Eglises d'Asie

PAYS ECLATE, SOCIETE ECARTELEE, EGLISE DEBOUSSOLEE ? (L’Eglise catholique aux Philippines face au défi social)

Publié le 18/03/2010




Avant-propos

Octobre 2001 au sanctuaire Marie Reine de la Paix, le long de la fameuse avenue EDSA (Epifano de Los Santos) qui balafre Manille : comme chaque jour ou presque, plusieurs centaines de fidèles se massent dans la chapelle construite sous l’imposante statue de la Vierge. Juste derrière, le grand centre commercial Robinson’s bruit des réclames et de la musique des restaurants fast-food. Devant, l’autoroute déverse son flot de voitures vers le nord de Luzon, la grande île de l’archipel. Lieu de prédilection des grandes manifestations démocratiques philippines (1), l’église d’EDSA est au confluent de ce pays réel avec lequel la conférence épiscopale craint parfois de perdre le contact (2). Un peu au sud, le quartier moderne de Mandaluyong incarne les Philippines qui, bon gré mal gré, s’évertuent à surfer sur les vagues de la mondialisation. La Banque asiatique pour le développement (BAD) y a son quartier général. Trois centres commerciaux se disputent la clientèle de la classe moyenne. Au moins cinq hôtels de luxe se font concurrence pour accueillir les hommes d’affaires de passage et les mariages des riches familles de Manille, habituées aux réceptions fastueuses. Plus au nord en revanche commence Quezon City. Quezon et son bidonville de Payatas où officie, entre autre, le missionnaire argentin Orlando Norniella. C’est dans cette frange très pauvre de Manille que se trouvent encore les plus forcenés des partisans de l’ancien président destitué Joseph Estrada. Là, l’Eglise catholique officielle hésite, voire patine. Lorsque le cardinal Sin a émis, au printemps, une lettre pastorale condamnant l’ancien chef de l’Etat jugé “moralement inapte” à continuer d’exercer ses fonctions, le P. Norniella a abdiqué (3). Il a téléphoné à l’évêque auxiliaire de la capitale Teodoro Bacani pour lui demander conseil car il avait peur de lire le texte devant ses paroissiens. “Je lui ai conseillé de laisser tomber, se souvient ce dernier. Le travail social effectué depuis des années à Payatas ne méritait pas d’être mis en danger pour une déclaration.”

L’Eglise catholique est partout aux Philippines. Elle est l’un des principaux fils rouges de l’histoire de cet archipel où la colonisation espagnole imposa, à partir du XVIe siècle, ses prêtres et ses églises à une population animiste et pour partie musulmane. L’islam était arrivé aux Philippines 150 ans plus tôt. Il avait conquis ses franges méridionales ou il subsiste toujours en force : dans les îles de Mindanao, Sulu, Palawan. Il s’était aventuré jusqu’à Cebu et Luzon (4). Mais la puissance des colons espagnols a vite eu le dernier mot. Les Philippines sont devenues le seul pays majoritairement catholique d’Asie. Tellement catholiques que même les experts n’en reviennent pas : tous les sondages effectués par l’institut Social Weather Station (5) démontrent que les 82 % de catholiques de l’archipel comptent parmi les plus orthodoxes de la planète. En matière d’organisation ecclésiale, la grande majorité d’entre eux est conservatrice. Les catholiques philippins sont encore moins prompts aux réformes et aux aménagements dogmatiques que les Polonais… “Le pays où Dieu est roi” titrait récemment l’hebdomadaire de Hongkong Far Eastern Economic Review.

Mais l’Eglise est aussi, en soi, un archipel aux Philippines. Et cet archipel repose sur un ciment : la foi populaire, l’attachement à la parole du Christ que les inégalités sociales menacent parfois d’effriter. Le but du document qui suit, on l’aura compris, n’est ni d’être exhaustif, ni d’être balancé. Il est de poser les questions que les évêques philippins eux mêmes se posent, sans toujours parvenir à y répondre. Comment répondre aux aspirations d’une population de plus en plus multiforme, travaillée de l’intérieur par des aspirations de plus en plus contradictoires ? Un seul exemple : près de sept millions de Philippin°e)s travaillent à l’étranger. Le résultat : beaucoup d’argent envoyé par la poste ou transfert bancaire qui, au quotidien, fait vivre le pays. “Il ne faut pas s’inquiéter. Puisqu’ils envoient leurs dollars, ces Philippins restent partie intégrante de la communauté nationale”, se réjouissait avec indécence devant nous un haut responsable de l’administration actuelle en juin dernier. Car les Philippines d’aujourd’hui posent à l’Eglise catholique un défi social multiple. Il ne s’agit plus, seulement, de militer pour la réforme agraire auprès des grands propriétaires. Il s’agit, pèle mêle, d’éviter la marginalisation des populations défavorisées, de prévenir le risque d’affaissement des mœurs qui résulte souvent d’une culture occidentale trop vite importée et mal digérée, d’éduquer les enfants dont les mères, infirmières ou secrétaires dans les Emirats arabes unis ou au Koweït, ne reviennent qu’une fois tous les deux ans, d’épauler les embryons de syndicats libres (c’est à dire, pas trop manipulés par le patronat ou par des groupuscules politiques) pour défendre leurs droits sociaux. “L’Eglise n’est pas débordée parce qu’elle s’est trompée. Elle est débordée parce qu’elle est un pompier trop sollicité”, confie le P. Quittorio, responsable des nouvelles technologies et des nouveaux médias pour la conférence épiscopale (6). L’Eglise, en somme, est secouée par les mêmes convulsions que le pays.

