Eglises d'Asie

Ouverture du procès de béatification du cardinal François-Xavier Nguyên Van Thuân

Publié le 18/03/2010




Le 24 avril dernier, le secrétaire du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’, Mgr Giampaolo Crepardi, a déclaré que le procès de béatification du cardinal François-Xavier Nguyên Van Thuân, ancien président de ‘Justice et Paix’, avait été ouvert, cinq ans après sa mort, comme l’exige les règles en vigueur (1). Ce procès devrait préparer la proclamation de la sainteté d’une vie qui a affronté et subi de plein fouet les épreuves que lui réservait l’histoire de son pays.

Né le 17 avril 1928, à Phu Cam, une très ancienne paroisse de Huê, le cardinal était l’aîné d’une famille de huit enfants et le neveu du premier président de la République du Sud‑Vietnam, Ngô Dinh Diêm. Après des études au petit et au grand séminaires de sa ville d’origine, il fut ordonné prêtre en juin 1953. Il poursuivit des études de droit canon à Rome où il se forma à un certain nombre de courants spirituels et apostoliques qui se faisaient jour en Europe à cette époque. A son retour dans son diocèse, il travailla un temps à la formation des prêtres, puis, le 24 juin 1967, fut nommé évêque du diocèse côtier de Nha Trang.

En 1975, une semaine avant la chute de Saigon et le changement de régime, il est nommé par le Saint-Siège archevêque coadjuteur du diocèse de cette ville. Sa nomination est refusée par le nouveau pouvoir, qui, le 15 août 1975, le convoque au palais de l’indépendance et le ramène manu militari dans son diocèse. Il est placé en résidence surveillée dans la petite paroisse de Cây Vong. Ce fut le début d’un internement qui dura treize ans. En 1976, il connut le cachot de la prison de Phu Khanh, puis le camp de rééducation de Vinh Phu, dans le nord du pays, la résidence surveillée dans la petite chrétienté de Giang Xa, et enfin les locaux de la Sûreté de Hanoi. Lorsque son internement prend fin le 21 novembre 1988, il n’a pas le droit de rejoindre son poste d’archevêque coadjuteur à Hô Chi Minh-Ville et est assigné à résidence dans les bâtiments de l’archevêché de Hanoi. Lors d’un séjour à Rome en septembre 1991, il apprend que le gouvernement, craignant son influence, ne souhaite pas son retour au pays.

Le 11 août 1993, pour assurer l’administration du diocèse de Hô Chi Minh-Ville dont l’archevêque était âgé et malade, le Saint-Siège nommait un administrateur apostolique. Pensant qu’il s’agissait d’un stratagème destiné à garder vacant le poste de coadjuteur au profit de Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân, le gouvernement s’est violemment opposé à cette décision. C’est en 1994 que le Saint-Siège a renoncé à maintenir Mgr Thuân à son poste de coadjuteur de Hô Chi Minh-Ville et l’a nommé à la vice-présidence de ‘Justice et Paix’, tout en faisant savoir par la bouche de Mgr Celli que « le Saint-Siège tenait la mesure prise contre lui par le gouvernement vietnamien comme une injustice manifeste ». Le 24 juin 1998, le Saint-Siège annonçait sa nomination comme président du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’ en remplacement du cardinal Roger Etchegaray qui en assurait la présidence depuis 1984.

Pour le carême de l’année 2000, Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân fut chargé d’assurer la prédication des exercices spirituels de carême du pape et des membres de la curie. Second sur la liste des 37 cardinaux annoncés par le pape Jean-Paul II, le 21 janvier 2001, Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân était le quatrième cardinal, par ordre chronologique, de l’histoire de l’Eglise du Vietnam. Il est décédé le 16 septembre 2002, à 18 heures, à la clinique Pie XI, où il avait été conduit à l’issue d’une grave opération à l’estomac. Le pape Jean-Paul II a présidé ses funérailles et prononcé une homélie évoquant son témoignage.

Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân a témoigné de son expérience spirituelle dans une série de livres dont le thème commun est l’espérance. Le premier d’entre eux, traduit en de nombreuses langues, est intitulé Sur le Chemin de l’espérance. L’un des derniers, où sont consignées ses conférences du carême 2000, a pour titre Témoins de l’espérance.