Eglises d'Asie – Népal
Un attentat à la bombe a fait deux morts et de nombreux blessés dans une église catholique de Katmandou
Publié le 25/03/2010
… et plus d’une quinzaine de blessés. Selon le témoignage de paroissiens, « le souffle [de la bombe] a littéralement projeté les gens en l’air ».
Le P. Silas Bogati, ancien curé de l’église de l’Assomption et directeur de la Caritas-Népal, qui célébrait la messe ce jour-là, en l’absence du prêtre en charge de la paroisse, est sous le choc : « J’ai vu le corps éventré d’une jeune fille (…). Nous ne comprenons pas pourquoi ils nous ont attaqués. L’Eglise catholique au Népal a toujours beaucoup donné à la société. Nous n’avons jamais critiqué aucun groupe ou communauté » (2). Un paroissien, Sunil Shrestha, raconte : « C’était horrible. La fumée avait envahit l’église pendant que les gens couraient dans tous les sens. Les blessés gisaient sur le sol, couverts de sang, et j’entendais les femmes et les enfants pleurer et appeler à l’aide. » Parmi les victimes, huit sont très sérieusement blessées, dont cinq dans un état grave (3).
Des tracts appartenant au groupuscule hindouiste « Nepal Defence Army », qui déclare lutter pour la restauration d’un Etat hindou, ont été retrouvés sur le sol du lieu de culte. Ce groupe, qui assure vouloir restaurer la monarchie abolie en 2008 et demande le départ des étrangers et des ONG du Népal, avait revendiqué l’année dernière l’assassinat du prêtre salésien John Prakash Moyalan à Sirsiya, dans l’est du pays, ainsi qu’un attentat à la bombe dans une mosquée qui avait causé la mort de deux personnes. La police a retrouvé sur place des éléments indiquant que la bombe avait été placée dans une cocotte minute au centre de l’église. Des témoins affirment avoir vu une femme déposer l’engin meurtrier, quelques minutes avant l’explosion.
« Bien que nous recevions des menaces par téléphone de ce groupe depuis environ six mois, nous n’avons pas pris cela au sérieux », a reconnu le P. Bogati. Selon AsiaNews, ces appels demandaient l’arrêt de toute activité catholique ou caritative sous peine d’en « subir les conséquences » (4). Mgr Anthony Sharma, vicaire apostolique du Népal, a déclaré à Ucanews que l’Eglise n’avait aucun ennemi : « Nous sommes en union de prière avec tous ceux qui sont morts, leurs familles, les blessés et les auteurs de ce crime. »
L’attentat a été commis alors que le gouvernement du Népal élisait son nouveau Premier ministre, en remplacement du chef maoïste Prachanda, dont la démission fracassante pour s’être vu refuser le limogeage du chef des armées avait déclenché une nouvelle crise politique rappelant les heures sombres de la récente révolution (5). Le nouveau Premier ministre népalais, Madhav Kumar Nepal, du Parti communiste népalais (CPN-UML (6), s’est immédiatement rendu dans l’église dévastée et a affirmé lors d’une conférence de presse que « les auteurs [de l’attentat] seraient bientôt arrêtés ».
Le lendemain du drame, les paroissiens se sont rassemblés dans l’église afin de prier pour la paix, signifiant leur refus d’une escalade dans la violence qui s’empare à nouveau de la jeune république himalayenne. Des pasteurs protestants se sont joints aux catholiques, accompagnés de personnalités politiques. Les représentants des principaux groupes hindous, musulmans et chrétiens ont condamné fermement l’attentat, tels Damodar Gautam, président de la section népalaise de la Fédération hindoue mondiale (WHF), Nazarul Hussein, leader musulman de la Nepal Islamic Organisation et secrétaire du Conseil interreligieux, ainsi que le chef religieux hindou Keshav Chaulagain.
Avec les prêtres catholiques, une trentaine de pasteurs protestants ont convenu avec Mgr Sharma d’organiser le 31 mai une grande manifestation pour la paix dans tout le pays.