Eglises d'Asie

Onze terroristes islamistes condamnés à mort : des chrétiens s’opposent à la sentence

Publié le 18/03/2010




Dans un contexte de tensions interreligieuses, exacerbées par les attentats du 26 novembre à Bombay et les violences antichrétiennes qui se poursuivent en Orissa, la Cour spéciale (1) de Bangalore, capitale du Karnataka, Etat du sud de l’Inde, a condamné à mort, le 28 novembre dernier, onze terroristes accusés d’attentats à la bombe contre des églises chrétiennes de plusieurs Etats en 2000 (2).Une sentence d’emprisonnement à vie a été également prononcée contre douze autres personnes impliquées dans les attaques.

Les attentats contre les églises de 2000 avaient fait de nombreux dégâts matériels et deux morts parmi les terroristes. Les attaquants étaient tous membres de l’organisation islamiste Deendar Anjuman (3). Les condamnés, aujourd’hui âgés de 28 à 58 ans, vivaient pour la plupart à Hyderabad, où le fils du fondateur de l’organisation, émigré au Pakistan, était venu préparer les attentats avec eux. Lors des interrogatoires, les accusés ont déclaré avoir été persuadés que les attentats « déclencheraient des émeutes entre les hindous et les chrétiens » et permettrait la transformation de l’Inde en un Etat islamique, rapporte Indian Catholic, site Internet de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CBCI).

 

L’Inde, qui applique très rarement la peine de mort, a été considérée comme un Etat abolitionniste de fait jusqu’en 2004, où, après presque dix ans de non-application de la peine capitale, l’assassin et violeur d’une adolescente a été exécuté par pendaison. Selon la Constitution indienne, le châtiment suprême ne peut être appliqué que pour des délits majeurs tels la conspiration contre le gouvernement, l’homicide, la récidive d’un trafic de drogue, l’incitation au suicide (4). Il s’effectue par pendaison.

 

Selon l’agence Ucanews, le 1er décembre, Mgr Bernard Moras, archevêque de Bangalore, a rappelé que l’Eglise catholique était opposée à la peine capitale « quelle que soit la gravité du crime ». Il a également ajouté que les Indiens plaçaient « leurs sentiments religieux bien au-dessus de leurs vies » et que ceux qui ont attaqué les églises « devront tirer les leçons de cette sentence». L’archevêque a noté que, bien que les auteurs des attaques à la bombe de 2000 soient tous musulmans, « les hindous qui attaquent les églises doivent se rappeler que la loi est applicable à eux aussi ».

 

Depuis août dernier, les hindouistes ont attaqué plus de 125 églises dans plusieurs Etats de l’Inde, accusant les chrétiens de pratiquer des conversions forcées. La vague de violences a débuté en Orissa où les attaques se poursuivent encore aujourd’hui, pour ensuite s’étendre, de manière ponctuelle, à un grand nombre d’Etats de l’Union indienne. Ainsi, au Karnataka, les 14 et 15 septembre 2008, 15 églises et lieux de culte avaient été la cible d’attaques.

 

Mgr Moras a également rappelé que les condamnés ont la possibilité de faire appel auprès de la Haute Cour de justice ; de plus, dans le système judiciaire indien, la peine capitale ordonnée par une Cour spéciale doit être confirmée par la Haute Cour de l’Etat, même s’il n’est pas fait appel. Il reste fréquent que des condamnations à mort soient commuées en peine d’emprisonnement à vie, comme cela a été le cas pour l’assassin du pasteur Graham S. Staines et de ses deux enfants en 1999.

 

Le Global Council of Indian Christians (GCIC), dont le siège se trouve à Bangalore, a, de son côté, instamment prié le gouvernement de commuer la peine de mort des 11 condamnés à l’emprisonnement à vie. Son président, Sajan K. George, a expliqué que s’il estimait juste « la notion d’une punition », les chrétiens ne pouvaient admettre la peine capitale car, pour eux, « la vie est un don de Dieu ». Le militant chrétien a déclaré que son association ferait appel au ministre-président du Karnataka et au président de l’Union indienne afin d’obtenir la clémence pour les 11 condamnés à mort.