Les économistes occidentaux croyaient que la crise financière asiatique de 1997-1998 marquerait un vrai tournant. Ils pensaient que la mise en accusation du népotisme à l’œuvre partout dans la région par le Fonds monétaire international (FMI) ouvrirait une brèche dans laquelle s’engouffreraient ONG, mouvements sociaux, intellectuels. Ils se sont trompés et les Philippines en fournissent l’exemple. Le président Fidel Ramos, crédité d’une bonne image de gestionnaire, a dû céder la place après un seul mandat comme la Constitution l’impose. Son successeur, l’ancien acteur Joseph Estrada, a quitté sans gloire le palais de Malacanang en début d’année, sous la pression populaire canalisée par l’Eglise et sa figure de proue, le cardinal archevêque de Manille, Jaime Sin. L’actuel chef de l’Etat, Gloria Magapagal Arroyo, gouverne sans trop d’entraves, après avoir remporté de justesse les dernières élections sénatoriales. Mais quid des rapports de force à l’intérieur du pays ? Ils n’ont pas changé. Mettons de coté le personnel politique et les élus qui, eux, apparaissent, disparaissent… et réapparaissent plus en fonction de l’argent investi dans leurs campagnes qu’au gré de leur popularité et de la pertinence de leurs idées. Ceux qui tirent les ficelles économiques sont les mêmes qu’avant la crise. Comme les évêques, ils restent en place alors que le pays réel, lui, évolue. Les investisseurs étrangers se tiennent davantage à l’écart des Philippines. Le tourisme est en perdition en raison des prises d’otages par les groupuscules musulmans Abu Sayyaf. L’institution ecclésiale est confrontée au même problème que les autres institutions nationales : elle ne sait pas quel pays écouter car il y en a plusieurs.

Le sous-titre de ce document : “L’Eglise catholique aux Philippines face au défi social” doit être pris au sens large. Social ne veut pas dire masses populaires. Social veut dire société. L’Eglise aux Philippines court le risque qu’une partie croissante de la société lui échappe parce que celle-ci change plus vite qu’elle ne peut ou ne veut le voir. Prenez cette anecdote : l’Eglise a lancé l’an dernier un service Internet CBCP.net avec pour objectif d’offrir à la jeunesse un serveur “filtré”, dépourvu des habituels sites porno ou autres pages webs poubelles, interdits d’accès pour ses utilisateurs. Qui le connaît à Manille ? Nous sommes allés dans les trois cybercafés indiqués par l’épiscopat comme “lieux tests” de ce prétendu “succès technologique”. Personne n’y surfait sur le Net tandis qu’à côté, au moins deux autres PC Rooms affichaient complet, remplis par des gamins de dix ans jouant à Counterstrike, un jeu violent où l’on peut au choix, opter pour être policier ou… terroriste. Nul besoin d’indiquer que parmi eux se trouvaient sans doute bon nombre de jeunes catholiques qui accompagnent chaque dimanche leurs parents à la messe.

L’Eglise aux Philippines a les idées et les ressources humaines. Elle a souvent fait preuve de courage. Elle reste une force d’initiative incontestable. Mais peut-elle seule apporter les réponses aux trois défis posés à l’archipel : sa quête d’identité, son incapacité à grimper vraiment dans l’échelle du développement malgré le “miracle économique asiatique”, et la déchirure née de l’exil massif de ses meilleurs bras et cerveaux (7) ? L’article ci-dessous voudrait s’attacher à décrire ces trois interpellations.

Première Partie : Le défi de l’identité

1) Communiquer autrement

Shay Cullen est un missionnaire irlandais courageux engagé, depuis vingt dans, dans la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants avec sa fondation Preda, basée à Olongapo (8). La ville, dans la province du Haut Caloocan, jouxte l’ancienne base navale américaine de Subic bay, démantelée au début des années 1990 et transformée depuis en “zone économique spéciale” ouverte aux investisseurs étrangers. Elle est le fief électoral, depuis trois générations, de l’actuel secrétaire d’Etat au Tourisme Richard Gordon dont la femme, Kate, tient la mairie et le poste de député. Shay Cullen est aussi journaliste. Longtemps, ce prêtre controversé parce que trouble-fête a écrit des tribunes libres dans le Philippine Daily Inquirer, le principal journal en anglais de Manille. Il en a été chassé sous la présidence Estrada, après un changement de propriétaires manipulé par le pouvoir. Ecoutons-le : “Tous les prêtres engagés dans le travail social butent sur le même problème, dit-il. Arriver à créer un mouvement d’opinion suffisamment fort pour mobiliser la population et favoriser le débat. Il nous manque une presse en langue locale (le tagalog) respectée, active et socialement responsable. Où pouvons nous écrire, nous militants, sinon dans des journaux en anglais que le petit peuple ne lis pas ? C’est là un obstacle majeur. La barrière de la langue est, aux Philippines, bien plus sociale qu’on ne le croit. Il y a ceux qui ne comprennent que des bribes d’anglais, ceux qui le comprennent mais qui ne le lisent pas et ceux qui le lisent.”

L’Eglise catholique publie depuis longtemps ses documents de référence en tagalog (9). Mais la question posée par Shay Cullen va au delà de l’information interne à l’Eglise : elle soulève le problème du “leadership catholique”, de la capacité de l’Eglise institutionnelle à se faire entendre aux marges de la société dominées par les groupes religieux plus ou moins incontrôlés telle la secte Iglesia Ni Cristo, forte de 5 millions de fidèles, ou la communauté charismatique El Shaddai, très proche de l’ancien président destitué Joseph Estrada (10) : “L’Eglise philippine donne l’impression d’agir en tagalog et de réfléchir en anglais. Elle incarne à sa manière l’ambivalence de l’archipel”, confirme Rauel Landigin, correspondant à Manille du quotidien des affaires anglais Financial Times.

Un exemple de cette ambivalence est la réflexion menée actuellement par l’Eglise sur le lancement éventuel d’un quotidien catholique national (10). Chose étonnante pour le pays le plus catholique d’Asie (à l’exception du Timor-Oriental, catholique à 90 %), l’archipel ne dispose pas d’un organe de presse ouvertement catholique de diffusion nationale alors que treize quotidiens prétendument nationaux sont imprimés chaque jour. Le moyen d’expression usuel de la conférence des évêques est le CBCP Monitor, un bulletin à périodicité bimensuelle qui ne peut pas vraiment être considéré comme un journal car il est centré sur les questions de doctrine, et accorde une large place aux communiqués et aux informations en provenance du Vatican. Selon Eglises d’Asie qui mentionnait la nouvelle il y a quelques mois, “les nouvelles de l’Eglise ne représentent qu’un dixième de son contenu”. Le problème de la communication se pose donc bel et bien, comme le confirme Mgr Cruz, ancien président de la CBCP : “L’Eglise, au niveau national, ne peut pas faire entendre sa voix propre. La cinquantaine de radios locales catholiques sont bien un relais mais elle ne peuvent pas jouer ce rôle de référence qu’un quotidien indépendant confessionnel pourrait avoir. Il nous manque un outil de réflexion et de proposition.”

