Eglises d'Asie

Une jeune étudiante patriote a été libérée à l’issue de son procès en appel tandis que son compagnon a vu sa peine allégée

Publié le 17/08/2013




C’est sans doute la première fois dans les annales de la justice vietnamienne depuis 1975. Au Tribunal populaire de Long An, le 16 août 2013, l’une des deux accusés, condamnée à six ans de prison ferme en première instance, a été libérée à l’issue du procès. En effet, la jeune étudiante patriote, Nguyên Phuong Uyên a vu sa peine réduite …

… à trois ans de prison avec sursis. La peine de huit ans de prison infligée à son compagnon, Dinh Nguyên Kha, en première instance a été réduite de moitié. Il est désormais condamné à quatre ans de prison.

Le 16 mai dernier, les deux jeunes gens avaient comparu, en première instance devant le Tribunal populaire de Long An. Tous les deux avaient été condamnés pour propagande contre l’Etat de la République socialiste du Vietnam. Il leur était reproché d’avoir produit et diffusé un certain nombre de documents dénonçant les empiétements de la Chine populaire sur la souveraineté du Vietnam. L’opinion publique s’était émue des lourdes condamnations qui avaient frappé ces deux jeunes gens et leur avait exprimé son soutien.

Cela aura été une autre originalité de ce procès en appel : aucun avocat n’est intervenu. Le seul défenseur ayant pu pénétrer dans la salle d’audience, Me Ha Huy Son, en est sorti au bout de 10 minutes. Il a rapporté que les deux accusés, sachant que la sentence avait été établie dès avant le procès, avaient demandé que les débats se déroulent sans représentant de la défense. Selon des rumeurs venues de la salle d’audience, dans sa défense qu’il a assurée lui-même, Dinh Nguyên Kha a demandé un allégement de sa peine, mais a refusé de se reconnaître coupable. Avec beaucoup de cran et de fierté, la jeune étudiante Nguyên Phuong Uyên a, elle aussi, plaidé sa propre cause. Elle a proclamé haut et fort son patriotisme et affirmé qu’elle n’était coupable d’aucune faute à l’égard de son pays et de ses compatriotes.

Dans la matinée, aux environs de 10 heures, le représentant du parquet avait prononcé un réquisitoire qui ne laissait pas prévoir le coup de théâtre final. Il avait certes requis une peine de cinq à six ans de prison pour Dinh Nguyên Kha (au lieu de huit ans de prison en première instance), mais il avait demandé aux juges de confirmer la peine de six ans de prison infligée à Nguyên Phuong Uyên en première instance.

La sentence qui a été prononcée par les juges peu après 16 heures avait sans doute été préparée à l’avance, comme le pensaient les accusés. Elle témoigne d’une double volonté. C’est d’abord, de la part des autorités, un refus de reconnaître l’innocence des deux jeunes gens : des peines de prison sont maintenues (quatre ans de prison pour Nguyên Kha et trois ans de prison avec sursis pour Phuong Uyên), accompagnées de trois ans de résidence surveillée pour chacun des accusés. Mais c’est en même temps un recul devant les très nombreux soutiens qui se sont multiplié dans tous les milieux, jusque et y compris au sein du Parti communiste. La jeune étudiante Phuong Uyên, très populaire dans l’opinion publique, est sortie libre du tribunal, à la surprise générale.

Peu de personnes avaient été admises dans la salle d’audience, à l’exception des parents (père et mère) des deux accusés. Tout au long de la journée, une vive tension avait régné à l’extérieur du tribunal. Une centaine de personnes étaient présentes, dont plusieurs blogueurs et dissidents connus, ainsi qu’un représentant de l’organisation américaine de défense des droits de l’homme Human Rights Watch. On a entendu crier des slogans en faveur des accusés : « Phuong Uyên, Nguyên Kha innocents ! », « Liberté pour Phuong Uyên et Nguyên Kha ! ». Mais aussi des mots d’ordre plus politiques : « A bas l’expansionnisme chinois ! », «A bas les détenteurs du pouvoir qui vendent leur pays ! ». Dans la matinée, les forces de l’ordre avaient procédé à un certain nombre d’arrestations avec beaucoup de rudesse. Presque toutes les personnes interpellées avaient été relâchées à la fin de journée (1).