Eglises d'Asie

Saigon : chrétiens et bouddhistes fêtent les vétérans de l’armée du Sud-Vietnam

Publié le 02/05/2014




« Malheur aux vaincus ! » Depuis la chute de Saigon, le 30 avril 1975, les blessés et mutilés de guerre appartenant au camp de l’ancienne République (2ème) du Sud-Vietnam ont eu à subir cette cruelle et inhumaine loi de la guerre. Ils ont été ignorés, abandonnés et mis en marge de la société …

… par le pouvoir en place.

L’an dernier, pour la première fois, une initiative privée, émanant de la communauté rédemptoriste de Saigon et de la pagode bouddhiste Liên Tri située dans cette même ville, avait rompu avec presque quarante ans de silence et d’oubli, et avait bravé d’éventuelles représailles officielles. De nombreux blessés et mutilés de guerre furent accueillis dans les locaux du monastère rédemptoriste à l’occasion d’une journée appelée « Journée de reconnaissance envers les blessés et mutilés de guerre de la République du Vietnam ».

Selon les organisateurs, l’objectif principal de cette manifestation était de « restituer leur dignité à toutes ces personnes ayant combattu pour la défense de leurs compatriotes et ayant sacrifié pour eux une partie d’eux-mêmes ». C’est là une réalité historique qui devrait être reconnue par tous, a souligné un membre du comité d’organisation, le P. Dinh Huu Thoai, quel que soit le jugement porté sur la deuxième guerre du Vietnam (1960-1975).

Le 28 avril 2014, pour la deuxième fois, une rencontre avec les blessés et mutilés de guerre a été organisée dans les mêmes locaux. L’affluence a été très importante… 422 de ces anciens combattants s’étaient inscrits pour cette « journée de la reconnaissance ». Cinquante d’entre eux n’ont pas pu venir, soit qu’ils en aient été empêchés par la police, soit qu’ils n’aient pu se déplacer. Les organisateurs ont pu s’acquitter sans trop de mal des charges financières occasionnées par cette rencontre, à savoir les frais de la réception et les cadeaux offerts à chacun des participants. Les dons reçus de divers bienfaiteurs, au total 587 300 000 dôngs (20 000 euros), ont largement couvert les dépenses qui se sont élevées à 450 millions de dôngs.

Commentant cet événement, le P. Dinh Huu Thoai a fait remarquer que les autorités n’étaient pas venues troubler la rencontre même si, par ailleurs, elles avaient empêché un certain nombre de blessés et mutilés de guerre de se rendre à cette manifestation. Selon lui, les autorités auraient dû encourager cette initiative car la réhabilitation des anciens combattants du Sud-Vietnam et leur retour au sein des forces vives du pays constituent un grand pas dans la politique de réconciliation nationale, préconisées aujourd’hui par le gouvernement vietnamien.

De nombreuses personnalités étaient venues participer à cette rencontre. Parmi elles se trouvait Nguyên Huu Câu, récemment libéré de prison après 37 ans de détention. Il avait provisoirement interrompu son traitement à l’hôpital pour venir chanter l’une de ses compositions devant ses anciens compagnons de combat.

(eda/jm)