Eglises d'Asie

Les évacuations ont limité le coût humain du passage du typhon Hagupit

Publié le 08/12/2014




Selon la Croix-Rouge philippine, 24 personnes ont trouvé la mort – dont 21 dans la province de Samar-Ouest – depuis que le typhon Hagupit (Ruby selon sa dénomination philippine) a commencé à traverser le pays. Perdant de sa puissance et désormais classifié comme « tempête tropicale », il provoque cependant …

… de très fortes pluies, lesquelles se déversent désormais sur Manille et ses douze millions d’habitants.

Attendu depuis plusieurs jours et suivi heure après heure par l’agence de météorologie nationale, le typhon Ruby présentait tous les attributs d’un « super-typhon », semblable à celui qui avait ravagé toute une partie des Visayas, la région centrale de l’archipel, le 8 novembre 2013. A peine remis de ce typhon exceptionnellement violent et meurtrier (près de 8 000 morts), le pays s’attendait à une nouvelle catastrophe. Celle-ci a bien eu lieu dans la mesure où, lorsque le typhon a touché terre, à Dolores, localité de la province de Samar-Ouest, les vents soufflaient à 240 km/h et la mer s’est engouffrée dans les terres.

Mais il semble que les évacuations préventives de population, décidées par les autorités locales vendredi dernier, aient permis de limiter le nombre des victimes. Selon les informations données par la presse philippine, seize personnes ont péri noyées dans un village tandis que les autres décès seraient principalement dus à des chutes de cocotiers.

Sur l’île de Leyte, affectée au premier chef par le typhon Yolanda de l’an dernier, les habitants étaient soulagés d’avoir échappé au pire. Les vents ont soufflé très forts et les pluies ont été torrentielles mais, aujourd’hui, lundi 8 décembre, les gens étaient de retour chez eux pour réparer les dégâts, sous un soleil éclatant. Dans la ville de Palo, voisine de celle de Tacloban, où le typhon Yolanda avait touché terre, l’archidiocèse avait ouvert à la population le « Pope Francis Center ».

Ce dernier, financé par le Saint-Siège, est composé de plusieurs bâtiments, situés au pied de l’archevêché ; encore non achevé, il doit à terme abriter un orphelinat, une maison pour personnes âgées et une clinique. Ce week-end, il a servi d’abri temporaire à plus d’une centaine d’habitants de la côte, des femmes et des enfants pour la plupart, qui avaient fui leurs habitations trop exposées. Le 17 janvier prochain, c’est le pape François en personne qui viendra inaugurer ces locaux, lors de la visite de quatre jours qu’il effectuera aux Philippines.

Sur l’île de Samar, qui jouxte au nord l’île de Leyte, le diocèse de Catarman fait savoir que quelque 14 000 personnes ont trouvé refuge dans différents édifices de l’Eglise, que ce soit des églises paroissiales, la cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation ou bien encore le Centre diocésain de Catarman.

A Manille enfin, le NASSA (National Secretariat for Social Action, Justice and Peace), Caritas des Philippines, a annoncé avoir débloqué deux millions de pesos (36 500 euros) et lancé un appel à la solidarité auprès des 85 diocèses du pays pour financer une aide d’urgence en faveur des personnes affectées par le typhon Ruby.

La mobilisation de l’Eglise vient s’ajouter à celle des autorités publiques. Dans les régions directement touchées par le typhon, l’armée a contribué à sécuriser les zones évacuées par les populations. Trente millions de personnes vivent dans les régions traversées par la tempête, et le gouvernement a annoncé que les évacuations de population ont concerné un million d’habitants. Selon Gwendolyn Pang, secrétaire générale de la Croix-Rouge philippine, « le danger est maintenant derrière eux ; c’est un vrai soulagement parce que l’appréhension était vraiment très forte, tout le monde ayant en tête ce qui s’est passé il y a un an avec Yolanda, mais la région de Manille n’est pas encore sortie d’affaire ».

Selon l’agence de météorologie philippine, le typhon a perdu de sa puissance en passant au-dessus des terres. Les vents sont tombés à 105 km/h, avec des pointes à 135 km/h et la vitesse de déplacement du typhon a ralenti. C’est d’ailleurs ce ralentissement qui désormais est facteur d’inquiétude. En effet, en ralentissant sa progression, la tempête reste plus longtemps sur zone et le volume cumulé des pluies qui s’abat sur le sol augmente encore. Des inondations sont à craindre à Manille et dans sa région.

(eda/ra)