Eglises d'Asie

Orissa : un prêtre responsable d’une petite communauté chrétiennes villageoise est victime d’une tentative d’assassinat

Publié le 18/03/2010




Une grande tension règne actuellement à Betticola, un petit village de l’Etat d’Orissa, après l’attentat commis contre le responsable de la communauté catholique du lieu, le P. Lameswar Kanhar. Celui-ci, est actuellement à l’hôpital où il est soigné pour de nombreuses blessures, en compagnie de son cuisinier également blessé alors qu’il se portait au secours du prêtre. Treize personnes impliquées dans cet attentat ont été immédiatement arrêtées et les premiers récits des faits conduisent à penser qu’il s’agit là d’une tentative d’assassinat préméditée. C’est du moins la conclusion à laquelle est arrivé l’archevêque du lieu, l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar. Il a publié un communiqué de presse relatant les faits et apportant des éclaircissements pertinents sur leur contexte.

Le jour de l’attaque, le 16 octobre 2000, quelque 15 habitants du village auraient conduit un troupeau de boufs sur un terrain planté d’oléagineux, appartenant à la paroisse. Le P. Kanhar voyant sa récolte sur le point d’être détruite aurait demandé aux responsables de mener leur troupeau paître ailleurs. C’est alors que subitement les personnes composant le groupe se transformèrent en dangereux assaillants. Ils exhibèrent des couteaux, des gourdins et des haches et se jetèrent sur le prêtre. Le cuisinier qui essayait de s’interposer fut frappé à la tête et rapidement mis hors de combat. Le prêtre essaya alors de s’enfuir mais déjà la foule de ses agresseurs qui avait encore grossi le cernait en criant : « Attrapezle ! Ne le laissez pas partir ! Tuezle Deux femmes de la paroisse alertées par les cris de la foule accoururent sur les lieux mais sans pouvoir intervenir. Roué de coups, le P. Kanhar ne tarda pas à perdre connaissance.

Le croyant mort, le gros de la troupe s’écarta. Seul, un petit groupe de quatre était resté sur place. Ils traînèrent le corps du prêtre jusqu’à l’Eglise. Là, au témoignage des femmes qui suivaient la scène en témoins impuissants, ils exprimèrent leur intention de sacrifier le prêtre devant l’Eglise ou de le jeter dans le puits. Les deux femmes se couchèrent alors sur le corps, criant qu’elles préféraient mourir plutôt que de voir toucher au corps de leur prêtre. C’est le moment où de nombreuses femmes et enfants de la communauté chrétienne vinrent leur prêter main forte, mettant en déroute les quatre derniers assaillants. Les hommes, à cette heure, étaient occupés aux travaux des champs.

Selon l’archevêque, tout donne à penser que le prêtre est tombé dans le piège d’une provocation voulue et machinée par un « swami » hindou qui a excité les esprits de la population contre les chrétiens. Ceux-ci ne forment qu’une petite minorité dans le village où une mission chrétienne a été fondée en 1975. Depuis quelques années, ils sont en butte à des attaques sporadiques de la majorité hindoue. Une première a eu lieu en 1995, époque où la communauté chrétienne avait essayé de construire un dispensaire. Depuis elles se sont renouvelées, encouragées par un certain nombre d’interdictions signifiées aux chrétiens de l’Etat par les autorités locales, interdictions suggérées aux représentants de l’ordre par des groupes hindouistes.

Récemment, en effet les chrétiens de l’Etat ont accusé les autorités civiles d’être de connivence avec les hindous fondamentalistes dans leurs attaques contre les chrétiens. Selon les déclarations du secrétaire de l’archevêque de Cuttack-Bhubaneshwar, le 29 septembre dernier, 5 catholiques du district de Kandhamal avaient été arrêtés pour avoir participé à une assemblée de prière qualifiée d’illégale. La plainte ayant dé-clenché l’opération de police avait été déposée auprès des forces de la sûreté par les hindous fondamenta-listes. Par ailleurs, le 1er septembre dernier, pour la deuxième fois en deux mois, le juge du district accom-pagné de la police a pénétré dans un pensionnat catholique, en a expulsé les occupants, sous prétexte qu’il était bâti sur un terrain acquis illégalement. Enfin, le 1er septembre également, des militants du Conseil mondial hindou (VHP), aidés de la police, ont interrompu les travaux d’édification de deux halls de prière.

Les chrétiens ne constituent que 2,1 % des 31 millions d’habitants de la population de l’Etat d’Orissa qui s’étend le long des côtes du golfe de Bengale. Ce sont généralement des paysans pauvres de villages reculés et des membres des minorités ethniques.