Eglises d'Asie

A l’occasion du voyage du chef de l’Etat vietnamien aux Etats-Unis, de nombreux individus et associations dénoncent les atteintes aux droits de l’homme et à la liberté religieuse

Publié le 25/07/2013




A l’invitation du président Barack Obama, le chef de l’Etat vietnamien, Truong Tân Sang, a entamé, le 24 juillet, un voyage officiel de trois jours aux Etats-Unis, dont le sommet sera la rencontre avec le président des Etats-Unis à la Maison-Blanche. Il est probable que ces entretiens porteront sur trois points : …

… la difficile situation économique du Vietnam aujourd’hui, ses relations tendues avec la Chine et le respect des droits de l’homme de la liberté religieuse dans ce pays.

A cette occasion, de nombreuses initiatives émanant d’individus ou de groupes de Vietnamiens résidant dans le pays aussi bien qu’à l’étranger ont tenté d’alerter les autorités américaines sur quelques sujets brûlants. Il s’agit des violations des droits de l’homme et de la liberté religieuse, mais aussi des menaces que fait peser l’expansionnisme chinois sur la souveraineté et l’indépendance du Vietnam.

Le lundi 22 juillet, un groupe de vingt personnes d’origine vietnamienne est venu rencontrer à Washington la Commission américaine pour la liberté religieuse dans le monde ainsi que le secrétariat d’Etat. Le groupe a surtout insisté pour que, lors de l’entretien avec le chef de l’Etat vietnamien, le dirigeant américain mentionne la question de la liberté religieuse et des droits de l’homme, qui, selon les membres du groupe, sont aujourd’hui bafoués au Vietnam. Six des religions pratiquées aujourd’hui au Vietnam étaient représentés dans cette délégation : le catholicisme, le bouddhisme, le caodaïsme, la religion Bahai, le protestantisme, le bouddhisme Theravada des Khmers Khrom (vivant dans les provinces du Sud). Chacun des représentants a évoqué auprès du responsable de la Commission les problèmes particuliers rencontrés par les fidèles de sa propre religion.

Une autre réaction, sous la forme d’une lettre ouverte signée par des familles des prisonniers politiques au Vietnam est parvenue au président des Etats-Unis, également le 22 juillet, trois jours avant son entrevue avec le chef de l’Etat vietnamien. Elle demande au dirigeant américain d’exiger du responsable vietnamien la libération immédiate de tous les prisonniers politiques avant de signer des accords de collaboration entre les deux Etats. Le chef de l’Etat américain est également invité à faire pression sur son homologue pour que celui-ci respecte les aspirations démocratiques du peuple. Les familles demandent encore au président Obama de retarder son futur voyage au Vietnam tant que les droits de l’homme n’y seront pas totalement respectés. Parmi les signataires, on trouve les parents de certains blogueurs emprisonnés, comme par exemple Diêu Cay (‘La pipe du laboureur’), qui mène actuellement une grève de la faim, la famille de l’avocat Lê Quôc Quân, l’avocat catholique dont le procès vient d’être récemment reporté à une date ultérieure, les proches de Cu Huy Ha Vu qui vient de mettre un terme à une grève de la faim, entreprise pour protester contre le traitement qui lui était infligé. On y trouve aussi, parmi bien d’autres, la famille de la jeune étudiante Nguyên Phuong Uyên, récemment condamné à huit ans de prison, ainsi que les parents des jeunes catholiques et protestants du diocèse de Vinh et Thanh Hoa, récemment condamnés en appel à de lourdes peines de prison.

Le 19 juillet précédent, 82 personnalités pour la plupart bien connues, des intellectuels et des anciens combattants, avaient, dans une lettre ouverte au président des Etats-Unis, fait part de leurs vives inquiétudes concernant le destin de leur patrie et avait souligné les trois menaces principales pesant sur elle. La première menace est constituée par l’expansionnisme chinois. Malgré les accords passés avec le Vietnam, la Chine continue d’agresser les pêcheurs vietnamiens opérant sur leurs propres eaux territoriales. Selon les signataires, tant que le Vietnam ne fera pas preuve de fermeté à l’égard de ce grand voisin du Nord, il restera à la merci de l’appétit de puissance de celui-ci.

Les signataires de la lettre ouverte au président des Etats-Unis se déclarent très inquiets de la situation économique du Vietnam aujourd’hui. Ils sont favorables à la collaboration du Vietnam avec les pays de la région Asie-Pacifique. Cependant, selon eux, cette collaboration ne devrait avoir lieu qu’après l’amélioration de la situation des droits de l’homme au Vietnam, une situation qui s’est considérablement détériorée ces temps derniers.

Bien qu’il ne soit pas directement adressé à la Maison-Blanche, un communiqué signé par 69 blogueurs a été, lui aussi, publié à l’approche du voyage du chef de l’Etat vietnamien aux Etats-Unis et contient des revendications semblables. Dans ce communiqué, les signataires demandent au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies de ne pas accepter le Vietnam parmi ses membres tant que celui-ci n’aura pas aboli l’article 258 du Code pénal. Ce dernier cite parmi les délits punis de prison « l’utilisation des libertés démocratiques pour porter atteinte aux intérêts de l’Etat et aux intérêts légitimes des associations civiques ». Le délit ainsi décrit est puni de deux à sept ans de prison. L’article 258 a été invoqué pour arrêter et condamner un certain nombre de blogueurs vietnamiens (1).