Se pose, dès lors, la question de la langue choisie et du format du futur quotidien : “Le bon choix serait celui d’un quotidien résolument populaire, une sorte de tabloïd intelligent tel que l’on peut en voir dans plusieurs grandes villes d’Amérique du Sud”, affirme Virgilio Reyes, un diplomate philippin francophone autrefois en poste à Mexico. Les partisans de cette solution font remarquer que, lors du mouvement anti-Estrada, la question de la presse en tagalog a commencé à se poser. Des éditeurs obligés d’abandonner leurs journaux en anglais par le pouvoir déchu ont songé à revenir sur le devant de la scène avec des publications bon marché en langue vernaculaire. “Il y aurait bien sûr des règles à respecter. Pour marcher, un journal en tagalog doit être populaire. Mais il peut l’être dans le bon sens du terme. Ce serait un vrai défi de proposer dans les bidonvilles autre chose que des feuilles de choux incendiaires remplies de photos de filles déshabillées et de corps ensanglantés”, poursuit Rauel Landigin, le correspondant du Financial Times.

L’Eglise doit aussi, pour être entendue, faire le ménage dans sa communication. Selon le Bureau national des mass media de la CBCP, pratiquement chacune des 2 351 paroisses de l’archipel imprime son propre bulletin diocésain. Publiés le plus souvent le dimanche, financés par de la publicité et distribués gratuitement, ces bulletins apportent aux fidèles, en tagalog, les petites nouvelles locales tandis que les 80 circonscriptions ecclésiastiques du pays (archidiocèses, diocèses, vicariats, etc.) disposent également d’une publication. Mais il n’est pas sur que cette frénésie d’édition soit un signe de vitalité. Cité par Eglises d’Asie, le P. Salvatore Putzu, éditeur du Word and Life, le troisième plus important magazine du pays par sa diffusion, ne déclarait-il pas cet été : “L’absence de quotidien catholique national est une honte” et montre que “les éditeurs de presse (catholique) ne peuvent s’entendre pour travailler ensemble et produire un journal qui diffuse rapidement les nouvelles de l’Eglise.” L’éclatement de la communication ne traduit-elle pas, quelque part, un échec de celle-ci ?

Idem, même s’il est encore trop tôt pour juger, à propos d’Internet et du nouveau serveur CBCP.net. Si cette initiative a montré que l’Eglise aux Philippines avait de la ressource, ses difficultés financières et son relatif échec populaire montrent que beaucoup reste à faire. La question d’un quotidien national pose aussi celle du besoin d’information : “Si le taux d’alphabétisation atteint les 85 % aux Philippines, seuls 15 % de ceux qui savent lire lisent effectivement, et ils lisent des bandes dessinées”, explique un prêtre cité par Eglises d’Asie. Douze millions d’exemplaires des titres spécialisés en bandes dessinées sont vendus chaque mois. N’y aurait-il pas là, un autre champ à explorer ?

2) Agir autrement

Des centaines d’articles ont relaté, à travers le monde, le rôle prééminent joué durant les “révolutions” EDSA 1 et EDSA 2 par l’influent cardinal Jaime Sin, archevêque de Manille. Dans les deux cas, l’intervention du prélat et de son conseil épiscopal a été déterminante pour fédérer l’opposition au pouvoir en place, assimilé alors “aux forces du mal”. Ce fut le cas en 1986 contre l’ancien dictateur Ferdinand Marcos, contraint à l’exil aux Etats-Unis. Ce fut à nouveau le cas l’an dernier contre l’ex-président Joseph Estrada, aujourd’hui détenu dans un hôpital de Manille, où ses conditions de vie ressemblent toutefois plus à celle d’une personne en résidence surveillée qu’à celle d’un prisonnier. Le problème est que le cardinal Sin a, de fait, placé l’Eglise au centre du jeu politique philippin, comme le résume Mgr Leonardo Legaspi, archevêque de Caceres et vice-président de la Conférence épiscopale : “L’Eglise n’est plus en mesure d’occuper un rôle de médiateur. Elle n’est pas nécessairement perçue comme partisane, car nous avons toujours refusé de donner des consignes de vote. Mais elle est perçue comme un acteur.”

Plus préoccupant peut être : le défilé de personnalités de tous bords à l’archevêché de Manille en a fait un carrefour “politicien” presque similaire aux fameux cafés des grands hôtels de la capitale où les ténors de l’Assemblée nationale ou du Sénat philippins aiment se réunir le week-end pour étaler, avec un parfait cynisme, leurs divergences et leurs “combinaziones” (12). Résultat : “L’Eglise incarnée par le cardinal Sin n’est pas une Eglise en position d’arbitre, commente Luz Guerrero, directrice de l’institut Social Weather Station (13). C’est une Eglise engagée qui pousse ses pions et intervient dans les affaires du pays comme un pouvoir à part entière.” Le cardinal Sin, réputé assez autocrate, n’est d’ailleurs pas soutenu dans cette voie par l’ensemble des évêques même si toutes ces interventions sont en général approuvées par la conférence épiscopale philippine. On notera avec intérêt que la cardinal Vidal de Cebu est resté beaucoup plus en retrait lors des mouvements anti-Estrada. Shay Cullen, le fondateur de Preda, résume : “L’Eglise aux Philippines reste profondément une Eglise institutionnelle. C’est-à-dire qu’elle pense comme une institution alors que la population fait, globalement, de moins en moins confiance aux pouvoirs de toute sorte. Il faut prendre garde à ce que cette faille ne s’élargisse pas trop” (14).

