Eglises d'Asie

‘ Labor Day’ : l’Eglise manifeste son soutien aux ex-employés de Ssangyong

Publié le 02/05/2013




A l’occasion de la Journée internationale du travail célébrée ce mercredi 1er mai, l’Eglise catholique de Corée a tenu à manifester son engagement dans la lutte pour « une meilleure reconnaissance et le respect » des droits des travailleurs. Mgr Ri a notamment pris la tête d’une marche suivie d’une messe à la mémoire des victimes du conflit social au sein de la firme automobile Ssangyong Motors.

En prélude au Labor Day, Mgr Matthias Ri Iong-hoon (Lee Yong-hun ), évêque de Suwon et président de la Commission épiscopale pour les Affaires sociales, a lancé mardi 30 avril un appel à toute la société coréenne, la pressant de mieux respecter les droits des travailleurs et de reconnaître leur contribution à la croissance économique du pays, qui est « aujourd’hui le fruit de leur sueur et de leur sacrifice ».

L’évêque de Suwon a pris part à une grande marche commémorative partant de la porte Daehanmun, principale porte du Deoksugung Palace à Séoul, « un lieu qui a joué un grand rôle dans le message que les travailleurs de Ssangyong Motors ont envoyé à la société coréenne » (1), comme il l’a expliqué ce mardi 30 avril à l’agence Ucanews. Ce défilé symbolique avait pour but de rappeler la mémoire des ex-employés de l’entreprise et de leur entourage qui se sont suicidés ou sont décédés des suites du conflit social, et dont le nombre s’élève aujourd’hui officiellement à 24 personnes.

La journée s’est achevée par une procession au Franciscan Education Center où l’évêque a présidé une messe concélébrée par 400 prêtres, devant une foule de plusieurs milliers de fidèles.

‘ L’affaire Ssangyong’ a débuté en avril 2009, lorsqu’à la suite de graves difficultés financières, le constructeur automobile avait supprimé brutalement 2 645 emplois, soit 37 % des effectifs, mesure à laquelle les syndicats s’étaient immédiatement opposés, réclamant un partage du travail et une injection de fonds publics. Les employés avaient alors entamé une grève de 77 jours à l’issue de laquelle ils s’étaient retranchés dans l’usine. Assiégés par les forces de l’ordre, les manifestants s’étaient rendus après de violents affrontements qui avaient causé la mort de six grévistes et fait des centaines de blessés.

Les licenciements massifs avaient ensuite entraîné le suicide de plusieurs ex-employés et membres de leur famille, inquiétant l’opinion sud-coréenne qui avait vu dans le drame de Ssangyong le symbole de la course au profit et à la productivité des grands groupes.

Aujourd’hui, la compagnie, qui a été rachetée par le groupe indien Mahindra, semble se redresser financièrement mais n’a réembauché que 455 personnes – malgré ses promesses de réinsérer tous les employés forcés au ‘départ volontaire’, à la retraite anticipée ou à une prise de congés sans solde d’un an – et refuse de reprendre les quelque 150 ouvriers qui ont été impliqués dans le bras de fer de 2009.

L’Eglise catholique de Corée, qui s’est particulièrement investie depuis le début aux côtés des employés de la firme automobile, ne cesse de réclamer depuis « que se mette en place de façon urgente un dialogue entre les responsables de la firme et les ex-employés afin que soit trouvée rapidement une solution à la crise ».

Egalement président du Comité Justice et Paix de la Conférence des évêques catholiques de Corée (CBCK), Mgr Ri a réitéré, à l’occasion de la marche commémorative du 30 avril, le soutien de l’Eglise, qui « sera toujours solidaire des employés de Ssangyong » et « apportera son aide autant que possible ».

Le 25 mars dernier, l’évêque avait attiré l’attention de la presse sud-coréenne en escaladant un pylône électrique à haute tension afin de parlementer avec deux ex-ouvriers de la firme, installés à son sommet depuis 126 jours en sit-in de protestation.

Comme il l’avait fait ce jour-là à l’issue de la messe célébrée en plein air au pied du pylône, l’évêque de Suwon a rappelé peu après la célébration eucharistique clôturant la marche du 30 avril que le règlement du conflit social de Ssangyong faisait partie des promesses de campagne de la présidente Park Geun-hye, élue en décembre dernier.

Quelques semaines plus tôt, le 19 février, le Comité Justice et Paix que dirige Mgr Ri avait publié une déclaration à l’adresse du nouveau chef de l’Etat, soulignant l’urgence de mettre un terme à la situation, de nouveaux suicides ayant eu lieu au sein des ex-employés de la firme en décembre dernier.