Eglises d'Asie

Le pape se réjouit de l’ouverture du procès de béatification du cardinal François-Xavier Nguyên Van Thuân

Publié le 18/03/2010




« J’accueille avec une joie intime la nouvelle de l’ouverture de la cause de béatification de ce prophète incomparable de l’Espérance chrétienne. » Ces propos, prononcés par le pape Benoît XVI à Castel Gandolfo, le 17 septembre dernier, concernaient le cardinal François-Xavier Nguyên Van Thuân, ancien archevêque coadjuteur de Saigon, retenu prisonnier dans son pays pendant treize ans, puis devenu président du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’ à Rome, avant d’être créé cardinal.

L’ouverture de l’enquête et les procédures devant mener à sa béatification avaient eu lieu la veille, jour du cinquième anniversaire de son décès, en septembre 2002. On savait déjà, depuis le 18 avril der-nier (1), que les premières démarches pour l’ouverture de cette cause avaient été entamées par le secré-taire du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’. Par ailleurs, une dépêche de l’agence romaine Zenit, datée du 14 septembre dernier, avait annoncé que l’avocat chargé de la promotion de la cause avait été choi-si. Enfin, le 16 septembre, jour anniversaire de la mort du cardinal, deux messes avaient été célébrées à Rome, l’une dans la matinée par le cardinal Bernard Law, ancien évêque de Boston, l’autre, dans l’après-midi, par le cardinal Martino, successeur du cardinal Thuân à ‘Justice et Paix’.

La nouvelle de l’ouverture du procès de béatification a été annoncée par le pape en conclusion d’un discours prononcé lors d’une audience à Castel Gandolfo organisée spécialement pour commémorer le cinquième anniversaire du décès du cardinal Nguyên Van Thuân. Ce jour-là, autour du pape, se trouvait une délégation du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’, conduite par le cardinal Renato Raffaele Martino, président du Conseil. Etaient également présentes une délégation de l’association Saint-Mathieu fondée pour faire vivre le souvenir du cardinal défunt, et les membres d’un groupe de diffusion de la doctrine sociale de l’Eglise. Dans ce discours, au ton très personnel, le pape a exprimé son attachement et son admiration pour la personne du cardinal, qu’il a bien connu lors de son séjour à Rome les dernières années de sa vie. Il a rappelé le rôle joué par l’espérance dans sa vie et évoqué certains détails connus seulement des intimes du cardinal. Le pape a ainsi évoqué le jour où Mgr Thuân a appris en même temps son élévation au cardinalat et le caractère mortel de sa maladie.

Né le 17 avril 1928, à Phu Cam, une très ancienne paroisse de Huê, le cardinal était l’aîné d’une famille de huit enfants et le neveu du premier président de la République du Sud-Vietnam, Ngô Dinh Diêm. Après des études au petit et au grand séminaire de sa ville d’origine, il fut ordonné prêtre en juin 1953. Il poursuivit des études de droit canon à Rome, où il fut introduit à un certain nombre de courants spirituels et apostoliques qui se faisaient jour en Europe à cette époque. De retour dans son diocèse, il y travailla un temps à la formation des prêtres, puis, le 24 juin 1967, fut nommé évêque du diocèse côtier de Nha Trang.

 

En 1975, une semaine avant la chute de Saigon et le changement de régime, il est nommé par le Saint- Siège archevêque coadjuteur du diocèse de cette ville. Sa nomination est refusée par le nouveau pouvoir, qui, le 15 août 1975, le convoque au palais de l’Indépendance et le ramène manu militari dans son diocèse. Il est placé en résidence surveillée dans la petite paroisse de Cây Vong. Ce fut le début d’un long internement qui dura treize ans. En 1976, il connut le cachot de la prison de Phu Khanh, puis les camps de rééducation de Vinh Phu, au nord du Vietnam, la résidence surveillée dans la petite chrétienté de Giang Xa, et enfin les locaux de la Sûreté de Hanoi. Lorsque son internement prend fin le 21 novembre 1988, il n’a pas le droit de rejoindre son poste d’archevêque coadjuteur à Hô Chi Minh-Ville et est assigné à résidence dans les bâtiments de l’archevêché de Hanoi. Lors d’un séjour à Rome en septembre 1991, il apprend que le gouvernement, craignant son influence, ne souhaite pas son retour au pays.

 

Le 11 août 1993, pour assurer l’administration du diocèse de Hô Chi Minh-Ville dont l’archevêque était âgé et malade, le Saint-Siège nommait un administrateur apostolique. Pensant qu’il s’agissait d’un stratagème destiné à garder vacant le poste de coadjuteur au profit de Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân, le gouvernement s’est violemment opposé à cette décision. C’est en 1994 que le Saint-Siège a renoncé à maintenir Mgr Thuân à son poste de coadjuteur de Hô Chi Minh-Ville et l’a nommé à la vice-présidence de ‘Justice et Paix’, tout en faisant savoir, par la bouche de Mgr Celli, que « le Saint-Siège tenait la mesure prise contre lui par le gouvernement vietnamien comme une injustice manifeste ». Le 24 juin 1998, le Saint-Siège annonçait sa nomination comme président du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’, en remplacement du cardinal Roger Etchegaray, qui en assurait la présidence depuis 1984.

 

Pour le Carême de l’année 2000, Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân fut chargé de d’assurer la prédication des exercices spirituels du carême du pape et des membres de la curie. Second sur la liste des 37 cardinaux créés, par le pape Jean-Paul II, le 21 janvier 2001, Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân était le quatrième cardinal, par ordre chronologique, de l’histoire de l’Eglise catholique du Vietnam. Il est décédé le lundi 16 septembre 2002, à 18 heures, à la clinique Pie XI où il avait été amené après une lourde opération à l’estomac. Le pape Jean-Paul II a présidé ses funérailles et prononcé une homélie évoquant son témoignage.

 

Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân a témoigné de son expérience spirituelle dans une série de livres dont le thème commun est l’espérance. Le premier d’entre eux, traduit en de nombreuses langues, est intitulé Sur le chemin de l’espérance. Le dernier où sont consignées ses conférences de Carême de l’an 2000 a pour titre Témoins de l’espérance.