Autre exemple : celui de la communauté charismatique catholique El Shaddai, conduite par le très controversé “Brother Mike” Velarde, ex-conseiller spirituel de Joseph Estrada (15). El Shaddai possède sa propre chaîne de télévision et plusieurs stations de radio. Ces grand-messe, organisées souvent à Luneta, l’esplanade située face à la baie de Manille, en face du Monument aux morts et du Parc Rizal, rassemblent à chaque fois au moins dix mille personnes et sont aussi retransmises par les chaînes de télévision nationale. El Shaddai a également à Manille son propre siège, dans un bâtiment de Makati situé au cœur du quartier des affaires (Celui de la conférence épiscopale, par contraste, se trouve dans le quartier historique et peu fréquenté d’Intra Muros). Qu’en déduire ? “Que les évêques le veuillent ou non, El Shaddai est aujourd’hui une Eglise dans l’Eglise, commente Luz Guerrero, de Social Weather Station. L’une des raisons de son succès est sans doute qu’elle incarne, par son apparente proximité avec les pauvres, l’exact inverse de l’Eglise institutionnelle conduite par le cardinal Sin.” Plus problématique : El Shaddai fait aussi de la politique. Son leader, Mike Velarde, a souvent donné des consignes de vote. Mais chose étonnante : la population ne lui en tient pas rigueur parce que la communauté ne prétend pas s’adresser à tous. Elle s’adresse d’abord à ses fidèles, à ses membres : “Il n’y pas en tant que tel un vote catholique aux Philippines, continue Luz Guerrero. L’élection de Fidel Ramos (de confession protestante) contre l’avis de l’Eglise (qui soutenait alors Ramon Mitra) en 1992 a montré cela avec évidence. Il y a en revanche un vote El Shaddai, comme il y a un vote Iglesia Ni Cristo”. D’où l’ambiguïté : “L’Eglise catholique a dans son giron une communauté qui joue en quelque sorte le rôle de contre-pouvoir. Cela n’est pas bon pour la clarté du message”, explique le diplomate Virgilio Reyes (16). L’un des plus embarrassés par cette donne politico-religieuse est l’évêque auxiliaire de Manille Teodoro Bacani, chargé par la conférence épiscopale “d’assister” El Shaddai. L’une des données les plus compliquées à gérer est aussi le fait que la communauté charismatique est très populaire parmi les Philippins de l’étranger. Lesquels incitent souvent leurs familles restées dans l’archipel à rejoindre le giron des fidèles de Mike Velarde.

Deuxième partie : Le défi du développement

1) Le séisme “invisible” de 1997-1998

Parler du “défi du développement” aux Philippines est un poncif. Des questions comme la réforme agraire hantent depuis des décennies les rapports entre les prêtres basés sur le terrain et leurs évêques, et entre l’épiscopat et le pouvoir. Un élément nouveau s’est toutefois introduit à la faveur de la crise financière asiatique de 1997-1998 : l’accentuation de la perte de crédibilité des élites. Même si la crise en question a, proportionnellement, moins touchée les Philippines que les autres pays d’Asie du Sud-Est, son impact psychologique est patent. “La crise de 1997 a donné un coup d’accélérateur à trois phénomènes contigus, explique Conrado Banal, éditorialiste au Philippine Daily Inquirer. Elle a bloqué le redressement en cours de l’économie de l’archipel entrepris sous la présidence de Fidel Ramos. Elle a porté au pouvoir une administration prédatrice dirigée par Joseph Estrada. Elle a ruiné les derniers espoirs que les Philippins pouvaient avoir dans leurs élites” (17). Explications : “La crise de 1997-1998 a accouché d’un fatalisme encore plus grand. Elle a achevé de convaincre les femmes éduquées que la seule option valable consiste à quitter le pays et à trouver un job à l’étranger, reconnaît le P. Quittorio, chargé des nouveaux médias à la Conférence épiscopale. Elle a permis à Joseph Estrada d’être élu sur la base (erronée) d’un programme pro-pauvres largement fondé sur son personnage d’acteur de cinéma, sorte de Robin des bois célèbre pour secourir la veuve et l’orphelin. Elle a en somme rendu les gens psychologiquement encore plus vulnérables.”

Or qu’a dit l’Eglise aux Philippines durant cette période ? Peu de choses fortes. Des documents ont été publiés. Mais l’Eglise ne s’est pas saisi de ce défi social comme elle aurait pu le faire, gênée sans doute aux entournures par les relations épineuses, voire carrément tendues, entre le président Ramos et le cardinal Sin. Il est des évêques philippins qui avouent aujourd’hui : “Nous aurions dû militer pour changer la Constitution et laisser sa chance à Ramos pour un autre mandat. Il avait la force et les réseaux pour tenir les choses en main. Nous savions qu’Estrada arrivait derrière. Nous avons commis une erreur historique” (18). Il faut attendre le printemps 2001 pour que le cardinal archevêque de Cebu, Ricardo Vidal, prenne à bras le corps le problème de l’émigration : “Vous ne devez pas oublier ce que Dieu veut que vous fassiez de vos vies… L’argent nous préoccupe tous mais attention, il peut aussi détruire nos familles” (19). Quelle autre prise de position majeure de l’Eglise dans ces années 1997-2001 ? Il faut attendre EDSA 2 et la mise en cause publique de Joseph Estrada, discrédité par une série de scandales et par les révélations de la presse, pour que les évêques repartent à l’offensive, mais de manière ambiguë puisque leur intervention conduit à l’accession au pouvoir d’une femme de caractère, Gloria Magapagal, largement perçue comme la porte parole des élites traditionnelles de l’archipel (20). On pourrait aussi citer en exemple de cette étonnante apathie la question des “zones économiques spéciales” crées par le gouvernement philippin en lieu et place des anciennes bases militaires américaines de Subic (US Navy) et de Clark (US Air Force). Certains esprits audacieux, comme le P. Shay Cullen, proposèrent lors du retrait des troupes américaines qu’une partie du terrain et des infrastructures laissées vacantes soient utilisées pour abriter une université, ou un institut de recherche à vocation environnementale et sociale (21) ? La proposition était sans nul doute trop ambitieuse pour être réalisée. Mais elle aurait pu permettre d’embrayer sur d’autres sujets : contribution des entreprises étrangères installées à Subic ou Clark au développement local, etc. Rien de cela ne s’est passé. “La crise de 1997-1998 a tétanisé les initiatives sociales, commente l’éditorialiste Conrad Banal. L’Eglise est rentrée dans sa coquille comme le gouvernement à cette époque. Il fallait à tout prix éviter que les investisseurs étrangers ne quittent le pays. Le débat sur le développement s’est arrêté net.”

