Eglises d'Asie

Les autorités dénoncent les « conceptions erronées » de certaines contributions au projet constitutionnel

Publié le 07/03/2013




Jusqu’à ces derniers jours, aucune déclaration officielle n’avait permis de connaître les réactions des responsables du Parti et de l’Etat vietnamiens à la contribution des évêques au projet d’amendement de la Constitution de 1992, pas plus d’ailleurs qu’à la ‘requête des 72’, diffusée et proposée à la signature auparavant. Mais des propos de hauts dirigeants rapportés par la presse dans la journée du 6 mars, …

… ainsi qu’une lettre officielle écrite le même jour, ont laissé transparaître une certaine irritation à l’égard de ces contributions au contenu jugé « erroné ». Leurs auteurs ont été sévèrement mis en garde, même s’ils n’ont pas été nommés précisément.

Le signe le plus clair de cet état d’esprit peut être relevé dans le texte de la lettre officielle (Công thư khẩn số 250/UBDTSĐHP) signée de Nguyên Sinh Hung, président de l’Assemblée nationale, le 6 mars dernier (1). Il s’agit de directives données aux cadres chargés de l’organisation de la consultation populaire. La lettre informe d’abord de la prolongation du temps accordé aux citoyens des différentes régions pour remettre leurs propositions au bureau de l’Assemblée nationale. La date limite, qui était fixée au 31 mars, est reportée au 30 septembre. Puis, après un certain nombre d’instructions destinées aux cadres pour mener à bien la consultation, le président de l’Assemblée nationale adresse une sérieuse mise en garde concernant les contributions au « contenu erroné » : « Il faut, alors qu’il en est encore temps, lutter contre l’utilisation par certains des contributions au projet d’amendement de la Constitution pour propager des conceptions erronées, pour diviser le bloc uni du peuple tout entier, pour s’opposer au Parti, à l’Etat et à notre régime. »

Ce même jour, le journal officiel de l’armée populaire, Quân Dôi Nhân Dân, dans un éditorial extrêmement violent, intitulé « Contribution ou opposition ? », reprend le passage précédent et le développe ainsi : « Si le problème se pose, c’est parce qu’aujourd’hui, un certain nombre d’éléments opportunistes, poussés par des forces réactionnaires hostiles, sont en train de profiter de notre importante initiative [la consultation populaire], pour s’opposer au Parti, à l’Etat et au peuple. » L’organe de l’armée populaire s’efforce ensuite de discréditer, sans les nommer, des contributions comme celle des évêques ou comme la requête du groupe des 72. Il relève ainsi les différentes « conceptions erronées » comme la suppression du monopole politique et social du Parti communiste, la dépolitisation de l’armée, etc. L’article fustige également la prétention du groupe des 72 qui a osé rédiger un projet de nouvelle Constitution, s’opposant à celui présenté par l’Assemblée nationale (2).

A la même date, le Vice-Premier ministre, Nguyên Xuân Phuc, s’exprimait sur ce sujet dans une réunion visant à dresser un bilan de la consultation populaire en cours. Il déclarait que les propositions dont le contenu n’était pas conforme à la ligne politique du Parti devaient être rejetées (3).

Ce n’est pas la première fois que les responsables politiques marquent ainsi les limites que ne doivent pas dépasser les contributions à la refonte de la Constitution. Déjà le secrétaire général du Parti communiste, Nguyên Phu Trong, au mois de février dernier, avait déclaré que, dans l’état de faiblesse actuel du Parti, l’adoption de pareilles réformes marquerait le début du déclin du pays.