Eglises d'Asie

POUR APPROFONDIR – Meurtre du P. Thomas : Mgr Moras répond aux partisans du « complot anti-kannada »

Publié le 07/04/2014




L’arrestation de deux prêtres et d’un ancien séminariste que la police du Karnataka a annoncé la semaine dernière être impliqués dans le meurtre du P. Thomas, a soulevé de fortes polémiques. Mgr Bernard Moras, archevêque de Bangalore, qui, dès le lendemain des faits, il y a maintenant un peu plus d’un an … 

…  avait demandé à ce que « lumière soit faite quoi qu’il en coûte » sur les raisons de l’assassinat de l’ancien recteur du Séminaire pontifical St Peter, doit affronter aujourd’hui les critiques de ceux qui l’accusent d’être au cœur d’un « complot contre l’Eglise du Kannada » (1). Les accusations ont pris ces derniers jours une telle ampleur que Mgr Thomas a rédigé la circulaire ci-jointe, datée du 5 avril 2014, afin de se disculper de ces différentes accusations et de « tenter d’apaiser les esprits » dans une affaire grave qui « concerne l’Eglise tout entière ».

La traduction est de la rédaction d’Eglises d’Asie.

 

Circulaire N° 118-A – Avril 2014

Sujet : derniers développements concernant l’affaire du meurtre du P. K. J. Thomas, ancien recteur du Séminaire pontifical Saint-Pierre

Chers Pères, Frères, Sœurs et fidèles en Jésus-Christ,

Lors de la réunion du Conseil qui s’est tenue le 5 avril 2014 à 16 heures, il a été décidé que j’enverrai les informations et clarifications suivantes concernant les récents développements de l’affaire du meurtre brutal du P. K. J. Thomas, ancien recteur du séminaire pontifical de Saint-Pierre, à Bangalore.

Une année a passé depuis l’assassinat du P. K. J. Thomas le 1er avril 2013. Chacun de nous a prié, non seulement pour le repos de l’âme du P. Thomas, mais aussi pour que les auteurs du meurtre de celui-ci puissent être appréhendés et que la vérité apparaisse dans toute sa lumière.

Le jour du meurtre, le commissaire de police de l’époque avait annoncé la mise en place de seulement quelques équipes chargées de l’enquête. A partir de ce moment, les policiers ont fait leur possible pour trouver les différentes causes et les mobiles qui seraient à l’origine du meurtre.

En plus de celles venant du Conseil des évêques du séminaire pontifical Saint-Pierre, il y avait également les demandes de la famille du P. K. J. Thomas, ainsi que celles des fidèles, adressées au ministre-président, au ministère de l’Intérieur et au département de la police, et les incitant à mener le plus rapidement possible les investigations nécessaires afin d’arrêter les coupables, étant donné que le meurtre du P. K. J. Thomas avait des conséquences considérables non seulement sur l’Eglise locale mais sur l’Eglise universelle ainsi que sur la communauté catholique au sens le plus large.

L’équipe d’investigation a rappelé le P. William Patrick, qui était en pèlerinage, pour les besoins de l’enquête. Le 21 mars 2014, cette équipe tenait une conférence de presse et annonçait l’arrestation de deux prêtres et d’un laïc afin de mener des investigations complémentaires.

Comme je l’avais expliqué plus tôt dans une précédente circulaire, je me trouvais à Rome depuis le 23 mars et ne suis revenu à Bangalore que le 4 avril au matin. Aujourd’hui, 5 avril, je me suis rendu avec le P. Archibald Gonsalves, supérieur provincial de l’Ordre des Carmes (OCD) ainsi que trois de ses prêtres, à la prison centrale, afin de rencontrer le P. William Patrick et le P. Elias. Nous étions aussi profondément attristés et malheureux qu’ils l’étaient. Ce qu’il leur arrive est réellement un grand malheur.

Je suis accusé par des membres du clergé et des fidèles d’avoir en tant qu’archevêque usé de mon pouvoir pour faire arrêter ces prêtres, et d’avoir essayé de me venger de ceux qui luttent pour la cause du Kannada. Cette accusation est totalement fausse et sans fondements.

