Eglises d'Asie

Gujarat : consternation et inquiétude des minorités religieuses après la réélection du BJP

Publié le 18/03/2010




Au Gujarat, consternées par les résultats des dernières élections législatives qui ont donné la victoire au BJP, le parti nationaliste hindou (Bharatiya Janata Party, Parti du peuple indien), les minorités religieuses s’attendent à vivre des jours plus sombres, du fait d’une possible recrudescence d’attaques antichrétiennes ou antimusulmanes dans l’Etat (1).

Quelques jours avant les résultats du scrutin, des militants nationalistes avaient attaqué plusieurs religieux et enseignants dans la région majoritairement aborigène du district de Vadodara (2). Pour le prêtre jésuite, Xavier Manjooran, en mission auprès des aborigènes dans la partie ouest de l’Etat, « tout peut arriver puisque Modi a été réélu avec une majorité écrasante » (3). En effet, bien souvent, les auteurs d’attaques antichrétiennes perpétrées dans des Etats où le BJP est au pouvoir peuvent continuer d’agir en toute impunité sans craindre de devoir comparaître devant la justice ou même d’être arrêtés, et parfois ce sont même les victimes d’attaques qui se retrouvent incarcérées.

 

Le 25 décembre dernier, Narendra Modi, leader du BJP, prêtait serment en tant que ministre-président du Gujarat. Selon le Hindustan Times (4), l’objectif affiché du ministre-président est de concentrer son programme sur le renforcement du communautarisme pour s’assurer du vote des hindous tout en occultant les problèmes de développement, ce qui semble lui réussir puisqu’il vient d’être élu pour la troisième fois à la tête d’un des Etats les plus pauvres du Nord-Ouest de l’Inde.

 

Selon des statistiques officielles, plus de 500 paysans se sont suicidé en 2007 dans cet Etat où le taux d’endettement des habitants est nettement supérieur à la moyenne nationale (40 % contre 25 %). Dans le domaine de la santé, 74,3 % des femmes et 46,3 % des enfants souffrent d’anémie, une grande partie de la population n’ayant pas ou peu d’accès à l’eau potable. D’autre part, sur les 150 000 personnes déplacées suite aux pogroms antimusulmans de 2002 (5) – des événements dont Narendra Modi est suspecté d’être l’instigateur, selon le Hindustan Times –, 22 000 sont toujours dans l’impossibilité de regagner leur foyer et restent entassées dans des camps de réfugiés.

 

Pour J. S. Bandukwala, militant des droits de l’homme, de confession musulmane, cette réélection est « un véritable défi pour les musulmans », qui se disent inquiets. « Le triomphe électoral du BJP ne signifie pas qu’il a l’autorisation de menacer les populations ou minorités connues pour ne pas avoir voté en sa faveur », a-t-il déclaré.