Eglises d'Asie

Islam et identité nationale

Publié le 18/03/2010




Les pétrodollars ne suffisent plus à garantir la stabilité du plus petit et du plus riche Etat d’Asie du sud-est situé sur la partie nord de la grande île de Bornéo. Un taux de chômage en progression rapide et toutes sortes de problèmes sociaux ont forcé le sultan Hassanal Bolkiah à recourir à l’idéologie pour maintenir la cohésion sociale du pays.

Un nouveau credo national a donc été forgé qui met l’accent sur la race malaise, majoritaire dans le sultanat, la religion musulmane et la monarchie absolue. Ce concept de “Monarchie malaise musulmane” semble indiquer une évolution du sultanat vers une application plus stricte de la loi islamique. Il pourrait aussi signifier un regain d’influence des milieux musulmans conservateurs auprès du sultan.

Cet appel à un nationalisme islamique et malais pur et dur n’est pas sans inquiéter les 18% de la population qui sont d’origine chinoise et à qui n’est toujours pas accordée la possibilité de devenir citoyens de plein droit.

Pour promouvoir la nouvelle idéologie, le sultan n’a pas hésité à transformer son mode de vie. Connu dans le passé pour son train de vie extravagant et les fastes de son palais – il est l’homme le plus riche du monde – , il cherche aujourd’hui à donner l’image d’un monarque plus austère, pieux et sobre, proche de son peuple. Il voyage aussi beaucoup moins à l’étranger.

Beaucoup d’observateurs sont cependant sceptiques quant à la volonté affichée du monarque de faire de Brunei un Etat islamique. Ils notent que le sultan est toujours entouré de conseillers appartenant aux milieux “séculiers”, peu sensibles à la dimension religieuse. L’objectif réel serait plutôt, pensent-ils, de se rapprocher des milieux islamiques conservateurs pour mieux les contrôler. Par ailleurs, comme les partis politiques sont proscrits, ce pourrait être une manière d’établir un certain équilibre entre les diverses sensibilités politiques existant dans le pays.

Le taux de chômage a augmenté, passant de 3,6% en 1988 à 6% en 1989. Plus surprenant encore, un nombre croissant de personnes vit en dessous du seuil de pauvreté, disent les diplomates en poste dans le pays. Les drogues douces et l’alcool ont fait leur apparition dans la jeunesse en mal d’emploi.

Brunei compte 250 000 habitants environ. Quelques centaines de catholiques d’origine chinoise vivent dans la capitale Bandar Seri Begawan où ils ont une paroisse (1). A noter aussi la présence de plusieurs milliers d’employées de maison catholiques originaires des Philippines.