Eglises d'Asie

Catholiques et non-catholiques expriment leur solidarité avec les paroissiens de My Yên et leur indignation devant les mensonges de la presse officielle

Publié le 12/09/2013




Les événements survenus le 4 septembre dans la paroisse de My Yên ont été très rapidement connus des catholiques dans les trois provinces qui composent le diocèse de Vinh. Dès le 6 septembre, la déclaration de l’évêché de Vinh et la lettre commune de l’évêque du diocèse étaient diffusées sur Internet. …

… Mais c’est surtout à partir du dimanche 8 septembre que l’émotion et le sentiment de communion avec les victimes de la répression policière se sont fait plus intenses.

Ce jour-là en effet, la lettre commune de l’évêque a été lue dans les quelque 200 églises du diocèse. Elle résumait sobrement les faits et proposait aux fidèles de célébrer une messe et de participes à une séance de prière aux intentions des deux paroissiens prisonniers et des victimes de la violence policière, tous les dimanches, tant que les premiers ne seraient pas libérés et que les blessés ne seraient pas guéris.

Les propositions de l’évêque furent suivies à la lettre dès le dimanches 8 septembre. Dans tout le diocèse, la lettre a été lue et commentée par le célébrant de la messe dominicale. Dans l’ensemble des paroisses, celui-ci a protesté vigoureusement contre la version de l’événement diffusée par les médias officiels (du gouvernement), et a rétabli les faits dans leur vérité. Dans la soirée, ces mêmes églises se sont remplies de fidèles venus prier avec une bougie allumée en communion avec leurs frères de My Yên.

Les mêmes sentiments se sont exprimés au cours des cérémonies dominicales célébrées en dehors du diocèse de Vinh, aussi bien dans les paroisses, dont la liste est trop longue pour la citer, que dans les communautés religieuses, aujourd’hui très nombreuses au Vietnam. Les autres religions ont mêlé leurs voix à celle de l’Eglise catholique. Le 10 septembre, une lettre ouverte signée des dignitaires du protestantisme, du caodaïsme, du bouddhisme Hoa Hao dénonçait l’attitude des autorités et affirmait sa solidarité avec la communauté catholique de My Yên. Par ailleurs, plusieurs groupes du bouddhisme Hoa Hao, eux-mêmes objet de répression brutale, se sont déclarés en communion avec les victimes de l’action policière du 4 septembre.

Autant que la brutalité policière, la version des événements présentée par les autorités a fortement choqué la communauté catholique vietnamienne. L’ensemble des journaux et des médias audiovisuels gouvernementaux ont, dès le début, rejeté tous les torts sur les catholiques du lieu, accusés de fanatisme. Le 7 septembre, un article paru dans le « Journal de la Sécurité publique du Nghê An » donnait le ton (1). Dès la première ligne, il accusait le récit des faits présenté par la « déclaration » de l’évêché et la lettre commune de l’évêque, d’être mensonger et provocateur. Selon la version des faits de l’organe de la Sécurité, reprise ensuite par l’ensemble de la presse nationale et régionale, l’engagement pris par le président du comité populaire communal de libérer les deux paroissiens prisonniers lui avait été arraché par la force. La veille du 4 septembre, dans la matinée, les paroissiens de My Yên seraient venus en masse devant le comité populaire communal, auraient exercé une pression insoutenable sur les cadres, menaçant d’enlever et de séquestrer six d’entre eux. Ils auraient ainsi forcé le président du comité à signer un texte dans lequel il s’engageait à libérer les deux prisonniers appréhendés le 27 juin précédent. L’organe de la Sécurité affirme encore que le 4 septembre, les paroissiens auraient été à l’origine de l’attaque policière. Rassemblés devant le comité populaire communal, les paroissiens auraient cherché querelle aux cadres et aux personnes se tenant à côté d’eux. Ils leur auraient jeté des pierres et les auraient agressés de diverses manières. La charge de la police contre rassemblement n’aurait été qu’une riposte à ces provocations.

Cette version des faits a grandement indigné les victimes concernées, leur évêque et, d’une façon générale, l’ensemble de la communauté catholique au Vietnam. L’évêché du diocèse de Vinh a fait diffuser le 9 septembre une lettre de protestation qui débute ainsi : « Ces jours derniers, le journal, la radio et la télévision du Nghê An ont diffusé de nombreux articles et reportages dont le contenu n’est pas conforme à la vérité, déforme la réalité et porte atteinte au bon renom et à l’honneur de l’évêque et de l’ensemble de la population catholique du diocèse de Vinh. L’évêché de Xa Doai dénonce, de toutes ses forces, ces actions erronées. Il demande aux organismes et aux individus qui en portent la responsabilité de démentir les informations contraires à la vérité qui ont été publiées. Dans l’intérêt de notre peuple, pour l’avenir de notre pays, pour la justice et la paix de notre peuple, l’évêché de Xa Doai demande à la presse du Nghê An et du pays de se prononcer et de se comporter à l’égard de tous conformément à la justice. Nous rappelons que les organes de presse ayant publié des informations erronées ont le devoir de les démentir et doivent supporter la responsabilité de leur persévérance dans l’erreur… »

La lettre détaille ensuite les principales déformations que la presse officielle a fait subir aux faits. Quelques jours plus tard, le 9 septembre 2013, le même évêché a publié un long récit (six pages en petits caractères) de tous les événements qui constituent cette affaire, depuis le 22 mai 2013 jusqu’à la soirée du 4 septembre. En réponse à la version officielle, le récit s’appuie sur les témoignages et passe au crible de la critique les divers épisodes de l’affaire.