Eglises d'Asie

Hai Phong : la foule est tenue à distance du tribunal où Doan Van Vuon et ses frères sont jugés pour homicide

Publié le 03/04/2013




Le 2 avril 2013, au Tribunal populaire de Hai Phong, s’est ouvert le procès de ce que la presse vietnamienne appelle désormais « l’affaire des coups de feu » ou encore « l’affaire de Tiên Lang ». Tiên Lang est le nom du district dans lequel s’est déroulée, en janvier 2012, une opération d’expropriation forcée, commandée par les autorités régionales et exécutée…

… par une centaine d’agents armés. Elle était dirigée contre un établissement d’élevage de crustacés appartenant à M. Doan Van Vuon et ses proches, qui ont défendu leurs biens, les armes à la main (des fusils de chasse de fabrication artisanale).

Les quatre accusés sont jugés pour « homicide » bien qu’à l’issue de la confrontation, on ne déplorait que des blessures légères. Contrairement à la plupart des autres procès qui ne durent que quelques heures, celui-ci est prévu pour durer plusieurs jours et ne s’achèvera que le 5 avril. Il sera suivi par le procès des épouses de deux des accusés, jugées pour s’être opposées à des agents gouvernementaux dans l’exercice de leurs fonctions.

La première journée de procès s’est achevée à 16h58. Dès le petit matin, les agents de la Sécurité avaient entièrement cerné le quartier du tribunal et empêchaient quiconque d’y pénétrer. Même les avocats assurant la défense des accusés ont été obligés de faire un demi-kilomètre à pied et ont dû passer plusieurs contrôles avant d’être admis dans la salle d’audience. Le cordon policier près du tribunal était précédé d’autres barrages aux portes de la ville refoulant systématiquement les voitures venant de la région de Tiên Lang. La foule cependant nombreuse a été tenue à distance respectable du lieu du jugement. Trois personnes ont été interpellées dans la matinée.

Seuls les représentants des organes de la presse officielle et quelques envoyés de la presse internationale ont pu suivre le procès dans une pièce spéciale où les débats étaient retransmis en direct sur un grand écran de télévision.

Dans la salle d’audience, Doan Van Vuon et ses coaccusés, membres de sa famille, étaient entourés d’un grand nombre d’agents de la Sécurité. Un certain nombre de parents des accusés étaient aussi présents. Certains d’entre eux, dès avant le procès, avaient déjà annoncé aux médias que les accusés feraient appel de la sentence qui serait prononcée, laissant entendre qu’ils n’espéraient rien d’un procès contrôlé par les autorités régionales, celles-là mêmes qui les avaient spoliés de leur terre et détruit leur maison.

L’audience a été suspendue 11h30 pour reprendre à 14h. Durant la pause, Mme Pham Thi Hiên, épouse du second accusé, Doan Van Qui, a résumé le déroulement du procès pour les reporters de Radio Free Asia. Après les premières formalités, Doan Van Vuon a été interrogé. Il est resté très calme et a justifié son comportement dans l’affaire avec beaucoup de clarté, ce qui a réjoui les membres de sa famille présents dans la salle d’audience. L’épouse du principal accusé, elle aussi présente au tribunal, n’a pas pu être jointe (1).