Eglises d'Asie

La Commission épiscopale ‘Justice et paix’ appelle l’Eglise catholique à se montrer fidèle à l’option préférentielle pour les pauvres

Publié le 18/03/2010




Il faut que la hiérarchie de l’Eglise catholique opte pour les délaissés non seulement en principe mais concrètement, afin que les écarts de richesse en Corée cessent d’aller croissant. Tel est l’appel lancé par la Commission ‘Justice et paix’ de l’épiscopat catholique sud-coréen lors d’un séminaire organisé le 25 juin dernier dans les locaux de la cathédrale Myongdong de Séoul. (1). “Pauvreté et bien commun : pauvreté dans la société coréenne et rôle de l’Eglise” était le thème de ce séminaire qui réunit deux cents personnes.

Le principal intervenant, Thomas Han Hong-soon, un universitaire, membre de la commission épiscopale, a déclaré : “La hiérarchie ecclésiale devrait elle-même opter pour la pauvreté sous tous ses aspects. Ses responsables, en privé comme en public, devraient mettre en pratique cette option et inciter les chrétiens à faire de même.” Professeur d’économie, Han Hong-soon a souligné que l’inégalité des revenus s’est aggravée alors même que la croissance de l’économie était au rendez-vous. Il a expliqué le coefficient Gini, outil de mesure de la répartition du revenu par tête au sein d’une économie, était passé de 0,298 en 1996 à 0,358 en 2000 (2).

Han Hong-soon, qui fait partie, à Rome, du Conseil pontifical des laïcs, a rappelé que l’Eglise catholique “considère que la pauvreté ne résulte pas seulement de la malchance individuelle mais qu’elle est induite par des structures sociales injustes”. Il a appelé les chrétiens à intérioriser l’“option préférentielle pour les pauvres que ce soit à titre personnel ou collectif, non pas seulement par sympathie pour des pauvres pris isolément mais par un partage réel de la vie avec les pauvres.

Invité à intervenir devant les participants au séminaire, Baptist John Ro Kil-myung, professeur de sociologie, a insisté, en réponse à Han Hong-soon, sur la nécessité pour l’Eglise d’aller au-delà de la charité et de l’action sociale et de travailler à changer “les structures sociales injustes L’engagement de l’Eglise pour la justice a été “très limité a-t-il estimé.

Sour Jung Sun-ok, religieuse du Prado, a affirmé pour sa part que les laissés-pour-compte attendaient du reste de la société du respect plutôt que de la sympathie ou de la charité. Elle a insisté pour dire que personne ne pouvait vivre l’Evangile sans aimer les pauvres. Mais le clergé et les religieux ont, en termes relatifs, un niveau de vie tel qu’il leur est difficile d’être parfaitement solidaires avec les délaissés, a-t-elle ajouté. Observant que l’Eglise catholique coréenne était centrée sur la paroisse, elle s’est demandée si l’Eglise ne devait pas davantage tendre la main aux délaissés par le biais des paroisses.

Mgr Boniface Choi Ki-san, évêque d’Inchon et président de la Commission ‘Justice et paix’, a lui aussi évoqué la disparité croissante des revenus au sein de la société sud-coréenne et les problèmes induits par cette disparité. Il a cité le pape Jean-Paul II qui exprimait, dans son message à l’occasion de la Journée mondiale pour la paix en 2005 : “Le principe de la destination universelle des biens peut aussi rendre possible une approche plus efficace du défi de la pauvreté.”