Comment ne pas déplorer, aussi, le mutisme des grandes universités catholiques des Philippines sur la question ? A partir du séisme financier de 1997, une seule voix peu ou prou s’élève dans l’archipel et commence à être reprise dans les médias occidentaux : celle du chercheur Walden Bello… alors en poste à l’université Chulalongkorn de Bangkok. Bello, désormais pilier bien connu des mouvements anti-mondialisation libérale, est alors seul ou presque à secouer le cocotier des idées reçues aux cotés du malaisien Martin Khor, basé à Penang. Pour les Philippines, réputées abriter l’élite la plus internationalisée et la plus anglophone d’Asie, la défaite idéologique est patente. Et pour l’Eglise de l’archipel qui demeure l’un des premiers moteurs du système d’éducation dans le pays, ce silence mérite réflexion. Les seuls livres pertinents sur cette période émanent d’auteurs thaïlandais comme le couple d’universitaires Pongpaisuk-Baker (22) ou indonésiens. Le printemps politique de Djakarta, avec l’éviction de Suharto, met en avant l’écrivain poète Gunawan Mohammad. L’affrontement au sommet en Malaisie entre le Premier ministre Mahathir Mohammad et son adjoint – aujourd’hui emprisonné – Anwar Ibrahim domine la scène politique régionale. Walden Bello, aujourd’hui de retour dans l’archipel ou il enseigne à l’université des Philippines (UP), confie : “Le véritable séisme provoqué par la crise financière de 1997-1998 est politique. Toutes les institutions, l’Eglise avec, se sont mises à trembler. Pour des raisons compréhensibles, les prêtres avaient le nez sur le guidon social, dans leurs paroisses. Personne n’a saisit la chance, énorme, de poser publiquement des questions, de créer cet espace de débat qui nous manque tant” (23).

2) Le verdict de la crise de 1997 : l’apathie intellectuelle

Osons-là s’interroger : quid des intellectuels catholiques philippins ? Dans un pays où la densité des écoles catholiques est sans doute l’une des plus élevées au monde, peu d’écrivains, de journalistes, d’artistes se réclament de leur sensibilité religieuse. Il n’est donc pas étonnant que dans une période de transition, comme celle de 1997-1998, le débat soir resté au point mort : “L’un des échecs de l’Eglise aux Philippines est l’incapacité à créer une élite intellectuelle suffisamment indépendante des ecclésiastiques pour être prise au sérieux”, assène Ian Gill, de la Banque asiatique pour le développement qui a organisé, en février dernier, un intéressant séminaire régional sur la pauvreté en Asie (24). Quand l’Eglise aux Philippines parle, elle le fait par son clergé. Lequel, souvent, est pris au piège de cette identité politique confuse évoquée dans la première partie. Nous avons posé, plus haut, la question d’un grand quotidien catholique philippin. Si l’on compare la situation de l’archipel à celle d’un autre grand pays d’Asie, l’Indonésie, le parallèle est flagrant. L’Indonésie de Suharto se réclamait du Pancasila, doctrine laïque prônant la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Les deux principaux quotidiens en langue bahasa, Kompass et Suara Pembaruan, étaient – et ils le sont toujours – tous deux possédés par des groupes de communication chrétiens. Le directeur du Jakarta Post, Raymond Toruan, est un catholique très proche de la Conférence des évêques qu’il conseille et pour laquelle il intervient souvent, à titre personnel, sur des débats politique d’envergure. La symétrie vaut du coté musulman : dans les années 1990, la montée de l’islamisme en Indonésie s’est aussitôt traduit par l’émergence d’une association des intellectuels musulmans, l’ICMI, animée par l’ancien président Jusuf Habibie, alors bras droit de Suharto. Un quotidien musulman Republika a aussi vu le jour. Ainsi que quantités de revues plus ou moins confidentielles. On notera, enfin, en Indonésie, le rôle déterminant de la Nahdatul Ulama, le grand mouvement de masse musulman longtemps présidé par Abdurrhaman Wahid, devenu ensuite chef de l’Etat avant d’être à son tour acculé à la démission et remplacée par sa vice-présidente, Megawati Sukarnoputri.

Regardons aussi du coté de la Thaïlande et de la Malaisie. En Thaïlande, la crise financière de 1997-1998 et la contestation naissante de la mondialisation libérale a remis en selle des intellectuels bouddhistes renommés comme Sulak Sivaraksa. Un débat, limité certes, s’est même ouvert sur le rôle joué par le clergé bouddhiste que beaucoup jugent trop enclin à pactiser avec les “démons de l’argent, du consumérisme et de la vie facile” (25). La controverse s’est focalisée, entre autre, autour de la secte bouddhiste Thamakai, assez comparable par ses méthodes au mouvement charismatique catholique philippin El Shaddai (rassemblements de masse, mise en avant du fondateur de la communauté, liens privilégié avec l’élite sino-thailandaise, etc.). Toutes ces interpellations sont souvent restées lettre morte. Il n’est pas question, là, de prétendre qu’une fièvre du débat et de la remise en question s’est faite jour en Thaïlande. Mais la crise de 1998 y a semé un premier germe d’agitation intellectuelle. Petit détail qui a son importance, l’un des principaux meneurs des mouvements démocratiques thaïlandais et animateur du “Forum des pauvres” n’est autre que Pibhop Dongchai, un travailleur social partenaire de longue date du Comité catholique contre la faim et pour le développement français (CCFD). Les trajectoires se rejoignent.

