Eglises d'Asie – Inde
Suite à une décision de justice, le Vendredi Saint et le dimanche de Pâques seront chômés pour les chrétiens de l’administration fiscale
Publié le 27/03/2013
… des déclarations de revenus portant sur l’année 2012, tombe cette année un dimanche, jour habituellement chômé en Inde, qui se trouve être le dimanche de Pâques.
A la mi-mars, le gouvernement fédéral avait annoncé que les bureaux de l’administration fiscale resteraient cette année ouverts le samedi après-midi 30 mars et le dimanche 31 mars afin de laisser le maximum de temps aux Indiens pour déposer leurs déclarations fiscales dans les délais légaux. Les évêques catholiques avaient alors rappelé que Pâques est « la plus importante célébration religieuse des chrétiens » et que si le fisc « avait ses raisons pour faire du dimanche pascal une journée ouvrée, la communauté chrétienne en Inde avait encore plus de raisons pour demander au gouvernement de repousser la date limite du dépôt des déclarations fiscales » et permettre aux chrétiens de remplir leurs obligations religieuses.
Mgr Albert D’Souza, secrétaire général de la CBCI (Catholic Bishops’ Conference of India), avait déclaré que l’épiscopat espérait que le gouvernement fédéral « ferait le maximum pour éviter de heurter les sentiments religieux de la communauté [chrétienne] en Inde ». Il avait ajouté que, par le passé, le gouvernement fédéral avait su déplacer la date de concours de recrutement pour la fonction publique lorsque celle-ci coïncidait avec le Vendredi Saint ou le dimanche de Pâques.
De son côté, le Conseil pan-chrétien indien (All India Christian Council), par la voix de son secrétaire général John Dayal, avait déposé un recours devant la Haute Cour de Delhi pour « que tous les chrétiens soient autorisés à observer leurs obligations religieuses lors du Vendredi Saint et du dimanche de Pâques, qui sont deux jours très importants pour eux ». L’avocat de l’organisation chrétienne avait fait valoir devant le juge que l’obligation faite aux employés chrétiens de l’administration fiscale de travailler durant ces deux journées constituait une violation de leurs droits fondamentaux tels que ceux-ci sont inscrits dans la Constitution de l’Union indienne.
Dans la décision rendue ce 27 mars, le juge Pradeep Nandrajog note que si la communauté chrétienne ne représente pas plus de 2,3 % de la population du pays, ce faible pourcentage ne doit pas empêcher de garder un équilibre entre les obligations nées de l’observance religieuse et les impératifs gouvernementaux visant à maximiser les rentrées fiscales. Il en a conclu que les salariés chrétiens de l’administration fiscale pouvaient ce vendredi 29 mars et ce dimanche 31 mars ne pas se présenter à leur travail quand bien même les bureaux de l’administration fiscale resteraient, eux, ouverts ainsi que l’a demandé le gouvernement central. Ces deux journées devront être considérées comme des jours fériés « restreints », c’est-à-dire chômés pour une catégorie seulement de personnes, les chrétiens en l’occurrence.
Par ailleurs, il est à noter que, dans l’Etat de Jammu-et-Cachemire, seul Etat à majorité musulmane de l’Union indienne, la très petite communauté chrétienne vit une situation de discrimination particulière, le Vendredi Saint n’y étant pas chômé, même au titre des jours « restreints », à la différence d’autres fêtes musulmanes, hindoues et bouddhistes.