Eglises d'Asie – Inde
Orissa : Une décision de Cour Suprême redonne espoir aux victimes des violences antichrétiennes de 2008
Publié le 05/09/2011
… qui a été rendue publique le 31 août dernier. La plus haute juridiction de l’Inde a en effet demandé officiellement à la Commission nationale des droits de l’homme (NHRC) de réaliser une étude sur la situation en Orissa, en particulier dans le district du Kandhamal, épicentre des violences de 2008. Ce rapport devra être remis dans six mois au plus tard.
Cette ordonnance de la Cour Suprême fait suite à un recours déposé par l’Eglise catholique en Orissa, dénonçant la manière dont les persécutions ont été ignorées, voire encouragées par le gouvernement de l’Etat, ainsi que l’impunité dont jouissent les coupables lors de parodies de procès. Dans cette demande, présentée sous forme de pétition, les instances ecclésiales soulignent également l’insécurité qui règne toujours au Kandhamal, la faiblesse de l’indemnisation des victimes ainsi que l’absence de réhabilitation pour des milliers d’entre elles.
A la tête de cette pétition adressée à la Cour Suprême, l’ancien archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, Mgr Raphael Cheenath (2), rappelle, preuves à l’appui, les conséquences de la vague de violence de 2008 perpétrée par les hindouistes : plus d’une centaine de morts, près de 55 000 personnes déplacées – dont une grande partie n’ont pu réintégrer leurs villages – des milliers de maisons, de lieux de culte et d’institutions détruits. Le dossier de Mgr Cheenath reprend également les conclusions de l’enquête menée par la Commission ‘Justice et Paix’, qui avait révélé l’incapacité du gouvernement à stopper les violences comme le manque d’aide et de secours apportés aux survivants et réfugiés, lesquels vivent toujours dans des conditions d’extrême précarité et sous la menace des hindouistes (3).
Selon l’Agence Fides, sur un total de 3 232 cas de violences ayant fait l’objet d’une plainte à la police (un chiffre très largement en dessous de la réalité, les victimes craignant de témoigner en raison des menaces dont elles font l’objet), les autorités n’ont accepté de n’en enregistrer officiellement que 828. Sur ces derniers, seuls 327 ont abouti à un procès. Sur un chiffre de 749 personnes arrêtées, les tribunaux de première instance ont relaxé 639 prévenus et seuls 19 procès pour homicide se sont conclus par une condamnation. Un total de 1 597 militants ont été identifiés puis disculpés alors que des milliers d’autres agresseurs n’ont jamais été arrêtés par la police et continuent de « semer la peur et la violence » dans les villages où les chrétiens n’osent plus revenir.
Avant de rendre son verdict, la Cour Suprême avait demandé le 16 août dernier au gouvernement de l’Orissa de « s’expliquer sur les dysfonctionnements » et les zones d’ombre concernant sa gestion des violences de 2008 ainsi que l’indemnisation et la réhabilitation des victimes. Les trois juges chargés de l’affaire avaient sommé les autorités de fournir lesdites explications dans un délai de deux semaines. A l’issue de cette date butoir, la Cour Suprême s’est déclarée insatisfaite des réponses fournies par le gouvernement de l’Orissa et confié ainsi à la NHRC la mission de mener une nouvelle enquête « transparente et impartiale ».
Mais la publication de cette ordonnance qui reconnait pourtant les défaillances du gouvernement de l’Etat de l’Orissa, ne parvient pas à effacer les craintes et les doutes de la population locale, comme l’explique à l’agence Fides, le P. Dibakar Parichha, prêtre et avocat du diocèse de Cuttack-Bhubaneswar : « Les chrétiens [en Orissa] sont aujourd’hui découragés et se sentent abandonnés par les institutions. Il est urgent que le système judiciaire, au niveau fédéral, les protège enfin et garantisse leurs droits » (4).