Eglises d'Asie

Haiphong : les pouvoirs publics semblent peu pressés de sanctionner les responsables de la récupération illégale des terrains exploités par M. Vuon

Publié le 06/04/2012




L’opération montée, le 5 janvier dernier, par la police de Tiên Lang (Hai Phong) contre un catholique, exploitant d’un élevage de poissons et crustacés, avait dépouillé celui-ci de ses terres et détruit sa résidence privée. L’action policière s’était non seulement heurtée à la résistance armée de l’exploitant et de ses collaborateurs mais avait aussi suscité une grande réprobation dans tout le pays.  …

 … Cette indignation s’était ensuite plus ou moins tempérée et avait fait place à un certain espoir au mois de février suivant, après l’intervention personnelle du Premier ministre. L’enquête diligentée par lui, les sanctions prises immédiatement contre les responsables du district de Tiên Lang, les conclusions de l’enquête rapidement rendues publiques le 10 février, la reconnaissance officielle de l’illégalité de l’opération menée par les autorités de Tiên Lang avaient laissé penser que serait rapidement trouvée une solution conforme aux exigences de justice qui s’étaient exprimées avec vigueur au moment des faits. Cependant, les semaines passant, le rythme du règlement de cette affaire s’est considérablement ralenti et l’optimisme n’est plus de mise. En effet, il a fallu attendre plusieurs semaines après les conclusions du Premier ministre pour prendre connaissance d’un communiqué du Comité populaire de Hai Phong sur l’affaire. Celui-ci a causé beaucoup de déception. Par ailleurs, les hautes instances du Parti communiste ont critiqué l’esprit partisan et trop critique avec lequel la presse officielle avait traité cette affaire.

Peu de temps après les faits, devant l’indignation soulevée, le Premier ministre avait ordonné une vaste enquête à laquelle plusieurs ministères avaient été associés. Les conclusions de celle-ci, rendues publiques le 10 février 2012, affirmaient notamment que cette récupération forcée était illégale. Elle demandait aussi le rapport d’autocritique des instances provinciales de Hai Phong. Ce n’est que de nombreuses semaines plus tard, le 3 avril dernier, que le Comité populaire de Hai Phong a fait paraître un communiqué (1) concernant ce rapport. Certes, celui-ci reconnaît l’illégalité de l’opération de récupération en question. Cependant, cette reconnaissance est accompagnée de l’énumération des infractions commises par l’exploitant exproprié, M. Vuon, dans l’utilisation des terrains qui lui avaient été confiés pour son élevage de poissons et crustacés. Il lui est reproché de s’être accaparé plusieurs hectares de terrain qui ne lui avaient pas été alloués, d’avoir détruit un bois, d’avoir sous-loué la terre, d’avoir négligé de payer des impôts, etc. En revanche, le communiqué garde un quasi silence sur des éléments importants de l’affaire, en particulier sur l’action judiciaire qui devrait être menée contre les responsables de la destruction de la maison de l’exploitant ainsi que sur le maintien ou l’abandon de l’inculpation pour tentative d’homicide concernant M. Vuon et ses collaborateurs.

Par ailleurs, les instances officielles du Parti ont fait connaître publiquement leur mécontentement face à l’attitude critique adoptée par la presse officielle. Le 30 mars, le secrétaire d’Etat à l’Information et à la Propagande, De Do Quy Doan, s’adressant à un congrès de la presse nationale, réuni à Quang Ninh, a déclaré que la presse officielle avait manqué d’objectivité et d’impartialité dans des articles publiés sur la récupération forcée des terrains de M. Vuon. Il a révélé que, par quatre fois, son ministère ainsi que le Comité pour l’Education et la Propagande (chargé d’orienter la presse officielle) avait envoyé des rappels à l’ordre à certains journaux qui n’en ont pas tenu compte. Il a reproché aux journaux d’avoir majoré les erreurs commises par les autorités, alors qu’ils minimisaient les fautes commises par l’exploitant catholique et ses collaborateurs. D’autres reproches portent aussi sur la mise en cause, par certains journaux, à cette occasion, du dogme de la propriété collective des terres (2).

Autre signe négatif, la section locale de la fédération des responsables d’élevages de poissons et crustacés, qui, depuis le début de l’affaire, soutient M. Vuon et ses collaborateurs, avait demandé à la Sécurité publique de se porter garante pour eux. Cette demande vient de lui être refusée, le 3 avril dernier.