Je voudrais que tout soit bien clair pour toutes les personnes concernées, spécialement les prêtres, les religieux et les fidèles laïcs : en tant que directeur du Conseil des évêques, j’avais demandé une enquête en urgence sur le meurtre du P. K.J Thomas. En aucun cas, je n’ai été impliqué, directement ou non, dans l’arrestation de qui que ce soit, et encore moins de prêtres.

Je n’ai jamais voulu, à aucun moment que des personnes innocentes soient accusées. Je m’attends bien plus à souffrir qu’à prendre une quelconque revanche…

Que Dieu juge ceux qui m’accusent faussement et injustement, trompant ainsi la foule des croyants et la communauté tout ensemble.

Mon séjour à Rome dans le cadre du Pastoral Health Care Meeting a été décidé en novembre 2013, lorsque la date de la réunion a été fixée. Mon billet d’avion était réservé depuis des mois. Il est calomnieux de relier mon récent voyage à Rome et les événements qui se sont produits par la suite.

De la même manière, l’annonce de la nomination du nouvel évêque de Shimoga le 19 mars dernier est une pure coïncidence (2). La date des nominations est fixée par Rome et nulle autre que Rome.

Il y a eu également une accusation contre moi selon laquelle j’aurais payé un pèlerinage à un grand nombre de prêtres, dépensant des milliers de roupies afin de les gagner à ma cause. Il s’agit d’une demande [de pèlerinage] qui est venue des prêtres eux-mêmes, lesquels voulaient organiser à l’occasion de leur Jubilé de diamant, un pèlerinage sur les pas de saint Paul. Cette proposition avait été discutée et approuvée par la réunion du Conseil du collège le 18 novembre 2013 et une commission comprenant Mgr C. Francis, le P. Anthony Swamy et le P. Edward David avait été mise sur pied afin de mettre en place le pèlerinage pour les prêtres de l’archidiocèse, répartis en deux groupes.

Je suis encore accusé, de façon récurrente, par quelques groupes de personnes (prêtres et laïcs) d’avoir cédé à l’équipe d’enquête de la police les courriers adressés au séminaire pontifical Saint-Pierre ou à moi. Lorsque la police judiciaire vous demande des courriers et autres correspondances, je doute que vous ayez un autre choix que celui de le leur fournir, ainsi que toutes les informations qui seraient utiles dans le cadre de l’enquête.

La principale raison de la circulaire que je vous envoie aujourd’hui est que je souhaite appeler tous les prêtres, religieux et fidèles à garder leur calme et à prier avec ferveur pour que les personnes responsables du meurtre du P. K. J. Thomas soient interpellées et condamnées. Aucune personne innocente ne doit être blessée ni sanctionnée. Je veux que la Vérité soit dévoilée dans l’intérêt de l’Eglise, du séminaire et de l’archidiocèse. Que la Lumière jaillisse et qu’elle puisse nous rendre libres !

En cette année de la réconciliation, alors que nous nous approchons de la Semaine sainte, puisse la Passion et la Mort de Notre Seigneur renforcer la foi de chacun d’entre nous et la Paix du Christ régner dans tous les cœurs que compte l’archidiocèse de Bangalore.

Lors de la rencontre d’aujourd’hui, les membres du Conseil du collège ont considéré qu’étant donné les circonstances actuelles et l’atmosphère qui en découlait, il était préférable de ne pas tenir de Consultation pastorale. En conséquence, celle-ci, qui devait avoir lieu le 10 avril prochain, est annulée par la présente. Cependant, la messe chrismale [du même jour, soit le 10 avril] sera bien célébrée à la cathédrale Saint-François Xavier à 17 h 00.

J’aimerais appeler tous les prêtres en paroisse, les responsables de communautés religieuses et d’institutions ainsi que tous les croyants à faire des prières particulières, par l’adoration eucharistique, la récitation du rosaire ainsi que par la pratique d’actes de charité, pour que Dieu permette à la Vérité de venir à la lumière et que soient restaurées la paix et l’harmonie dans l’archidiocèse.

Que triomphe la Vérité !

Avec tous mes souhaits les meilleurs et la bénédiction de Dieu.

Sincèrement vôtre

Mgr Bernard Moras,
Archevêque de Bangalore
 

(eda/msb)