Eglises d'Asie

Une nouvelle ordination sacerdotale vient renforcer l’Eglise renaissante du Laos

Publié le 25/03/2010




Pour la petite communauté des catholiques du Laos, qui manque cruellement de prêtres, l’ordination du P. Matthieu Somdet Kaluan, le 10 janvier dernier, dans le vicariat apostolique de Savannakhet (1), a revêtu une importance particulière. Plus de 2 000 catholiques, 22 prêtres locaux, trois prêtres vietnamiens, deux prêtres thaïlandais et trois moines bouddhistes laotiens ont assisté, …

… en la cathédrale Saint-Louis de Thakhek, à la cérémonie présidée par Mgr Jean Sommeng Vorachak, vicaire apostolique de Savannakhet. Etaient également présents Mgr Louis Marie Ling Mangkhanekhoun, évêque de Paksé, et Mgr Tito Banchong Thopayong, administrateur apostolique de Luang Prabang.

Selon l’agence Ucanews, le nouveau prêtre est originaire du district de Songhone, dans la province de Savannakhet. Après avoir suivi trois ans de préparation au séminaire, il a étudié la philosophie et la théologie au grand séminaire de Thakhek (2), puis l’anglais aux Philippines.

La cérémonie s’est déroulée dans une atmosphère festive : danses et musiques traditionnelles ont précédé l’ordination et, pendant la messe, des branches de bambou garnies de billets, symbolisant la prospérité et le bonheur, ont été offertes à Mgr Jean Sommeng Vorachak, une coutume laotienne pour les célébrations importantes. Le prélat, âgé de 75 ans, a déclaré à la communauté combien cet événement était « très important pour l’Eglise locale, qui a besoin de davantage de prêtres au service des fidèles ». Il a également encouragé l’ordinand dans son souhait d’« apporter la Bonne Nouvelle aux minorités ethniques qui n’en ont jamais entendu parler ».

Après la célébration, Mgr Salvatore Pennacchio, présent en tant que délégué apostolique au Laos (3), a exprimé, en français (4), sa joie que Dieu ait donné un nouveau prêtre à l’Eglise locale. Après avoir transmis la bénédiction papale, il a rappelé l’intérêt du Saint-Siège pour l’Eglise du Laos et enjoint la communauté à prier pour que l’avenir suscite de nombreuses vocations chez les jeunes.

Depuis la révolution de 1975, qui a instauré la République démocratique populaire lao (RDPL), la liberté religieuse reste très limitée au Laos, pays majoritairement bouddhiste et animiste (5). Dans les années qui ont suivi l’arrivée au pouvoir du Parti communiste, la persécution envers l’Eglise s’est traduite par la fermeture des institutions religieuses, la confiscation des biens ecclésiastiques, des hôpitaux et des écoles, l’expulsion des prêtres et des congrégations, l’interdiction de la pratique religieuse.

Aujourd’hui, l’Eglise au Laos renaît lentement, à partir de la structure ecclésiale des pays de mission (elle est constituée en vicariats apostoliques), mais les autorités restent méfiantes envers la religion chrétienne et exercent sur les diverses confessions une étroite surveillance. Le culte, les ordinations et les déplacements des membres du clergé sont soumis à autorisations gouvernementales (6).

Depuis 2006, date où, pour la première fois depuis trente ans, une ordination sacerdotale a été autorisée (7), les laïcs laotiens sur lesquels avait reposé une bonne part de la transmission de la foi pendant les périodes les plus sombres de la persécution, ont vu peu à peu grandir l’espoir du renouvellement du clergé catholique. Cependant, le nombre de prêtres ordonnés reste encore très faible. Le P. Joachim Bunlien, 59 ans, curé de la cathédrale (environ 1 100 paroissiens), a expliqué à Ucanews que les prêtres locaux, issus de familles rurales pour la plupart d’entre eux, desservaient entre 10 et 25 paroisses.

Selon Mgr Jean Sommeng Vorachak, le vicariat de Savannakhet compte aujourd’hui neuf prêtres et 98 religieuses pour les 13 000 catholiques qui vivent leur foi au milieu d’une population de trois millions de bouddhistes.