Prenons l’exemple de la Malaisie. Martin Khor et son Third World Network basé à Penang ont déjà été cités. Mais l’on pourrait trouver d’autre cas : en juillet 2000, un forum organisé avec l’aval du pouvoir a ainsi réunit à l’Institut d’études islamiques de Kuala Lumpur une cinquantaine de spécialistes sur le thème de l’islam et de la modernité. La question des relations entre les différentes religions présentes en Asie était aussi posée. Le forum, aussi intéressant fut-il, était de toute évidence téléguidé. Il servait essentiellement de plate forme au Premier ministre Mahathir qui saisit l’occasion pour se présenter, une nouvelle fois, comme le grand conciliateur entre le progrès et l’islam. Pour l’anecdote, un montage en carton pâte à coté de l’orateur présentait un Coran jaillissant d’un écran d’ordinateur… N’empêche : une initiative comme celle-ci démontre le souci d’apporter des réponses, même partielles, aux questions posées par le séisme économique. Quel équivalent peut-on citer du coté philippin ? Est-ce un hasard si, à la même époque ou presque, l’Eglise catholique aux Philippines faisait presque tous les jours la une des journaux en raison de l’affrontement qui l’opposait au secrétaire à la Santé de l’administration Ramos, le très populaire Juan Flavier, ex-médecin des barrios (quartiers) et promoteur de l’utilisation massive des préservatifs pour endiguer le sida, contre l’avis de l’épiscopat (26) ? “L’Eglise paye le prix de ce que démontrent nos études, explique Luz Guerro, du Social Weather Station (SWS). La population catholique de l’archipel est d’une telle religiosité qu’elle est dépourvue de tout sens critique. C’est du catholiscisme façon XIXe siècle”. On tirera de l’étude du SWS ces trois éléments révélateurs. Selon un de leurs sondages réalisé en novembre 1997, seuls 21 % des catholiques philippins se prononcent pour le mariage des prêtres, soit bien moins que les … 50 % de catholiques polonais qui soutiennent cette idée. Les Philippins ne sont que 18 % à approuver une éventuelle ordination des femmes (24 % en Pologne). Ils sont enfin une minorité, 48 %, à estimer “que des réformes sont nécessaires au sein de l’Eglise” alors que dans tous les autres pays étudiés (Italie, Allemagne, Etats-Unis, Espagne, etc.) les partisans du changement forment la majorité. Conclusion de Mahar Magahas, président du Social Weather Station : “Les catholiques philippins sont les moins favorables aux réformes. Ils empêchent par leur inertie l’émergence d’une Eglise davantage pluraliste” (27)

Troisième partie : Le défi de l’exil

1) Traumatisme dans les paroisses

L’histoire circule dans les églises de Manille. Au catéchisme, le prêtre enseigne aux enfants l’importance de la générosité, de la frugalité et de la modestie. Vient le jour de Noël : les chèques envoyés par les mères de famille employées en Europe ou dans les pays arabes pleuvent sur la paroisse. Les enfants se retrouvent à distance comblés de cadeaux par les tantes ou les cousines qui en ont la garde. Contradiction entre les leçons de l’Eglise et l’attitude de ses paroissiennes : “Beaucoup de Philippins, qui vivent de l’argent de l’étranger finissent par se retirer en quelque sorte de la société, explique Walden Bello, de l’université des Philippines. Ils vivent dans l’archipel mais ne dépendent plus de l’économie locale ou presque. Disons les choses comme elles sont : ils s’en foutent et tirent même avantage des malheurs économiques du pays. Etant donné qu’ils reçoivent des dollars, chaque dévaluation du peso est une aubaine pour eux. Plus l’économie dégringole, plus leur revenu augmente. C’est un cercle vicieux.”

Autre anecdote révélatrice : au premier étage de l’imposant bâtiment de la poste centrale de Manille se trouve une chapelle. Décor incongru que cet autel, situé juste face à l’escalier central, au beau milieu du hall qui conduit aux bureaux distribués de part et d’autre d’un grand patio. Dans le style traditionnel des Philippines, une vierge polychrome se tient derrière une énorme bouquet de fleurs, sans doute changé chaque jour par les employés des PTT locaux. Devant la statue, une petite urne où les pénitents déposent leurs vœux les plus chers. Sur les murs, quelques vœux répétés lors des messes quotidiennes. Dont celui-ci : “Aidez nous à émigrer, Dieu tout puissant. Aidez nos familles à l’étranger. Qu’elles aient la force d’y rester malgré les difficultés.”

On pourrait allonger la liste à l’infini. L’exil fait partie du décor paroissial de l’archipel et il complique la donne d’une Eglise qui se retrouve aux prises avec une population passive, parce que confinée dans l’attente des revenus de l’étranger. Le P. Quittorio raconte sa tournée récente dans un diocèse de province où il vient d’installer une connexion par radio avec son serveur Internet CBCP.Net. “Je me suis retrouvé devant une foule d’enfants et d’adolescents sans parents. leurs pères, leurs mères sont à l’étranger. Ils n’ont aucun modèle à suivre pour asseoir leur personnalité. C’est l’éducation par le vide.” La réalité finissant toujours par l’emporter, le service Internet de l’Eglise sert aujourd’hui surtout, dans ces paroisses éloignées, à permettre aux familles d’être contactées par e-mail par leurs parents qui résident à l’étranger. Or, comme la réception des e-mails prend du temps, l’Internet café proche de l’église devient vite le principal lieu de réunion. “Certains prêtres feraient bien de se demander s’ils ne devraient pas faire le catéchisme dans les cybercafés, ironise le P. Quittorio. Cette société écartelée est le défi le plus compliqué que nous ayons à gérer.”

2) Confusion dans les esprits

L’Eglise catholique aux Philippines est consciente de ce défi représenté par l’exil massif des meilleurs bras et des meilleurs cerveaux du pays. Elle alerte régulièrement ses fidèles sur les risques qu’un départ fait encourir aux familles et surtout aux enfants restés sur place. Quantité de jeunes défavorisés grandissent dans l’archipel sans avoir à leurs côtés leurs mères ou leurs pères. Lorsque ceux-ci reviennent dans l’archipel, beaucoup refusent en outre de réintégrer le foyer familial. La coupure est complète. “L’argent devient le seul lien”, confirme juge Luz Guerrero, du Social Weather Station. Il en résulte une confusion dans les esprits que l’on retrouve aussi au niveau de l’institution ecclésiale. Pressé par ses prêtres de reprendre l’initiative sociale, le cardinal Jaime Sin a présidé, en mai 2001, une grande messe à la chapelle d’EDSA, demandant pardon aux pauvres pour avoir perdu confiance en l’Eglise et pour avoir “nourri des sentiments de haine en leur for intérieur” (28). 3 000 personnes assistaient à cette messe. “Nous voudrions demander aux pauvres le pardon. Nous devons écouter les demandes des pauvres. Nous ne devons pas attendre qu’une nouvelle crise éclate pour ouvrir nos yeux”, a notamment déclaré le cardinal Sin tandis que la présidente Gloria Magapagal, présente, embrassait les partisans repentis de l’ex-chef de l’Etat Joseph Estrada. Mais que signifie une telle démarche alors que, d’un coté, tant de prêtres ont toujours été engagés aux côtés des plus pauvres et que, de l’autre, tant de paroissiens sont tentés de quitter leurs emplois car ils reçoivent suffisamment d’argent de l’étranger : “Je suis écœurée, confie une religieuse. Les vrais pauvres des Philippines aujourd’hui sont ceux qui n’ont pas de famille à l’étranger. Une valeur comme le travail ne veut plus dire grand chose. Vous incitez une jeune fille à trouver un job et elle vous répond qu’elle préfère attendre la prochaine campagne de recrutement des agences spécialisées dans l’émigration au Moyen Orient. Notre ennemi n’est pas la pauvreté. C’est le matérialisme superposé à la pauvreté.”

