Eglises d'Asie – Vietnam
L’évêque de Vinh Long élève une éloquente protestation contre la création d’un jardin public sur la propriété d’une congrégation religieuse
Publié le 25/03/2010
… est toujours considéré par elles comme la propriété de leur congrégation. L’article précise que la création de cette place remplace un ancien projet prévoyant la construction d’un hôtel de tourisme. Ce nouvel ouvrage dont la mise en œuvre est confiée à une entreprise municipale devrait, selon la déclaration du Comité populaire, constituer « le poumon vert de la ville ».
La propriété des religieuses avait été confisquée en 1977 et les bâtiments avaient ensuite été détruits. Après avoir eu l’intention d’y faire construire un hôtel de luxe, devant les réactions résolues des religieuses et du diocèse, les autorités municipales avaient alors décidé de transformer les lieux en parc public, décision qui avait été annoncée aux religieuses le 3 décembre 2008 (2). Les sœurs de Saint Paul de Chartres avaient fait connaître leur refus formel de cette transformation. Tout récemment, le 10 octobre 2009, les religieuses ont été convoquées à une réunion organisée par le Front patriotique pour y apprendre que les travaux de construction du jardin public allaient commencer sous l’autorité du président du Comité populaire et du ministère de la Construction. Les religieuses ont, de nouveau, opposé un refus formel aux diktats des autorités et ont réclamé la restitution de leurs propriétés (3).
Comme il l’a déjà fait deux fois par le passé (4), l’évêque du diocèse, Mgr Thomas Nguyên Van Tân, averti de la décision des autorités par la lecture du journal, s’est fait le porte-parole des sentiments de la communauté catholique devant la politique menée à son égard. Dans une Lettre pastorale envoyée à l’ensemble du diocèse le 28 octobre 2009, il rappelle les dures épreuves infligées à la communauté catholique depuis 1977 (5).
C’est le 7 septembre 1977, deux ans après le changement de régime au Sud-Vietnam, que les forces de la Sécurité de Vinh Long avaient investi la maison des sœurs ainsi que plusieurs autres établissements du diocèse. Après perquisition, la maison et tous ses biens avaient été confisqués. Les forces de l’ordre avaient dispersé ses jeunes pensionnaires, orphelins et handicapés, et placé toutes les religieuses en détention. Au bout d’un mois, 17 religieuses avaient été renvoyées dans leur famille. La supérieure de la maison, quant à elle, avait été gardée un mois de plus et ensuite reconduite à la maison-mère de la congrégation, à My Tho.
Aucune action judiciaire, aucun procès et aucune condamnation n’était venu apporter une apparence légale à l’action menée par la police contre les religieuses. Vingt-huit ans plus tard, au cours du mois d’août 2006, les religieuses eurent connaissance d’une décision (référence 958/QD.UBT) qui aurait été signée le 6 juillet 1977. C’est dans ce document que l’on trouve l’accusation faite aux religieuses d’avoir entretenu des « lieux de formation contre-révolutionnaire », des termes injurieux que l’évêque de Vinh Long évoque à nouveau dans sa toute récente Lettre pastorale.