Eglises d'Asie

Douze jours de grève de la faim pourraient avoir altéré la santé du prisonnier politique Me Lê Quôc Quân

Publié le 14/02/2014




A quelques jours de son procès en appel, prévu pour le 18 février prochain, la santé de l’avocat catholique dissident, Me Lê Quôc Quân, suscite de vives préoccupations. La grève de la faim que poursuit le prisonnier depuis le 2 février l’a considérablement affaibli, a déclaré un de ses avocats qui vient de donner l’alerte (1).

Selon VRNs, l’agence d’information des rédemptoristes vietnamiens, ce dernier est venu lui rendre visite dans sa prison, le 14 février, pour préparer avec lui son procès. Il n’a pu le rencontrer. Un cadre de l’administration pénitentiaire lui a affirmé que le prisonnier politique ne le recevrait pas aujourd’hui et qu’il lui donnait rendez-vous au tribunal pour le procès. L’avocat s’est étonné de ce refus, sachant que Me Lê Quôc Quân avait exprimé le désir de le voir.

L’avocat catholique, ancien membre de la Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse de Vinh, arrêté à la fin de décembre 2012, avait été condamné à 30 mois de prison en octobre 2013 pour une prétendue fraude fiscale. Peu d’observateurs ont été dupes et la plupart ont conclu que le véritable motif de sa condamnation était son passé de militants social, de blogueur critique des injustices et de fervent défenseur de la démocratie et de l’intégrité territoriale de son pays.

C’est le 2 février dernier qu’il avait entamé sa grève de la faim. Elle avait pour objectif de faire aboutir plusieurs revendications qu’il estimait légitimes. Depuis le début de son internement, les autorités pénitentiaires ont constamment refusé de lui permettre de recevoir de sa famille une Bible et les livres de droit qu’il réclamait. Il demandait aussi à rencontrer un prêtre qui lui apporterait les sacrements et une aide spirituelle. Les ministres du culte, en effet, n’entrent guère dans les prisons vietnamiennes, sinon comme détenus. Cette grève a fortement affaibli les forces du prisonnier politique et l’on craint que ce soit là la vraie raison du rendez-vous manquée avec l’avocat.

Dans les confidences faites à ses proches, l’avocat catholique avait affirmé qu’il était prêt à continuer sa grève de la faim, même après le procès en appel, si celui-ci ne faisait qu’entériner la sentence prononcée en première instance.

Ces derniers jours, de nombreuses instances internationales, des associations et, plus particulièrement, les milieux catholiques dans le pays ont publiquement exprimé leur soutien à l’avocat dissident. Le 5 février, à Genève, la représentation du gouvernement américain a cité son nom et a demandé aux autorités vietnamiennes sa libération immédiate (2). Par ailleurs, les responsables de l’église Notre-Dame du Perpétuel Secours, rue Ky Dông, à Saigon, viennent d’annoncer que, dans la soirée du 16 février, une messe sera concélébrée aux intentions de l’avocat Lê Quôc Quân. Les participants seront invités à prier pour que le procès se déroule conformément à la vérité.

(eda/jm)