Eglises d'Asie

L’évêque de Haiphong vient au secours d’un catholique spolié de son exploitation

Publié le 17/01/2012




Au début du mois de janvier 2012, l’opinion publique vietnamienne s’est passionnée pour une affaire survenue dans la province de Haiphong entre l’exploitant d’un terrain consacré à l’élevage des poissons et crustacés, et les forces de l’ordre venues récupérer par la force le terrain en question. Des coups de feu ont été tirés. Les commentaires ont été nombreux aussi bien dans la presse officielle que dans les blogs et sites indépendants.

L’affaire a commencé le 5 janvier, dans le district de Tiên Lang, une région côtière habitée par une population catholique. L’évêque de Haiphong lui-même à mené son enquête sur les faits. Il en a rendu compte dans une lettre rendue publique où il insiste sur la renommée et les mérites du principal protagoniste de l’affaire, Pierre Doan Van Vuon.

Le 5 janvier dernier, une centaine de policiers et de militaires sont venus exécuter l’ordre de confiscation d’un terrain côtier exploité avec succès par Pierre Doan Van Vuon, un ingénieur agricole dont la réussite et les mérites avaient été salués aussi bien par la presse que par les instances officielles. Assisté de membres de sa famille et d’amis, il a tenté de résister à l’expropriation, avec des armes de fabrication artisanale. L’affrontement a été rude ; six policiers et militaires ont été blessés. Pierre Vuon et cinq de ses compagnons ont été appréhendés et aussitôt conduits en prison.

Dès qu’il fut mis au courant de l’incident, l’évêque de Haiphong a envoyé son vicaire général enquêter sur les lieux, dans la paroisse de Suy Neo. Le 14 janvier, il envoyait à la paroisse une lettre dans laquelle il faisait part des résultats de l’enquête et surtout exprimait son opinion personnelle au sujet de Pierre Doan Van Vuon. Dès le début de la lettre, il décrivait celui-ci comme un homme ayant toujours bénéficié d’une excellente réputation et participant avec zèle aux activités paroissiales. L’évêque poursuivait : « Avec tous les hommes de bonne volonté, je souhaite que les autorités règlent cette affaire en tenant compte des intérêts légitimes et de l’honneur de Pierre Doan Van Vuon. » Pour terminer, il déclare être en union de prière avec la famille de celui-ci.

Pendant une longue période, la collaboration entre ce catholique entreprenant et les autorités locales avait été considérée comme exemplaire. En 1993, dans le cadre d’une politique consistant à étendre la zone d’élevage des poissons et crustacés dans les plaines alluviales du bord de mer, le Comité populaire du district avait confié à Pierre Vuon et à sa famille 24 ha de terrain, charge à eux de trouver les investissements et d’y créer les équipements nécessaires. Grâce à la compétence et aux efforts de l’exploitant, l’entreprise ne tarda pas à devenir prospère. A tel point qu’en 1997, le Comité populaire du district lui confia 10,9 ha supplémentaires à exploiter. La réussite se poursuivit pendant une douzaine d’années jusqu’au 7 avril 2009, date à laquelle un décret du président du Comité populaire du district annonçait la récupération par les autorités de l’ensemble de la propriété. L’exploitant spolié rédigea alors une plainte qu’il envoya au Tribunal populaire de la ville, lequel proposa des négociations entre les deux parties. Le Comité populaire refusa toute concession. Le 24 novembre 2011, il faisait savoir à M. Vuon qu’il devait rendre ses terres aux autorités sous quinze jours, sous peine de se les voir confisquées par la force. Malgré les plaintes et les appels au secours de l’exploitant sur le point de perdre le fruit de dix-huit années d’efforts, les autorités mirent à exécution leurs menaces et envoyèrent les forces de l’ordre sur les lieux avec pour consigne de confisquer immédiatement le terrain et ses équipements.