Eglises d'Asie

Andhra Pradesh : l’Eglise de l’Inde du Sud a élu sa première femme évêque

Publié le 27/09/2013




L’Eglise de l’Inde du Sud (Church of South India, CSI), membre de la Communion anglicane, vient d’élire sa première femme évêque le 25 septembre dernier. L’agence d’information de la Communion anglicane ACNS, qui a diffusé l’information, …

… souligne que cette nomination arrive seulement quelques jours après celle de la première femme évêque de l’Eglise d’Irlande, Patricia Storey.

La Révérende Eggoni Pushpa Lalitha a été choisie par le Bureau de sélection du Synode de l’Eglise de l’Inde du Sud (CSI), face à trois autres candidats masculins. Elle sera ordonnée évêque du diocèse de Nandyal, dans l’Etat de l’Andhra Pradesh, lundi 30 septembre prochain par Mgr G. Devakadasham, évêque de Kanyakumari et modérateur de la CSI.

« C’était une décision unanime », a déclaré Mani Philip, secrétaire général de la CSI à la chaîne de télévision indienne NDTV, ajoutant que « pendant que plusieurs Eglises en Occident débattaient encore du problème, le CSI avait révolutionné les mentalités en ouvrant aux femmes l’ère de leur responsabilisation ».

Le caractère historique de cette décision n’a en effet pas échappé aux médias indiens, qui soulignent tous que la Rév. E. Pushpa Lalitha est la première femme à devenir évêque (1) au sein de la principale mouvance protestante de l’Inde, également deuxième Eglise chrétienne en nombre de fidèles, après l’Eglise catholique. Fondée en 1947, l‘Eglise de l’Inde du Sud est issue de la réunion de différentes communautés anglicanes, méthodistes, congrégationalistes, presbytériennes et réformées. Elle rassemble plus de 4 millions de fidèles répartis dans 15 000 paroisses sur 22 diocèses, en Andhra Pradesh, au Karnataka, au Kerala, au Tamil Nadu, sur le territoire de Pondichéry et au Sri Lanka.

Si l’Eglise de l’Inde du Sud ordonne des femmes prêtres depuis 1976 (il y a aujourd’hui 110 pasteures au sein de la CSI), l’élection de femmes évêques avait en revanche souvent été envisagée mais toujours repoussée. Cependant, affirme le porte-parole de la CSI, le pas important qui vient d’être franchi le 25 septembre aurait dû être tenté il y a déjà longtemps. « Dans ses statuts, la province demande qu’au moins 25 % de tous les membres d’un organe statutaire soient des femmes », explique ainsi Mani Philip à l’agence d’information de la Communion anglicane ACNS.

Née dans un village du district de Kurnool, en Andhra Pradesh, Pushpa Lalitha a été ordonnée pasteur en 1984 pour le diocèse de Rayakaseema. Lorsqu’elle était plus jeune, raconte-t-elle à la chaîne NDTV, elle avait d’abord pensé à devenir religieuse catholique mais plusieurs évêques de l’Eglise catholique de l’Inde l’ont convaincue de rentrer dans les ordres au sein de la CSI.

La pasteure, qui est aujourd’hui âgée de 57 ans, s’est formée à l’Andhra University puis à la Faculté de théologie d’Hyderabad, avant d’achever ses études au Royaume-Uni. Pendant ses trente années de pastorat, elle a été au service de plus de 400 villages de l’Andhra Pradesh et du Tamil Nadu, travaillant particulièrement à promouvoir la scolarisation et l’éducation en matière de santé. En 2005, après avoir occupé différents postes de direction dans plusieurs doyennés, la Rév. Pushpa Lalitha devient trésorière du diocèse de Nandyal.

Mais si les annonces officielles de l’Eglise de l’Inde du Sud et de la Communion anglicane n’en laissent rien paraître, un important débat agite le web depuis l’annonce de l’élection de la Rév. Pushpa Lalitha. Sur les sites Internet de l’ACNS, mais surtout sur les blogs et forums des médias indiens ainsi que sur les réseaux sociaux, la controverse fait rage, donnant à penser que le choix du CSI ne fait pas l’unanimité au sein même de ses membres.

Un fidèle de Nandyal fait ainsi remarquer que « la population du diocèse est restée singulièrement muette au sujet de la nomination [de la Rév. Pushpa Lalitha] ». Laissant entendre que le choix du Bureau du synode n’était en réalité que celui du modérateur tenant à effectuer un geste historique en faisant nommer la première femme évêque, l’internaute se retrouve approuvé par plusieurs membres du CSI qui contestent une « élection ne reflétant pas le choix de l’Eglise de l’Inde du Sud ».

D’autres, au contraire, s’insurgent contre ces critiques, se réjouissant de l’élection d’une femme évêque au sein du CSI, et « remercient Dieu pour ce jour béni ». Ils sont plusieurs à parler également « d’un pas de géant pour le christianisme en Inde ».

Pas du tout, rétorquent leurs détracteurs sur les pages Facebook du CSI, affirmant quant à eux que la décision du CSI  « n’est qu’un considérable retour en arrière ». Sur un autre fil de discussion, c’est un évêque de l’Eglise anglicane de l’Inde qui s’indigne : « Où allons-nous ? Allons nous bientôt soutenir le mariage gay ? ». Un écho repris un peu plus loin par une autre série de posts. « Avec cette décision, la CSI ne devra pas s’étonner si des croyants choisissent de la quitter pour une autre Eglise », prédit un autre fidèle, auquel un pasteur répond que « ce choix a justement été le plus inspiré par l’Esprit depuis la création de la CSI »

(eda/msb)