S’y ajoute, déjà citée, l’influence importante dans les communautés philippines expatriées de ces deux grands mouvements que sont la secte Iglesia Ni Kristo et la communauté charismatique El Shaddai. Comme si, au fur et à mesure que les Philippins s’éloignent de l’archipel, l’influence de l’Eglise catholique institutionnelle devenait évanescente. “L’Eglise se retrouve au fond aux prises avec les deux extrémités irréconciliables de la société, résume un journaliste : les élites traditionnels, hyper conservatrices et bien décidées à ne rien changer car toute évolution risque de mettre en danger leur situation, et les plus pauvres, rejetés aux marges par leur mauvaise éducation qui leur interdit de prétendre partir à l’étranger.” Les mouvements sociaux de l’Eglise, qui pour tenir ont besoin d’une classe moyenne active, se trouvent donc confinés aux seules actions caritatives : “Les riches donnent et les pauvres reçoivent, poursuit un prêtre. Il nous manque l’échelon intermédiaire. Celui des laïcs qui prennent place dans la société et agissent pour changer les choses.” Un jugement injuste si l’on s’en tient à l’importance des mouvements d’action catholique et aux nombreuses initiatives prises par les catholiques dans le tissu social philippin : “On ne le dira jamais assez, l’Eglise irrigue le tissu social du pays”, rectifie Luz Guerrero. Mais qui n’empêche pas beaucoup d’évêques de se poser la même question : “Que pouvions-nous faire dans un tel contexte, si émotionnel ?, commentait récemment Mgr Francisco Claver à propos des manifestations violentes de soutien des pauvres au président Joseph Estrada, devant le palais présidentiel de Malacanang entre le 25 avril et le 1er mai 2001. Les pauvres ne sont pas avec nous car nous ne sommes pas avec eux ?”

Notes

(1)Au point que la révolution pacifique de 1986 qui porta Cory Aquino au pouvoir est surnommée EDSA 1. Celle de l’an dernier qui entraîna la destitution de Joseph Estrada a été baptisée EDSA 2.

(2)Voir EDA 331

(3)Philippine Daily Inquirer, 28 octobre 2001

(4)René Mendoza :Religion and secularization in the Philippines. www.kokugakuin.ac.jp/ijcc/wp/cimac/mendoza.html

(5)SWS: “Why the Vatican likes Filipino catholics”, novembre 1997

(6)Entretien avec l’auteur. Manille, juin 2001

(7)Lire dans EDA 327 l’intervention à ce sujet du cardinal Vidal

(8)www.preda.org. La conférence sur l’exploitation sexuelle des enfants organisée du 18 au 20 décembre à Yokohama, au Japon, a de nouveau attiré l’attention sur l’archipel comme l’une des premières destinations du tourisme sexuel

(9)Encore que… Le dernier document “Priorités pastorales de l’Eglise aux Philippines”, rédigé par Mgr Orlando Quevedo, était à l’origine en anglais.

(10)L’influence politique de ces groupes est telle que l’actuelle président Gloria Magapagal a dès son accession au pouvoir entamé avec eux un rapprochement (voir EDA 331).

(11)dont la distribution est en fait largement limitée aux grandes villes

(12)Qui n’a pas assisté, un jour, aux agapes des parlementaires et des journalistes philippins au Club des 365 de l’hôtel Intercontinental de Makati n’a pas idée de ce mélange de cynisme, de talent, et d’apologie de la manœuvre politicienne. Le ténor du Club des 365, appelé ainsi en raison du nombre de tasses à café désignant chacune un habitué, a longtemps été l’ancien sénateur Juan Ponce Enrile, ex-ministre de la Défense et bras droit de Marcos, ex-homme clef de la révolution d’EDSA 1 aux cotés de Fidel Ramos, ex-inspirateur des putschistes anti-Aquino, ex-supporter de l’administration Estrada, etc.

(13)Entretien avec l’auteur, octobre 2001

(14)Entretien avec l’auteur, octobre 2001

(15)Mis en examen pour avoir vendu à l’Etat, à l’époque de la présidence Estrada, un terrain de huit hectares au triple de sa valeur réelle.

(16)Entretien avec l’auteur, octobre 2001

(17)Entretien avec l’auteur, mars 2001

(18)On notera que l’évêque auteur de ce commentaire a tenu à rester anonyme.

(19)Cité dans EDA 327, 16 mars 2001

(20)Son père, Diosdado Magapagal, fut lui-même chef de l’Etat.

(21)Entretien avec l’auteur, juin 1992

(22)Auteur, entre autres, de l’essai provocateur Gambling, Guns and Ganja sur l’argent sale et les pratiques mafieuses qui irrigue le système politique thailandais.

(23)Entretien avec l’auteur, juin 2001

(24)Asian Forum on Poverty, voir le site Internet de l’ADB : www.adb.org

(25)A lire l’ouvrage Capitalisme triomphant, bouddhisme renonçant (Documentation française 2000)

(26)Juan Flavier est aujourd’hui sénateur.

(27)SWS Bulletin, novembre 1997

(28)Voir EDA 331

PHILIPINES

STATISTIQUES ET CHRONOLOGIE

Géographie et démographie

Superficie : 300 439 km

Terres cultivées : 27 %, forêts : 53 %, pâturages : 1,4 %. Plus de 7 000 îles.

