Eglises d'Asie

L’avocat catholique Lê Quôc Quân comparaîtra devant un tribunal de seconde instance le 8 février 2014

Publié le 27/01/2014




L’avocat dissident, Me Lê Quôc Quân, aujourd’hui détenu dans une prison du Nord-Vietnam, sera jugé en appel le 8 février prochain. La nouvelle a été annoncée à l’avocat chargé de sa défense, le 22 janvier, par le Tribunal populaire suprême de Hanoi.

Des nouvelles du prisonnier politique ont été diffusées peu après la visite qu’a pu lui rendre sa famille, le 21 janvier. Au cours de cette rencontre qui a permis à ses proches de lui apporter quelque ravitaillement, le prisonnier a pu s’entretenir quelque temps avec eux. Selon son frère, Lê Quôc Quyêt, l’état de santé du prisonnier est satisfaisant.

Après sa condamnation en première instance, il a été placé dans une cellule où étaient déjà enfermés 24 prisonniers. La moitié d’entre eux sont d’anciens drogués. Ses parents ont aussi rapporté que l’avocat est seulement autorisé à lire deux journaux : l’organe national du Parti communiste vietnamien, le Nhân Dân, et l’organe de la Sécurité publique, l’An Ninh. D’autres lectures lui sont interdites, en particulier celle de la Bible, pour laquelle il a demandé en vain une autorisation.

Me Lê Quôc Quân avait été arrêté en décembre 2012. Son procès en première instance avait été annoncé pour le 9 juillet 2013. L’avocat s’y était préparé d’une façon toute spéciale. Quelques jours auparavant, il avait entamé une retraite spirituelle associant le jeûne et la prière. A la veille de la date prévue pour le procès, le tribunal avait annoncé que la juge devant diriger les débats était tombée malade et que le procès était reporté à une date ultérieure.

Il eut finalement lieu le 2 octobre 2013. L’avocat catholique fut condamné à 30 mois de prison ainsi qu’à une très lourde amende. Dans la sentence, aucune référence n’était faite à son activité militante critique à l’égard du pouvoir. L’accusation portait uniquement sur une prétendue fraude fiscale de l’entreprise dont il était le principal dirigeant.

Dès le lendemain du procès, l’ambassade des Etats-Unis au Vietnam avait publié un communiqué exprimant ses préoccupations au sujet des accusations comme de la sentence de 30 mois de prison prononcée à l’encontre de l’avocat dissident. Le communiqué dénonçait aussi l’utilisation de dispositions légales contre la fraude fiscale, à des fins de répression politique. Par la suite, de très nombreuses associations humanitaires ont rendu publique leur indignation devant la sentence portée contre l’avocat.

La fraude fiscale fut l’accusation officielle inscrite sur l’acte d’accusation et reprise dans le réquisitoire. Elle motiva la condamnation en première instance. C’est sur elle que, sans doute, porteront les débats du procès en appel. Mais peu de gens seront dupes, convaincus que le passé militant de l’avocat est, de toute évidence, à l’origine de sa condamnation. Ses écrits appelant à la liberté démocratique, sa participation au mouvement pour la liberté religieuse, aux manifestations contre l’expansionnisme chinois, son influence auprès des jeunes jouent très certainement un grand rôle dans l’acharnement de la justice à son égard, même s’il n’en est pas question dans le réquisitoire du procureur et dans la sentence des juges.

(eda/jm)