Eglises d'Asie

L’Eglise catholique considère les otages exécutés, dont un prêtre, comme des martyrs du XXIe siècle

Publié le 18/03/2010




Après que l’armée philippine eut donné le 3 mai l’assaut final au repaire dans lequel le groupe extrémiste musulman Abu Sayyaf détenait depuis le 20 mars dernier une trentaine d’otages sur l’île de Basilan (18), le bilan est le suivant : 15 otages libérés, 9 autres toujours captifs (deux femmes et sept enfants âgés de 8 à 12 ans) et quatre morts. Selon le P. Martin Jumoad, chancelier de la prélature d’Isabela (qui correspond à la province de Basilan), ces quatre personnes (un enseignant, deux enseignantes et un prêtre, le P. Rhoel Gallardo, clarétin et principal de l’école de Tumahubong) ont été exécutés de sang froid par les preneurs d’otages et les corps de deux d’entre eux au moins portent des signes évidents de torture. Le 10 mai, lors de la messe de funérailles du P. Gallardo, à Quezon City, Mgr Romulo de La Cruz, de la prélature d’Isabela, a déclaré qu’il demanderait à Rome d’inclure les noms du prêtre clarétin et des trois autres personnes assassinées avec lui dans la liste des martyrs contemporains.

« Pas une croix ne sera retirée des églises de Basilan, même si (le groupe Abu Sayyaf) en venait à kidnapper l’évêque, s’est exclamé Mgr de La Cruz. Ceci n’est pas négociable. Nous sommes prêts à souffrir et à mourir pour la croix ». La remarque de l’évêque d’Isabela faisait écho à une des demandes émises par le groupe Abu Sayyaf lors des négociations visant à obtenir la libération des otages, demande selon laquelle toutes les croix devaient être retirées de l’île de Basilan (où les chrétiens sont une petite minorité au sein d’une majorité de musulmans).

Selon le témoignage des otages libérés, les ravisseurs ont battu le P. Gallardo lorsque celui-ci s’est enquis du sort de deux des otages (séparés du groupe le 19 avril, ces deux otages ont sans doute été décapités bien que leurs corps n’aient pas été retrouvés). Il fut de nouveau battu lorsqu’il refusa de revêtir des habits musulmans et de dire des prières musulmanes. Tous les jours, à six heures du soir, il récitait le rosaire.

Peu après la messe de funérailles, la mère du prêtre a déclaré aux journalistes qu’elle acceptait le sort de son fils et qu’elle se sentait heureuse. « Je l’avais offert au Seigneur quand il a choisi la prêtrise », a-t-elle déclaré.