Eglises d'Asie

Des responsables de différentes religions signent un manifeste très critique au sujet de la Constitution

Publié le 02/05/2013




Dans le cadre des débats actuellement engagés à propos de la Constitution vietnamienne, sept personnalités appartenant à cinq religions différentes ont signé, hier 1er mai 2013, un manifeste critiquant vivement le rôle joué aujourd’hui dans le pays par le Parti communiste vietnamien et appelant à rénover totalement le texte constitutionnel.

Parmi les signataires de la lettre, se trouvent un religieux du bouddhisme unifié, un dirigeant du bouddhisme hoa hao originel, un représentant du caodaïsme orthodoxe, deux pasteurs de l’Eglise luthérienne et deux prêtres rédemptoristes. Les signataires du manifeste se sont accordés sur les principes essentiels qui devraient guider la rédaction d’une nouvelle Constitution.

En premier lieu, la nouvelle loi fondamentale devra s’appuyer sur les opinions et les souhaits de l’ensemble de la population et, par conséquent, faire l’objet d’un référendum placé sous le contrôle des Nations Unies. Par ailleurs, il est nécessaire qu’elle affirme l’indépendance du pays à l’égard des ingérences étrangères et tout particulièrement celles de la Chine.

Il lui faudra aussi condamner les violations des libertés fondamentales de la population vietnamienne, dont la liberté religieuse, la liberté d’expression et d’association.

L’ensemble des partis politiques du pays devront bénéficier du droit de présenter des candidats aux élections législatives. C’est le peuple qui les désignera et les élira sous le contrôle des Nations Unies. Les procédures électorales seront celles en usage dans les démocraties libérales.

La future Constitution soulignera aussi l’indépendance et la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Enfin, les idéaux de ce nouveau régime émanant du peuple et à son service suivront les principes de la devise proposée par les signataires : « Paix, autonomie, liberté, démocratie ».

Si le pays a ainsi besoin d’une nouvelle Constitution, affirment les personnalités religieuses à l’origine de ce texte, c’est parce que l’ancienne est devenue obsolète. Elle est marquée par l’arbitraire du pouvoir dictatorial du Parti communiste vietnamien, seul habilité à diriger le pays, un parti qui n’est en rien au service du peuple mais seulement appliqué à satisfaire ses propres intérêts.

Ce parti « athée et antireligieux » bouleverse la société vietnamienne dans de nombreux domaines. Le manifeste reproche spécialement au gouvernement d’avoir fondé des « Eglises nationalisées » qu’il contrôle et dirige à son gré. Il en modifie l’organisation et les règles de fonctionnement ; il s’empare de leurs terrains et de leurs propriétés.

Selon la déclaration des responsables religieux, si l’on veut répondre aux attentes légitimes de la population, il ne suffit pas d’amender le texte de la Constitution, mais il faut effectuer une véritable refonte de celle-ci et rédiger un texte entièrement nouveau, dans sa forme comme dans son contenu.

Cette proposition issue de la rencontre de membres du clergé de diverses religions est l’une des très nombreuses contributions qui ont été émises dans le cadre de la consultation populaire ouverte en décembre 2012. Celle-ci demandait à tous citoyens du pays de porter un jugement sur un projet d’amendement de la Constitution de 1992 diffusé par le bureau de l’Assemblée nationale.

Dans l’esprit des promoteurs de cette consultation, les contributions devaient s’en tenir à des corrections ou des améliorations du texte du projet déjà tout préparé. Assez rapidement toutefois, les contributions dépassaient le cadre limité qui leur avait été fixé. Dès le début 2013, un projet de Constitution entièrement nouvelle, appelé « Contribution du groupe des 92 », était ainsi proposé à la signature de la population.

Au début du mois de mars 2013, c’était au tour de la Conférence des évêques catholiques du Vietnam de proposer une contribution, mettant en cause des points fondamentaux du système politique actuel, en particulier le rôle dirigeant du Parti communiste dans la vie politique et sociale du pays.

Ce développement inattendu de la campagne et le succès indéniable remporté par ces contributions indépendantes au sein de la population ont obligé le pouvoir à renforcer sa propre campagne pour le projet officiel et à la prolonger jusqu’au mois de septembre afin d’effacer l’impact de ces diverses initiatives non gouvernementales.