Eglises d'Asie

POUR APPROFONDIR – « Eglise et autorité civile agissent chacune en leur domaine, dans le rôle et la mission qui leur sont propres »

Publié le 19/11/2014




Interview du président de la Conférence épiscopale sur la sécurité routièreLe 9 novembre dernier, un communiqué officiel a fait état d’un accord conclu entre le président de la Conférence épiscopale et le Comité national pour la sécurité routière. L’accord prévoit la participation du clergé et …

… et des communautés religieuses à une campagne générale de prévention destinée à assurer la sécurité sur les routes du Vietnam. Le texte officiel de l’accord cosigné par les deux parties a été publié sans aucun commentaire. Une récente interview de Mgr Paul Bui Van Doc, archevêque de Saigon et président de la Conférence épiscopale, est venue combler cette lacune. L’archevêque a répondu aux questions posées par la Commission épiscopale des communications sociales. On lira ci-dessous le texte de l’interview (1), traduit du vietnamien par la rédaction d’Eglises d’Asie.

Dimanche dernier, 9 novembre, au nom de la Conférence épiscopale, vous avez signé avec le Comité national pour la sécurité routière un programme destiné à coordonner et à lancer la mobilisation du clergé, des religieux et des fidèles catholiques afin qu’ils contribuent à établir le bon ordre et la sécurité de la circulation. Quelle est la signification de cette signature ?

Mgr Paul Bui Van Doc : L’Eglise catholique au Vietnam agit ainsi en conformité avec l’orientation pastorale actuelle de l’Eglise dans le monde entier, celle qui nous a été dictée par le concile Vatican II. Ce dernier nous a enseigné que « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne se trouve dans leur cœur » (Gaudium et spes).

En outre, comme l’a rappelé récemment notre pape François, l’Eglise de Jésus doit s’arracher à ces lieux où elle se tient calfeutrée dans le confort et la sécurité pour s’aventurer dans les faubourgs et les périphéries, où les valeurs évangéliques ne sont pas encore présentes. L’un de ces faubourgs, c’est celui des réalités culturelles et sociales encore pleines de l’obscurité de la mort. Participer aux programmes de mobilisation de la population en général et des catholiques en particulier pour la sécurisation de la circulation routière est une activité concrète actualisant l’annonce de l’Evangile du Christ Jésus et les recommandations du Souverain Pontife citées plus haut.

Parmi les très nombreux programmes concernant la société, pourquoi l’Eglise choisit-elle de s’engager par signature sur ce programme précis ?

Il y a quelques jours, j’ai reçu une lettre d’un spécialiste ougandais appartenant à l’organisme Road Safety and Workplace Safety Analyst / Volunteer. Cette lettre était adressée à tous les cardinaux, archevêques et évêques appartenant à la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC). Elle leur rappelait qu’actuellement le nombre de morts par accidents de la route était en augmentation et plus spécialement en Asie, qui est le continent où le plus grand nombre de voitures sont produites et mises en circulation. Plus que jamais, il est nécessaire de diffuser la doctrine sociale de l’Eglise sur ce problème. En fait, celle-ci est contenue dans un document intitulé : « Guide pour un souci pastoral de la route », publié le 24 mai 2007 par le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement. Le cardinal Renato Raffaele Martino, président du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’ lorsqu’il a présenté ce texte, a formulé ainsi sa conception des choses : « L’Eglise et l’Etat, chacun dans son domaine, doivent s’efforcer de susciter dans la population une prise de conscience commune du problème de la sécurité routière et user de tous les moyens possibles pour dispenser une éducation susceptible de conduire à cette prise de conscience les personnes utilisant des véhicules, les touristes en voyage, les piétons. »

An outre, depuis le mois de mai 2011, les Nations Unies ont lancé une « décennie d’action pour la sécurité routière (2011-2020) » à l’intention du monde entier. Le Vietnam est un membre actif de l’organisation des Nations Unies.

Au Vietnam en général, à Hô Chi Minh-Ville en particulier, les gens qui se déplacent sur les routes, sur les chemins piétonniers comme sur les chemins de fer ne sont pas encore très conscients du problème des accidents de la route. C’est pourquoi, il ne s’agit pas d’un problème concernant seulement la société mais aussi l’éducation de la conscience morale, de la conscience tout court, du respect dû à la vie humaine.

Concrètement, pour la mise en pratique de l’association proposée, y a-t-il un point sur lequel vous voudriez attirer l’attention ?

Lorsque le gouvernement a proposé cette association pour cette tâche consistant à informer et à mobiliser les fidèles afin qu’ils participent à l’établissement de l’ordre et de la sécurité dans le domaine de la circulation routière, j’ai considéré qu’il n’y avait pas d’obstacle à cela ; au contraire, il s’agissait d’une tâche digne d’être accomplie. Il est seulement nécessaire de dire que, durant cette coopération, l’Eglise et l’autorité civile agissent, chacune dans leur domaine, dans le rôle et la mission qui leur sont propres. Pour l’Eglise, l’important c’est l’éducation de la foi, une foi incarnée dans tous les aspects de la vie humaine. Il s’agit ici de la mise en application de la doctrine concernant la valeur de la vie humaine.

Cependant, il ne convient pas de consacrer la totalité d’une homélie à expliquer dans un langage totalement profane le contenu des lois de notre société. En effet, prêcher, c’est expliquer les lectures des Ecritures saintes de la liturgie du jour. L’homélie fait partie de la structure de la liturgie de la parole de Dieu. Elle doit être consacrée à parler de Dieu et de son plan de salut pour que l’homme puisse vivre, vivre pleinement, un plan de salut qui s’est accompli dans le Christ, notre Seigneur (…).

(eda/jm)