Eglises d'Asie

Au Radjasthan, un prédicateur évangélique et sa famille attaqués par des hindouistes

Publié le 20/08/2013




Le 13 août dernier, rapporte le Morning Star News dans son édition du 19 août, une famille de chrétiens évangéliques appartenant à la Fire of God Ministries au Rajasthan a été attaquée par des extrémistes hindous qui les ont menacés de les tuer s’ils ne revenaient pas à l’hindouisme.

Frère Vishaal Behl, un hindou converti au pentecôtisme et connu pour ses prêches enflammés, est, en Inde, à la tête d’une organisation de la Fire of God Ministries comprenant deux églises à Jaipur (au Rajasthan) et une autre communauté à Amritsar (au Pendjab). Avec son épouse Enid Garima, elle aussi convertie au christianisme, Fr. Behl draine depuis plusieurs années de nombreux fidèles à ses sessions de guérison, tout en menant des projets humanitaires dans les prisons ainsi que des programmes d’aide dans les écoles.

Le 13 août dernier, la mère de Vishaal, Reena Behl, âgée de 51, se trouvait seule dans la maison de Jaipur qu’elle partage avec son fils et sa belle-fille, et qui sert également de lieu de prière pour la communauté pentecôtiste. A 14 h 30, quatre inconnus portant des casques de moto cachant leur visage ont sonné à la porte et exigé de voir sur le champ son fils et son épouse. Après leur avoir répondu qu’ils n’étaient pas là pour le moment, Reena voulut refermer la porte. Les assaillants forcèrent alors l’entrée de la maison et voulurent l’obliger, sous la menace de leurs armes (couteaux, bâtons et machettes) à leur dire où ils se trouvaient. Comme elle répondait qu’elle n’en savait rien, ils la rouèrent de coups et commencèrent à saccager la maison. « Si vous ne vous reconvertissez pas à l’hindouisme, nous vous tuerons et nous vous découperons en morceaux », ont-ils averti.

La famille de Fr Behl est issue d’une longue lignée de Khatri (nom de la caste élevée des Kshatriya dans le nord de l’Inde), et Vishaal Behl, converti au christianisme à l’âge adulte, a très souvent été l’objet de menaces de la part de ses anciens coreligionnaires, qui lui reprochent d’avoir abandonné la foi de ses ancêtres.

Alertés par les cris de Reena, des voisins se sont précipité à son secours, pendant que les agresseurs s’enfuyaient. La mère de Vishaal, grièvement blessée à la tête et souffrant de multiples fractures, a été hospitalisée.

L’inspecteur Rajendra Singh, du commissariat d’Adarsh Nagar, a déclaré au Morning Star News que les policiers avaient enregistré une plainte à l’encontre de deux assaillants, pour le moment non identifiés. Aucune arrestation n’a eu lieu. Selon certaines sources locales, la mère de Vishaal aurait reconnu l’un des agresseurs lorsqu’il a retiré son casque alors qu’il la frappait.

Dans une déclaration reprise par l’agence AsiaNews le 19 août, Sajan George, président du Global Council of Indian Christians (GCIC), a exprimé « sa profonde tristesse » à l’annonce de l’attaque, et s’est indigné du « silence des autorités » ainsi que de l’absence de poursuites à l’encontre des coupables.

Pour le président du GCIC, l’incident est inquiétant et témoigne de « l’intolérance grandissante des hindous extrémistes envers les chrétiens, alors que se rapprochent les élections générales » (qui sont prévues d’ici au second trimestre 2014). Comme à chaque veille d’élections, rappelle-t-il, les « hindouistes pensent que fomenter des troubles entre les différentes communautés et monter la population contre la minorité chrétienne pourra leur faire gagner des voix, y compris au Rajasthan, qui est pourtant un Etat gouverné par le [Parti du] Congrès ».

Contrairement à d’autres Etats gouvernés par le Bharatiya Janata Party, vitrine politique du nationalisme hindou, le Rajasthan était en effet, jusqu’à un temps récent, considéré comme ayant été relativement épargné par la vague de violence antichrétienne qui, depuis les pogroms ayant endeuillé l’Orissa en 2008, gagne de plus en plus de régions de l’Inde.

Vishaal Behl et son épouse ont été, quant à eux, transférés dans un lieu inconnu pour raisons de sécurité.