé de Hanoi continue la destruction des bâtiments du Carmel au 72 rue Nguyên Thai Hoc, Hanoi.

Vendredi, 4 janvier 2013, 20h36 – BBT WTCP HN

Mes chers pères, frères et sœurs, fidèles de l’archidiocèse de Hanoi et d’ailleurs,

A la demande de l’archevêque, Mgr Pierre Nguyên Van Nhon, le bureau de l’archevêché de Hanoi tient à déclarer :

Le 7 octobre 2012, l’archevêché de Hanoi a reçu du Comité populaire de la ville de Hanoi la lettre n° 4404/QD-UBND, datée du 3 octobre 2012, l’informant de la décision suivante :

« La plainte de Monsieur (sic) Nguyên Van Nhon, archevêque de Hanoi, revendiquant le droit de propriété sur le terrain et les bâtiments du 72 rue Nguyên Thai Hop n’a aucun fondement. Ce terrain et ces bâtiments ont été transmis à l’Etat pour qu’il les gère et ont été confiés au service de santé de Hanoi pour en faire l’hôpital pluridisciplinaire Saint-Paul (en vietnamien : Xanh Pôn) » (extrait de la lettre officielle).

Le 29 octobre 2012, l’archevêque, Mgr Pierre Nguyên Van Nhon, a envoyé une quatrième plainte urgente aux autorités concernées. Alors que l’archevêché n’a encore reçu aucune réponse à sa plainte, le service de santé de Hanoi a repris, aujourd’hui 3 janvier 2013, la destruction du couvent (Carmel) et entrepris la construction, à cet endroit, d’un établissement de médecine interne. Aujourd’hui, après avoir essayé de contacter en vain les plus hauts responsables gouvernementaux, l’archevêque a envoyé une cinquième plainte urgente au Premier ministre et aux diverses autorités concernées.

L’archevêché de Hanoi affirme les points suivants :

1.) Le terrain et le Carmel du 72 rue Nguyên Thai Hop sont la propriété légale de l’archevêché de Hanoi (voir le relevé cadastral du 34 Duong Thanh). L’archevêché de Hanoi affirme n’avoir jamais transmis ou « offert » à l’Etat aucun de ses 95 établissements de la ville de Hanoi, utilisés aujourd’hui par l’Etat.

2.) La mission essentielle de l’Eglise catholique est d’aimer et de servir les hommes. L’archidiocèse de Hanoi a toujours apporté son soutien chaleureux et sa contribution aux efforts déployés pour répondre aux besoins de santé de la population de la ville, comme nous l’avons exposé dans les lettres précédentes et dans les rencontres avec les pouvoirs publics. En réalité, l’archidiocèse de Hanoi est propriétaire des 95 établissements utilisés aujourd’hui par l’Etat. Quatre des dix hôpitaux de la ville de Hanoi utilisent des locaux appartenant à l’Eglise. L’hôpital Xanh Pôn (Saint-Paul) (hôpital de la congrégation des religieuses de Saint-Paul de Chartres), l’hôpital de Dông Da (maison religieuse de Thai Ha), l’hôpital Vietnam-Cuba (maison des religieuses de Saint-Paul de Chartres), l’hôpital pour les affections pulmonaires et respiratoires (bâtiment du séminaire de Hanoi).

3.) L’archevêché prend acte du fait que le Comité populaire de la ville de Hanoi a organisé des rencontres pour entendre le point de vue de l’archevêché et a ordonné de modifier le projet de construction.

4.) Cependant, l’archevêché proteste vigoureusement contre la destruction illégale du couvent du Carmel et contre les constructions entreprises à cet endroit. Et ce pour les raisons suivantes :
a. L’Etat dispose de suffisamment de moyens et de terrains pour recycler un établissement hospitalier ou en construire un nouveau. Ce n’est pas le seul endroit à Hanoi où le service de santé peut recycler d’anciens bâtiments en établissement de ce type (…).
b. Pour les catholiques, le Carmel de Hanoi est un lieu sacré et historique : en témoignent indubitablement le couvent ainsi que la chapelle avec sa croix. Il a été fondé à la fin du XIXe siècle et il est l’endroit où sainte Thérèse de l’Enfant Jésus a souhaité venir avec le projet d’y mener une vie monastique comme vie religieuse missionnaire par la prière.
c. Le couvent du Carmel et plus particulièrement son église doivent être utilisés à des fins cultuelles par les fidèles de la paroisse Saint-Dominique. Ces derniers n’ont plus d’église, celle-ci se trouvant sur le terrain du mausolée de Hô Chi Minh.

Cher pères, frères et sœurs, je vous invite à vous unir dans la prière pour que les droits légitimes de l’Eglise soient respectés et que cette affaire du terrain et des bâtiments du couvent soit rapidement réglée dans la vérité, le dialogue, la concorde et le respect mutuel afin que la justice, la démocratie et la civilisation s’épanouissent sur le sol de notre pays.

Le bureau de l’archevêché poursuivra la diffusion de communiqués sur ce sujet.

Pour l’archevêché de Hanoi.

Père Alphonse Pham Hung, chancelier.