Eglises d'Asie – Philippines
Cardinal Tagle : « C’est le moment de montrer que l’amour est plus fort que les tremblements de terre ou les typhons »
Publié le 14/11/2013
S’exprimant le 12 novembre au micro de Radio Vatican, le cardinal Tagle, archevêque de Manille, n’a pas caché son émotion face à l’étendue des destructions et au nombre des victimes. « Pour être honnête avec vous, je pense que je ne suis pas le seul à dire qu’à chaque fois que nous regardons ces images de destruction, nous restons sans voix », a-t-il déclaré, ajoutant que, si peu de jours après le passage de Yolanda (le nom local donné au typhon Haiyan), les Philippins, pour ceux qui n’ont pas été directement touchés par la tempête, « en étaient encore à se remettre du choc émotionnel et psychologique ». Quant aux Philippins de Leyte, de Samar et de toutes les îles touchées par le typhon, le cardinal a précisé que la destruction des infrastructures, notamment de communication, rendait encore impossible l’établissement d’un bilan définitif. Cinq jours après le 8 novembre, l’Eglise était ainsi encore sans nouvelle de certains évêques et de bon nombre de ses prêtres et religieuses, ceux qui étaient présents au cœur des régions les plus touchées.
Pour le cardinal toutefois, l’abattement et la sidération face à la catastrophe n’ont qu’un temps et les signes concrets de la mobilisation tant des Philippins eux-mêmes que de la communauté internationale pour venir en aide aux victimes sont « une consolation ». « Je suis profondément consolé quand je vois et entends les témoignages de foi, tout spécialement ceux qu’expriment des victimes qui ont perdu leurs proches. Ils se tournent vers Dieu, et disent que c’est en Dieu que se trouve notre espérance », a témoigné Mgr Tagle.
De plus, dans une lettre à son diocèse, le cardinal Tagle a appelé chacun à passer toute la journée du samedi 16 novembre en pénitence, dans le recueillement et le jeûne. Une journée de prière comme expression de la communion et de la solidarité avec les Philippins « qui souffrent, sont affligés ou déboussolés par la succession des calamités qui affectent le pays ». Après tant de désastres, nul ne peut penser d’abord à lui, mais doit se tourner vers les autres, explique le cardinal. « Il est temps de consoler et de prendre notre voisin dans les bras. Il est temps de montrer que l’amour est plus fort que les tremblements de terre ou les typhons. C’est par l’amour que les vies humaines seront restaurées et que notre nation sera reconstruite », écrit Mgr Tagle.
A travers la Conférence épiscopale, l’Eglise catholique, qui réunit plus de 80 % de la population du pays, a par ailleurs fait savoir que la campagne de solidarité du Carême 2014 sera entièrement dédiée au soutien des projets de reconstruction des zones détruites par le typhon. Dans toutes les églises, des quêtes ont été organisées afin de réunir des fonds destinés à la Caritas locale. A chaque fois, ces appels à la solidarité concrète ont été accompagnés d’une invitation à la prière et au soutien spirituel des victimes. Ainsi, tous les croyants ont été invités par les évêques à une neuvaine de prière tandis qu’il était demandé aux prêtres d’offrir pendant ces neuf jours les intentions de prière des messes pour les victimes du typhon et leurs familles. Des diocèses ont adopté des paroisses ou des communautés frappées par Yolanda. Celui de Lingayen-Dagupan a annoncé que son aide, « qui se poursuivra sur le long terme », ira aux communautés de Guiuan, la première île qui se trouvait sur la trajectoire du typhon et qui paraît avoir été totalement ravagée.
Face à l’afflux de secours et d’argent qui s’annonce en provenance de la communauté internationale, l’Eglise a aussi appelé à la prudence, en demandant que chacun veille à ce que les fonds soient distribués de manière transparente. Mgr Broderick Pabillo, évêque auxiliaire de Manille et président du secrétariat pour l’Action sociale de la Conférence épiscopale, a rappelé le 12 novembre qu’en 2009, des aides financières destinées à venir au secours de victimes de deux typhons avaient été détournés au profit de projets gouvernementaux qui se sont révélés être des voies de détournement de fonds. Des ONG à l’activité factice avaient été mises en place par des intermédiaires malhonnêtes, a expliqué Mgr Pabillo, qui a déclaré : « Nous appelons le gouvernement à se montrer honnête et transparent parce qu’il se peut que tout cet argent soit gâché (…). Nous demandons à nos centres d’action sociale de rendre compte de chaque don reçu et nous encourageons chacun à faire de même. »
(eda/ra)