Eglises d'Asie

Synode pour la nouvelle évangélisation : l’Eglise doit éviter l’arrogance, l’hypocrisie et la bigoterie, assure un évêque philippin

Publié le 11/10/2012




Pour être capable d’évangéliser de façon crédible, la hiérarchie de l’Eglise doit « éviter l’arrogance, l’hypocrisie et la bigoterie ». Telle est l’opinion défendue le 9 octobre dernier par Mgr Socrates B. Villegas, archevêque de Lingayen-Dagupan aux Philippines, lors du Synode pour la nouvelle évangélisation qui se déroule actuellement au Vatican, rapporte l’agence I-Media.

Agé de 52 ans, archevêque depuis 2009 de Lingayen-Dagupan, un diocèse situé sur la côte ouest de Luzon, Mgr Villegas a commencé sa brève intervention devant la troisième congrégation générale du synode par une question qui a pris la forme d’une interpellation : « Pourquoi y a-t-il un puissant mouvement de sécularisation, une vague d’antipathie ou de froide indifférence envers l’Eglise dans certaines parties du monde au point de nécessiter un renouveau des programmes d’évangélisation ? »

La réponse de celui qui fut le secrétaire personnel du cardinal Sin (1928-2005) et qui a été ordonné à l’épiscopat à l’âge de 40 ans (comme évêque auxiliaire de Manille) tient en une phrase : « La nouvelle évangélisation appelle à une nouvelle humilité. » Pour celui qui est évêque au sein d’une Eglise qui exerce une influence certaine sur l’ensemble de la vie d’un pays dont 85 % des habitants se réclament du catholicisme, « l’Evangile ne peut pas s’épanouir au milieu de l’orgueil ». « Quand l’orgueil s’infiltre jusqu’au cœur de l’Eglise, la proclamation de l’Evangile s’en ressent », a-t-il affirmé, ajoutant que la nouvelle évangélisation doit commencer en ayant à cœur « un sens profond de respect et de révérence envers l’humanité et sa culture ».

Or, a continué l’évêque, dont l’intervention a marqué l’assemblée synodale, « l’évangélisation a été blessée et continue d’être entravée par l’arrogance de ses messagers ». « La hiérarchie doit fuir l’arrogance, l’hypocrisie et la bigoterie. Nous devons punir ceux qui s’égarent parmi nous plutôt que couvrir leurs erreurs car (…) notre mission est de proposer humblement, et non pas d’imposer avec orgueil », a affirmé le prélat.

Pour celui qui préside la Commission pour la catéchèse et l’éducation catholique de la Conférence des évêques catholiques des Philippines, la mission de la nouvelle évangélisation ne diffère pas selon les latitudes. « Que nous venions de pays du premier monde ou du tiers-monde, tous nous cherchons des modèles qui nous inspirent et nous stimulent », a-t-il expliqué. La nouvelle évangélisation sera donc l’œuvre « de nouveaux saints », « des héros vivants » capables d’inspirer les jeunes, « d’enflammer leur cœur » pour leur faire connaître l’amour que Jésus a pour eux. « Notre expérience du tiers-monde me montre que l’Evangile peut être annoncé à des estomacs vides, mais à l’unique condition que l’estomac du prédicateur soit aussi vide que celui de ses paroissiens », a insisté Mgr Villegas.

Enfin, pour que cette nouvelle évangélisation soit « crédible », elle doit aller de pair avec « la charité ». Ceux qui apportent la joie de l’Evangile seront entendus si la proclamation dont ils témoignent vient avec « son messager jumeau », à savoir « la charité ». Afin de porter du fruit, la nouvelle évangélisation appelle à une nouvelle humilité, faite de renouveau dans la sainteté et d’un visage renouvelé dans la charité, a-t-il conclu.