Eglises d'Asie

Cinq évêques et 200 prêtres célèbrent les funérailles d’un prêtre estimé pour sa valeur intellectuelle et sa sainteté

Publié le 19/06/2014




Samedi 14 juin, un faire-part envoyé par le responsable du groupe de traduction de la Liturgie des heures annonçait le décès d’une figure bien connue et très estimée du clergé du Sud-Vietnam, le P. Albert Trân Phuc Nhân. Mort dans la maison de retraite des prêtres âgés de Chi Hoa, …

… à la suite d’une crise cardiaque, le prêtre avait 82 ans et était dans sa 56e année le sacerdoce.

Sa vie a été consacrée à l’enseignement de l’écriture sainte au grand séminaire, à la traduction et au commentaire de la Bible dans le cadre du groupe de traduction de la Liturgie des heures, à partir de 1971, date à laquelle le groupe avait été fondé (1).

Ses funérailles ont été célébrées le 18 juin 2014, en l’église de Chi Hoa de Saigon, sous la présidence de l’archevêque de Saigon. Concélébraient quatre évêques de divers diocèses du pays et plus de 200 prêtres. Dans une longue homélie, l’archevêque a parlé des qualités exemplaires et rares de ce prêtre qu’il avait bien connu et dont il était ami.

Dans un texte écrit par lui en 2008, intitulé : « Quelques réflexions à l’occasion du 50e anniversaire de mon ordination sacerdotale », le P. Albert Trân Phuc Nhân avait retracé les grandes lignes de sa vie. A l’occasion de sa mort, ce texte a été republié sur le site Internet des sulpiciens du Vietnam.

Né le 25 novembre 1932 à Haiphong, Albert Trân Phuc Nhân était le septième d’une famille de douze enfants. Ceux-ci furent élevés par leurs parents dans un esprit profondément chrétien. Deux de ses aînés rentrèrent au petit séminaire, à l’âge de 11 et de 12 ans. Il ne tarda pas à les suivre. Au total, six des enfants de la famille répondirent à une vocation sacerdotale ou religieuse.

A 14 ans, le jeune Albert rentre au petit séminaire de Phat Diêm, où, se souvient-il, « la discipline était stricte et la formation morale rigoureuse ». En 1950, il est envoyé par l’évêque de son diocèse en Europe et placé dans un collège jésuite à Poitiers. Après l’obtention de son baccalauréat, ses supérieurs l’envoient à Rome, au Séminaire de la Propagation de la foi, où il accomplit six ans de formation sacerdotale. Il y côtoie des jeunes gens venus de cinquante pays et apprend de nouvelles langues, l’italien et l’allemand. Il est ordonné en 1959, peu après l’élection de Jean XXIII.

De 1959 à 1962, il étudie à l’Institut biblique de Rome, où il reçoit une solide formation d’exégèse biblique et se familiarise avec un certain nombre de langues anciennes, le grec, l’hébreu, araméen, etc..
En 1962, après cinq mois passés en Terre sainte, il est de retour au pays. Il commence à enseigner l’écriture sainte au grand séminaire de Huê. Ses confrères d’alors sont des sulpiciens français dont il admire la simplicité et la proximité avec les étudiants.

Il devient membre du groupe de traduction des heures liturgiques, dès la fondation de celui-ci, en 1971. Sa collaboration sera ininterrompue pendant 43 ans jusqu’à sa mort. En 1974, il vient résider dans le monastère de Mai Khôi des dominicains de la province de Lyon, sans interrompre son enseignement au séminaire de Huê.

La cérémonie des funérailles du P. Albert Trân Phuc Nhân a ainsi été l’occasion pour que se manifeste au grand jour l’estime dans laquelle le tenaient ses confrères. L’homélie de l’archevêque de Saigon a tracé de lui le portrait d’un enseignant très soucieux du devenir de ses élèves, d’un prêtre séculier qui, bien que n’ayant pas prononcé de vœux, les a mis en pratique dans sa vie. Particulièrement, il a voulu vivre pauvre, n’acceptant rien d’autre que les honoraires de messe qu’on voulait bien lui confier.

Avant la cérémonie des adieux, le P. Pascal Nguyên Ngoc Tinh, franciscain et responsable principal du groupe de traduction de la Liturgie des heures, a tenu à rappeler à l’assistance le travail effectué par le P. Trân Phuc Nhân à l’intérieur du groupe. Sa collaboration avait commencé alors qu’il n’avait encore que 39 ans (en 1971). Elle s’est prolongée jusqu’aux dernières heures de sa vie. Selon le P. Tinh, le P. Albert Trân Phuc Nhân ne relâchait jamais son effort et continuait ses recherches jusqu’à donner une forme parfaite à ses traductions. Un autre membre du groupe de traduction, le P. André Do Xuân Quê, dominicain, qui a vécu près de quarante ans auprès de lui, a déclaré à l’assistance : « Son décès est une grande perte pour nous ! C’était un savant, un chercheur qui a contribué grandement au succès de notre groupe, en particulier du fait de sa connaissance des langues anciennes » (2).

(eda/jm)