Eglises d'Asie

La police s’acharne contre une communauté protestante mennonite

Publié le 11/11/2014




Depuis plus de deux semaines, divers sites et blogs indépendants en langue vietnamienne font état du harcèlement constant subi par une communauté mennonite établie à My Phuoc, dans la province de Binh Duong. A plusieurs reprises, des bandes de voyous, fortement soupçonnés d’être manipulés par …

… les autorités policières, ont empêché les rassemblements religieux, semé le trouble dans la communauté et ont même pénétré à l’intérieur du lieu de culte. La raison de cette animosité a été exposée par le représentant du Bureau régional des Affaires religieuses. Cette présentation a été reprise dans les médias locaux. Cependant, les pasteurs protestants responsables de la communauté réfutent vigoureusement la version officielle des faits.

L’agression la plus récente a eu lieu dans la soirée du 2 novembre 2014. Les trois pasteurs en charge de la communauté mennonite de My Phuoc ont signé, le jour même, un appel à l’aide à destination des communautés catholiques et des autres religions. Selon ce texte, ce jour-là, leur communauté subissait, par voyous interposés, une nouvelle agression des autorités locales.

Selon l’appel à l’aide, plusieurs centaines d’hommes de main de la police ont mené l’attaque. Arrivés en motocyclette, le visage masqué par des cagoules, ils ont pénétré à l’intérieur du complexe de bâtiments de la communauté, ont lancé des pierres à l’intérieur de la chapelle et ont dispersé l’assemblée. Les locaux ont été dégradés et il y a eu plusieurs blessés. L’agression a duré quatre heures, de 16 à 20 heures.

Cette attaque était loin d’être la première. Selon les pasteurs, depuis le mois de juin 2014, il y a eu au moins dix tentatives policières pour empêcher les fidèles de se rendre à l’assemblée religieuse ou empêcher celle-ci de se dérouler.

Un représentant du Bureau provincial des Affaires religieuses a fait connaître son point de vue. Il a été rapporté par Radio Free Asia (émissions en langue vietnamienne) du 9 novembre dernier. Le fonctionnaire s’est ainsi exprimé au sujet du lieu de culte : « Ce lieu d’activité n’est pas celui des ouvriers qui habitent la région (qui est une zone industrielle). En réalité, on a fait venir sur les lieux un certain nombre de Montagnards des Hauts Plateaux pour qu’il y ait une activité religieuse. La population de la région n’a pas manifesté le besoin d’activités religieuses. » A des questions posées plus tard par Radio Free Asia, ce même représentant a déclaré que, si ce besoin existait, la communauté mennonite pourrait mener ses activités librement. C’est le cas, a-t-il dit, pour de nombreuses communautés religieuses établies dans la région.

Il a aussi affirmé qu’il n’y avait pas eu de violences de la part des autorités. Selon lui, les membres de la communauté mennonite se seraient battus entre eux et auraient appelé la police, qui ne s’est pas dérangée. Cette version des faits a été reprise et diffusée par la presse régionale.

Ce point de vue a été rapporté aux pasteurs responsables de la communauté et ces derniers ont affirmé qu’il n’était en rien conforme à la réalité. Ils ont mis en relief les erreurs et les calomnies répandues par le Bureau des Affaires religieuses et la presse. Ils ont aussi résumé l’histoire de la communauté mennonite locale.

La communauté mennonite s’est établie dans cette région en 2007. En 2011, le pasteur responsable a dû s’enfuir en Thaïlande. Il a été remplacé par le pasteur Trân Minh Hoa, actuellement chargé de la communauté. Celle-ci est formée d’une quarantaine de croyants. Il faut y ajouter une quarantaine de jeunes gens poursuivant des études dans l’école d’Ecritures saintes établie dans les mêmes lieux. Des assemblées ont lieu régulièrement toutes les semaines.

Selon le pasteur, l’Eglise mennonite a accompli toutes les formalités nécessaires pour obtenir la permission de mener des activités. L’autorisation n’a jamais été accordée. Il y a un peu plus de deux semaines, les autorités ont décidé d’interrompre les assemblées hebdomadaires en utilisant des hommes de main pour interdire les offices, empêcher les rassemblements et dégrader les bâtiments (1).

(eda/jm)