Eglises d'Asie

Deux nouveaux cardinaux pour l’Asie

Publié le 25/10/2012




En annonçant à l’issue de l’audience générale du 24 octobre dernier la création prochaine de six nouveaux cardinaux, le pape Benoît XVI a privilégié les pays « du Sud », notamment l’Asie. L’archevêque de Manille, Mgr Luis Antonio Tagle, devient le septième cardinal de l’histoire de l’Eglise des Philippines (1). …

… L’archevêque majeur de Trivandrum en Inde, et également catholicos de l’Eglise syro-malankare, Baselios Mar Cleemis Thottunkal, est, quant à lui, le premier évêque de son Eglise à revêtir la pourpre cardinalice.

Mgr Tagle, 55 ans, et Mar Cleemis, 53 ans, deviennent donc les benjamins du collège des cardinaux (qui compte désormais 211 membres, dont 120 électeurs en cas de conclave). La date du consistoire a été fixée au 24 novembre prochain. Lors du précédent consistoire en janvier dernier, on comptait deux Asiatiques sur 22 nouveaux cardinaux : Mgr John Tong Hon, évêque de Hongkong et Mar Alencherry, archevêque majeur d’Ernakulam-Angalmy, chef de l’Eglise syro-malabare.

Interrogé par Radio Vatican depuis Rome où il participe au Synode pour la nouvelle évangélisation, Mgr Tagle a déclaré avoir été « surpris par cet honneur », auquel il n’était « pas préparé », mais qu’il recevait comme « le signe que l’Eglise des Philippines avait un rôle important à jouer pour la mission dans l’Asie tout entière ». Ancien évêque d’Imus, diocèse de la grande banlieue de Manille, puis archevêque de Manille depuis décembre 2011, Mgr Tagle est présenté dans la presse comme « l’une des personnalités montantes de l’Eglise des Philippines », certains n’hésitant pas en voir en lui un possible « papabile ». En dehors de ces considérations, Mgr Tagle incarne une nouvelle génération d’évêques philippins, celle qui assume aujourd’hui la direction de cette importante Eglise après la disparition de grandes figures comme le cardinal Sin ou le cardinal Vidal.

A l’actuel Synode, où il a été nommé parmi les délégués choisis par le pape, Mgr Tagle a fait forte impression, tout comme Mgr Socrates Villegas, autre évêque philippin, pour leur appel à plus de « simplicité évangélique ». Reprenant un thème qu’il avait déjà développé aux Philippines, notamment en 2010 à l’occasion d’un congrès du clergé philippin, Mgr Tagle a insisté sur la nécessaire humilité que devrait revêtir le sacerdoce ministériel. « Je réalise que les souffrances auxquelles font face les gens et les questions difficiles qu’ils posent sont une invitation à être d’abord solidaire avec eux, pas à leur dire que nous avons la réponse à toutes les questions », a-t-il expliqué sur les ondes de Radio Vatican.

Quant à la place de l’Eglise dans le débat politique aux Philippines ou en Asie, Mgr Tagle explique que la façon dont s’exprime l’Eglise doit faire l’objet d’une attention particulière. « J’ai conscience que dans certaines régions de l’Asie, la pondération voire le quasi-silence avec laquelle l’Eglise s’exprime sont interprétés comme la peur d’affirmer nos convictions mais c’est faux. Il s’agit seulement de rendre l’Eglise plus crédible », a-t-il affirmé.

Concernant le cardinalat de Mar Cleemis, les commentateurs ont mis en avant le fait que Benoît XVI tenait ici à souligner la place et l’importance des rites orientaux au sein de l’Eglise catholique. Outre Mar Cleemis, le Libanais Mgr Béchara Raï, patriarche d’Antioche des maronites, figure lui aussi au nombre des six nouveaux cardinaux. Le fait de figurer au sein du collège cardinalice est en revanche une grande première pour l’Eglise syro-malankare. « C’est un moment historique pour notre Eglise et un grand honneur ! », s’est exclamé Thomas Mar Coorilos, archevêque de Thiruvalla, au Kerala, en Inde. « Nous rendons grâce à Dieu pour ce merveilleux cadeau ».

Issue d’un groupe de « jacobites » (chrétiens de St Thomas séparés de Rome depuis le XVIIème siècle) qui a rejoint l’Eglise catholique en 1930, l’Eglise syro-malankare est l’une des trois branches de l’Eglise catholique en Inde (rites latin, syro-malabar et syro-malankar). Forte d’un peu plus de 400 000 fidèles répartis en sept diocèses (dont un aux Etats-Unis), élevée au rang d’Eglise archiépiscopale majeure en 2005, l’Eglise syro-malankare célèbre le culte selon le rite syrien occidental et antiochien : la langue en est le syriaque mais les célébrations dominicales se font en malayalam, la langue du Kerala. Elle témoigne aujourd’hui d’un dynamisme certain avec près de 600 prêtres, autant de séminaristes et 2 000 religieuses.

Né le 15 juin 1959 au Kerala, ordonné en 1986, diplômé de l’Université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin (Angelicum) de Rome, prêtre de paroisse durant plusieurs années, Mar Cleemis avait été nommé en 2001 évêque auxiliaire de Trivandrum et visiteur apostolique pour l’Amérique du Nord, avant de devenir en 2003 évêque de Tiruvalla. En 2007, il avait été lors du synode épiscopal de l’Eglise catholique syro-malankare, élu à l’unanimité archevêque majeur de cette Eglise dont Benoît XVI avait rappelé « l’héritage précieux ».

Au Kerala, aussi bien les membres de l’Eglise que le gouvernement local, ont déclaré avoir lancé tous les préparatifs pour célébrer comme il se doit le nouveau cardinal, qui devrait quitter Rome le 31 octobre. La cérémonie d’accueil promet d’être « fastueuse », a déclaré un responsable syro-malankar.