Eglises d'Asie

La Sécurité publique continue de détruire les maisons funéraires des H’mongs, symboles de leur nouvelle religion

Publié le 25/11/2013




Bien qu’ils soient parvenus jusque dans la capitale pour faire entendre leurs protestations, les H’mongs de quatre provinces septentrionales du Vietnam continuent d’être victimes de la répression des autorités locales. Les forces de l’ordre ont pris pour cible leurs maisons funéraires, …

… construites pour y déposer les défunts et y accomplir les rites funéraires.

Les agents de la Sécurité publique organisent des opérations destinées à détruire les maisons funéraires, constructions symboliques du changement de vie introduit par la religion « Duong Van Minh », qualifiée de « culte pervers » (Ta Dao) par le gouvernement. De plusieurs sources convergentes (1), on apprend que, dans la matinée du 24 novembre, les forces de la Sécurité publique ont lancé une opération contre le village de Na Heng, commune de Nam Vang (ou Nam Quang), district de Bao Lam, dans la province de Cao Bang, frontalière de la Chine. Dès la veille au soir, d’importantes forces de police avaient été rassemblées au chef-lieu du district. Lors de l’attaque, au matin avant l’aube, une quarantaine de H’mongs s’étaient porté à la hauteur de la maison funéraire pour essayer de la protéger. Selon les témoignages oraux rapportés par la population, 37 personnes auraient été blessées et 17 menottées et arrêtées par les forces de l’ordre. Celles-ci ont également confisqué toutes les caméras et les appareils photographiques.

Le 24 octobre précédent, le Comité populaire communal avait envoyé au notable du village de Na Heng l’ordre de démanteler la maison funéraire de la « religion illégale » Duong Van Minh. Cette injonction de l’administration locale avait soulevé la protestation et l’incompréhension de tout le village.

Pour le peuple H’mong, la maison funéraire est véritablement le signe le plus fort du changement de vie qu’ils ont effectué en 1989, date à laquelle ils ont adhéré à une nouvelle religion syncrétiste. A cette époque, les anciens rites funéraires, qui les obligeaient à vivre pendant sept jours avec leurs morts au sein de la maison, avaient été modifiés grâce à l’édification d’un funérarium commun où sont désormais vénérés les défunts.

Selon des observateurs indépendants, la religion Duong Van Minh est le fruit d’un syncrétisme entre les croyances traditionnelles des H’mongs et le christianisme. Dans la maison funéraire, on trouve une cigale, une grenouille et une croix. De nombreux articles parus dans la presse officielle décrivent cette religion comme un « culte pervers ». Un article, paru dans la revue Sécurité de la capitale, affirme d’abord que la religion Duong Van Minh ne serait qu’une nouvelle version d’une religion plus ancienne et plus générale, propre aux H’mongs, la religion Vang Chu qui annonce la venue d’un roi mystérieux (2). Le monde serait menacé par un grand cataclysme : pour un être sauvé, il faudrait adhérer à la religion Duong Van Minh.

(eda/jm)