Eglises d'Asie – Philippines
Les évêques catholiques réaffirment que leur « position est non négociable » au sujet de loi sur la santé reproductive
Publié le 07/09/2011
… est combattue par l’Eglise depuis des années, les évêques lui reprochant de mettre en place un financement public obligatoire de tous les moyens de contraception, l’introduction de l’éducation sexuelle dans les écoles, et surtout l’autorisation de l’avortement, pour le moment toujours interdit par la Constitution des Philippines.
L’opposition des catholiques (fortement majoritaires dans l’archipel) ne s’est pas relâchée de tout l’été, les manifestations succédant aux campagnes de sensibilisation et aux sessions de travail des évêques avec les parlementaires favorables à la loi, à défaut de débattre avec le gouvernement du président Benigno Aquino, qui, selon la Conférence des évêques catholiques de Philippines (CBCP), a depuis mai dernier « claqué la porte à toute possibilité de dialogue (…) en refusant de céder sur des points incompatibles avec la doctrine de l’Eglise » (1).
Dimanche 4 septembre, à la veille de la reprise des délibérations du Parlement philippin, Mgr Jose Palma, archevêque de Cebu, a réaffirmé que la prise de position de l’Eglise contre la RH Bill restait « non négociable ». L’archevêque s’exprimait à l’occasion du rassemblement marial de Cebu qui a traditionnellement lieu le dimanche précédant la Nativité de la Vierge Marie, célébrée le 8 septembre. « Nous réjouissons Marie notre Mère lorsque nous soutenons la vie et suivons les valeurs de notre Seigneur et non pas celles du monde », a encore déclaré Mgr Palma.
Ce nouvel appel à la mobilisation des catholiques est intervenu alors qu’une information selon laquelle les Nations Unies devaient interrompre leur soutien financier aux programmes de contrôle des naissances dans le pays, venait tout juste d’être démentie. La nouvelle s’était répandue à la suite d’une déclaration de Janette L. Garin, vice-présidente du Comité sur la santé au Parlement et l’un des défenseurs les plus virulents de la RH Bill. Le 31 août en effet, la parlementaire avait affirmé avoir appris que l’agence onusienne renonçait au versement du million de dollars prévu en 2012 pour « la santé reproductive » aux Philippines, en raison d’un manque de financement des Etats membres.
Cette information, abondamment relayée par les médias et les Eglises, avait dans un premier temps réjoui les opposants au projet de loi, les subventions du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) étant la source principale de financement du programme de « santé reproductive » du gouvernement Aquino. Plusieurs évêques s’étaient félicités publiquement de « cette bonne nouvelle », dont Mgr Ramon Arguelles, archevêque de Lipa et vice-président de la Commission pour la vie et la famille de la CBCP.
Plus méfiant, l’ancien archevêque de Cebu, le cardinal Ricardo Vidal, avait déclaré quant à lui que l’information donnée par Janette Garin « pouvait n’être seulement que de la propagande afin de forcer le passage de la RH Bill au Congrès ». Ayant notamment participé à des entretiens récents avec les parlementaires au sujet de la loi sur la santé reproductive, il avait eu de plusieurs d’entre eux la confirmation que « le versement des fonds de l’ONU était considéré comme acquis par les députés ». Il avait appelé les catholiques à rester vigilants dans leur lutte contre le projet de loi. « Nous devons être prudents et continuer notre combat jusqu’à ce que [la loi] soit abandonnée, et pas seulement pour une raison de manque de fonds », a-t-il déclaré sur les sondes de Radio Veritas, le 2 septembre dernier.
En effet, le jour même, soit deux jours après la déclaration de la parlementaire, l’UNFPA démentait l’annonce de son retrait et réaffirmait son soutien au gouvernement philippin « dans son effort pour atteindre ses objectifs fixés pour 2015 », dont la réduction de la mortalité maternelle et l’accès pour tous à la santé reproductive. Janette Garin de son côté précisait que les subventions destinées au planning familial et à la santé reproductive étaient censées, non pas contrôler la croissance de la population, mais aider le pays à réduire la mortalité maternelle et à améliorer la santé de la mère et de l’enfant.
En réponse à cette dernière volte-face du gouvernement, dimanche 4 septembre dernier, le secrétaire exécutif de la Commission pour la vie et la famille de la CBCP, le P. Melvin Castro, a fait remarquer que la principale raison présentée par le gouvernement pour expliquer l’utilité de la RH Bill – c’est-à-dire une surmortalité maternelle – n’avait plus de raison d’être, au regard d’une récente étude publiée aux Etats-Unis. Selon ce rapport effectué par des chercheurs américains ayant travaillé sur 181 pays, le taux de mortalité maternelle aux Philippines a chuté de 81 % de 1980 à 2008. Contrairement à ce qu’affirment ses partisans, la loi sur la « santé reproductive » n’a pas pour objectif principal de réduire la mortalité maternelle, puisque qu’aujourd’hui cette mesure n’est plus nécessaire, a conclu le P. Castro (2).