Eglises d'Asie

Silence de la presse vietnamienne sur la visite du secrétaire général du Parti communiste vietnamien au pape Benoît XVI

Publié le 23/01/2013




Hier, dans la matinée du 22 janvier, au cours d’un voyage en Europe à la tête d’une délégation de dix membres du Parti communiste vietnamien, le secrétaire général Nguyên Phu Trong a rendu une visite imprévue au souverain pontife Benoît XVI. Immédiatement après la rencontre, un court communiqué de presse a été remis entre les mains des journalistes par le bureau de presse du Vatican : « Ce matin, le Saint-Père Benoît XVI a reçu en audience le secrétaire général du Comité central du Parti communiste du Vietnam, M. Nguyên Phu Trong. …

Ensuite, le secrétaire général et sa suite ont rencontré le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, ainsi que l’archevêque, Mgr Dominique Mamberti, chargé des relations avec les Etats. C’est la première fois que le secrétaire général du Parti communiste vietnamien rencontre le Souverain pontife et les hauts responsables de la secrétairerie d’Etat. Des entretiens cordiaux ont permis d’évoquer des problèmes intéressant les deux parties avec l’espoir que, dans peu de temps, une solution leur sera trouvée, qui permettra de renforcer les relations bilatérales. »

Cette visite, non annoncée, a diversement surpris les observateurs. Les familiers des usages romains ont relevé que cette rencontre avait eu lieu le mardi, jour où généralement Benoît XVI ne reçoit personne. Par ailleurs, on a fait remarquer que le rang du visiteur (secrétaire général d’un parti) l’écartait de la catégorie de personnalités politiques généralement reçues par le pape (chefs d’Etat ou de gouvernement). Les observateurs ont attribué cette rencontre exceptionnelle au vif désir du pape de parvenir à un accord sur l’établissement de relations diplomatiques avec le Vietnam.

Ce sont toutefois des raisons très différentes qui sont à l’origine de l’étonnement manifesté sur différents sites Internet indépendants en langue vietnamienne, notamment sur Vietcatholic News et sur VRNs, site des rédemptoristes du Vietnam. Les auteurs de certains commentaires publiés sur ces sites affirment que les dirigeants vietnamiens utilisent la bonne volonté et le prestige du Saint-Siège pour camoufler devant l’opinion publique internationale leurs manquements flagrants en matière de respect des droits de l’homme et, en particulier, du droit à la liberté religieuse. Les mêmes commentateurs affirment que ces visites de dirigeants vietnamiens à Rome n’ont jamais été suivies par une amélioration de la situation religieuse au Vietnam.

Dans les mois qui avaient suivi la visite, le 25 janvier 2007, du Premier ministre Nguyên Tân Dung auprès du pape, les catholiques avaient déploré l’arrestation du P. Nguyên Van Ly et une série d’affaires comme celles de la Délégation apostolique de Hanoi, du couvent de Thai Ha et bien d’autres. Il en avait été de même après la visite à Rome du chef d’Etat, Nguyên Minh Triêt, le 11 décembre 2009. Un mois plus tard, une croix monumentale de la paroisse de Dông Chiêm avait été abattue par la police.

A notre connaissance, la presse officielle vietnamienne, pour des raisons inconnues, a gardé un silence absolu sur cet événement. En date d’aujourd’hui, 23 janvier, une dépêche de l’agence officielle du Vietnam, parue sur le quotidien Saigon Giai Phong, fait un compte rendu détaillé de la visite du Premier ministre en Italie sans mentionner nulle part la visite au Vatican. Le même silence est observé par le quotidien VN Express, qui présente, le 22 janvier, un reportage photographique sur le voyage du secrétaire général en Italie, où l’on ne trouve aucune image de la visite vaticane.