Eglises d'Asie

A l’image du pays tout entier, l’Eglise catholique se mobilise pour les victimes du typhon Haiyan

Publié le 19/11/2013




Plus de dix jours après le passage du typhon Haiyan sur les Visayas, au centre du pays, la phase d’urgence n’est pas refermée. Du fait de la nature archipélagique du territoire philippin, des îles et des zones isolées sont toujours dans l’attente …

… d’une aide de première urgence, qu’il s’agisse de soins médicaux, de nourriture, d’eau potable ou d’abris temporaires. Les Nations Unies estiment que 13 millions de personnes ont été affectées par la catastrophe, dont quatre sont considérées comme des personnes déplacées, leurs habitations ayant été entièrement détruites.

Dans un contexte où même le décompte des morts et des blessés reste très largement incomplet, le pouvoir politique affirme sa mobilisation de tous les instants pour coordonner le travail de l’armée philippine et celui de la communauté internationale. Le défi logistique de l’acheminement sur place de l’aide qui afflue aux Philippines demeure toutefois considérable dans une région aux infrastructures détruites. Après s’être rendu pour la deuxième fois, dimanche 17 novembre, à Tacloban, le président Benigno Aquino a annoncé qu’il s’installait sine die dans cette ville, une des plus touchées par Yolanda, nom donné aux Philippines au typhon Haiyan. Il a déclaré vouloir veiller au plus près à ce que les secours soient mieux organisés. La presse philippine a ajouté que sa décision répondait aussi sans doute à deux autres motifs : ne pas laisser penser que l’Etat philippin était absent face aux grands acteurs internationaux de l’aide humanitaire, et corriger des propos maladroits tenus par lui peu après le passage du typhon où il sous-entendait que le nombre élevé des morts était dû à l’impréparation des élus locaux à l’approche du typhon.

Parallèlement aux initiatives présidentielles, l’Eglise catholique a appelé à la mobilisation générale pour venir en aide aux victimes de Yolanda. Dimanche 17 novembre, des messes ont été célébrées dans toutes les églises détruites ou endommagées par le typhon. Souvent l’eucharistie a été célébrée en plein air, sous la pluie qui tombait ce jour-là, les prêtres appelant les fidèles à la prière et à la communion, leur enjoignant, en ces temps d’épreuve, de résister à la tentation de rendre Dieu responsable de la catastrophe ou de voir dans le typhon un châtiment divin. Ailleurs, dans les régions non touchées par Yolanda, les évêques avaient donné pour consigne d’appeler à une « mobilisation générale » en faveur des victimes.

La Conférence épiscopale a ainsi invité chaque paroisse, organisation religieuse ou mouvement d’Eglise à « adopter » une paroisse ou une communauté affectée par la catastrophe. Mgr Socrates Villegas, archevêque de Lingayen-Dagupan, qui prendra ses fonctions de président de la Conférence épiscopale le 4 décembre prochain, a donné la liste de 32 paroisses du diocèse de Borongan et de 64 autres du diocèse de Palo, deux diocèses de l’île de Samar dont le territoire a été particulièrement touché, pour qu’elles soient jumelées avec d’autres paroisses du pays. « Face à la faim et aux maladies, on ne peut attendre. N’attendez pas le gouvernement. Nous devons tout essayer plutôt que de rester bloqués dans des impasses, face à des routes coupées ou des ponts effondrés. Nous devons être réactif et faire preuve de créativité pour faire parvenir notre aide », a expliqué l’évêque. Outre les secours matériels, des bibles ont été envoyées vers les Visayas.

A Manille, le cardinal Tagle a annoncé que ses diocésains avaient déjà réuni l’équivalent de 803 000 dollars US pour les secours aux régions centrales du pays. « Nous sommes unis à nos frères et sœurs qui souffrent », a-t-il déclaré, ajoutant à leur attention : « Vous n’êtes pas seuls et vous ne le serez jamais. » Dans la capitale philippine, où atterrissent nombre des avions qui évacuent depuis Tacloban des personnes qui ont tout perdu, les religieuses catholiques accueillent ceux qui ne peuvent trouver refuge auprès de proches ou des parents.

Localement, l’Eglise coordonne l’aide qui arrive du réseau Caritas. Le 17 novembre, le cardinal Theodore McCarrick, 83 ans, archevêque émérite de Washington DC, était à Palo pour célébrer la messe aux côtés de Mgr John Lu, archevêque de Palo, dans une cathédrale dont le toit avait été en grande partie arraché par le typhon. Président de Catholic Relief Services (CRS), la Caritas américaine, le cardinal a annoncé que l’aide de l’organisation, soit une vingtaine de millions de dollars, serait consacrée aux victimes de Palo et des localités avoisinantes. A Palo, ville de 63 000 habitants située au sud de Tacloban, les destructions sont considérables, et les infrastructures de l’Eglise n’ont pas été épargnées, que ce soit la cathédrale, la résidence épiscopale ou bien les séminaires.

Riches ou pauvres, tous les Philippins de la partie centrale du pays ont été touchés par la catastrophe, sans distinction. Ce 19 novembre, le quotidien The Philippine Daily Inquirer rend ainsi compte du désarroi du sénateur Ferdinand ‘Bongbong’ Marcos, fils de feu le dictateur Ferdinand Marcos (1917-1989) et de l’ex-Première dame Imelda Marcos, aujourd’hui membre de la Chambre des représentants, découvrant leur propriété détruite par Yolanda. Située au sud de Palo, sise au milieu d’un domaine de 42 hectares en front de mer, dotée d’un terrain de golf, la Grand Olot Mansion, dix-sept chambres, a été entièrement ravagée par les flots qui ont envahi les terres le 8 novembre dernier. Il y a trois ans, un jugement de la Cour suprême avait ordonné que cette propriété, suspectée de faire partie des biens mal acquis par l’ancien dictateur, au pouvoir de 1965 à 1986, soit rendue à sa propriétaire, Imelda Marcos.

(eda/ra)