Population : 70 724 000 habitants

Densité : 235,7 hab./km

Croissance démographique annuelle : 2 %

Indice de fécondité : 3,6

0-14 ans : 38,03 %

15-64 ans : 58,55 %

65 ans et plus : 3,41 %

Taux de mortalité infantile : 35 ‰

Espérance de vie : 68,4 ans

Education : Dépense publique : 2,2 % du PIB

Analphabétisme (hommes) : 5 %

Analphabétisme (femmes) : 5,7 %

Scolarisation 12-17 ans : 71,9 %

Scolarisation 3e degré : 27,7 %

Ethnies :

Chrétiennes : Tagalog, Ilocano, Cebuano, Ilongo (87 %)

Musulmanes : Maranao, Maguindanao, Tausug (5 %)

Animistes : Manobo, Subanon, Cordillero (5 %)

Autres : Chinois surtout (3 %)

Principales langues parlées : anglais, tagalog, cebuano

Capitale : Manille (agglomération : 13,4 millions habitants)

Monnaie : peso philippin

Histoire

XVe s. : Islamisation d’une partie de l’archipel (Mindanao).

1521 : Magellan débarque sur une petite île au sud de Samar. Devient colonie espagnole.

1565 : Legazpi débarque à Luzon et occupe Manille, alors comptoir musulman florissant. Le vice-roi du Mexique est responsable de l’administration jusqu’en 1815.

1892 : Rizal fonde un mouvement nationaliste, la Liga Filipina. Au même moment, Bonifacio fonde l’association paysanne Katipunan : lutte pour l’indépendance.

1896 : Début de la révolte contre l’Espagne. Exécution de José Rizal.

1898 : Le 12 juin, le général Aguinaldo proclame l’indépendance, à Kawit. Destruction de la flotte espagnole par l’américain Dewey.

10 novembre : le traité de Paris cède les Philippines aux Etats-Unis d’Amérique.

1899 : Aguinaldo promulgue la Constitution de la République philippine. Trois mois plus tard commence la guerre philippino-américaine. La capture d’Aguinaldo en 1901 signe la fin de la résistance organisée.

1934 : Le Congrès américain vote le Philippine Independance Act qui accorde aux Philippines le pouvoir d’établir leur propre constitution.

1935 : Manuel Quezon, qui avait sans cesse combattu pour l’indépendance de son pays, devient le premier président du gouvernement.

1941 : Occupation japonaise qui durera jusqu’en 1945.

1942 : Fondation du mouvement de résistance paysanne contre les Japonais : les Huks.

1945 : Le 4 juillet, proclamation officielle de la République des Philippines. Sur le point d’être désarmés, les Huks (obédience communiste) prennent le maquis.

1954 : L. Taruc, chef des Huks, se rend au président Magsaysay.

1965 : Le 9 novembre, Ferdinand Marcos est élu président et promet l’application de la loi sur la réforme agraire votée quatre ans plus tôt. Il échouera.

1971 : Création du P.C. philippin (marxiste-léniniste) par José Sison, et quelques mois plus tard, de sa branche militaire, le NPA (Armée du peuple nouveau).

1972 : Le 21 septembre, imposition de la loi martiale à tout le pays. Slogan de la “Nouvelle Société”. Depuis lors, l’armée et la police mènent un combat de plus en plus dur contre le NPA et les minorités musulmanes du sud.

1974 : Année meurtrière dans la lutte qui oppose le MNLF (Moro National Liberation Front) au gouvernement.

1976 : Accords de Tripoli qui prévoient une autonomie partielle des régions du sud à majorité musulmane. Cessez-le-feu.

1978-80 : Reprise de la lutte armée par le MNLF dont la branche politique penche de plus en plus vers une séparation pure et simple des provinces musulmanes de Mindanao du reste du pays.

1980 :Libération par Marcos de son principal adversaire politique, Benigno Aquino.

1981 : 17 janvier : levée de la loi martiale (9 ans). Réélection de Marcos à la présidence pour 6 ans.

1982 : Pas de semaine sans attentats, embuscades et explosions de bombes. Nombreux accrochages meurtriers entre armée et NPA ainsi que séparatistes musulmans.

1983 : 21 août : retour du chef de l’opposition, le sénateur Benigno Aquino. Il est assassiné à sa descente d’avion.

31 août : funérailles d’Aquino. 3 millions de personnes y participent : la plus grande manifestation populaire jamais vue. Elle marque le début d’une longue série d’autres manifestations contre le régime de Marcos, certaines d’entre elles très violentes.

1984 : Mai : élections législatives. Malgré une fraude intense et beaucoup de violence, l’opposition passe de 13 sièges à 65 au Parlement (200 sièges), ce qui est considéré par les observateurs comme une réelle défaite pour Marcos. Montée de la violence. Les grèves se multiplient.

Octobre : la commission d’enquête sur l’assassinat du sénateur Aquino implique directement l’armée. Le général Ver, chef d’Etat-Major des forces armées, est remplacé, temporairement, par le général Ramos qui, depuis, s’efforce de mettre de l’ordre dans l’armée.

1985 : En janvier, la mise en cause du général Ver est confirmée par une cour spéciale. Commence alors un procès qui risque d’être très long et lourd de conséquences pour un pays qui connaît par ailleurs une situation économique désastreuse.

1986 : 7 février : élection présidentielle anticipée. Marcos l’emporte de peu sur Corazon Aquino. Le peuple, suivi par l’armée, se soulève. Marcos est contraint d’abandonner le pouvoir et de quitter le pays.

26 février : Corazon Aquino devient président. Succession de coups d’Etats manqués.

1987 : Reprise de la guérilla communiste.

A la suite de la répression dans le sang d’une manifestation du monde paysan, mise en route d’une réforme agraire portant sur 5,4 millions d’hectares.

1988 : 9 juin : le Parlement adopte une nouvelle réforme agraire qui devrait affecter près de 30 millions de personnes.

Octobre : les Marcos sont inculpés de détournement de fonds par les Etats-Unis.

1989 : 28 mars : les élections municipales confirment la confiance accordée par le peuple à Corazon Aquino.

28 septembre : Marcos meurt en exil. Décembre : 7ème coup d’Etat militaire, de loin le plus important. Le crédit de Corazon Aquino en est sérieusement affecté.

1990-91 : Années marquées en particulier par les négociations sur l’éventualité d’un retrait des forces américaines stationnées aux Philippines. Années également marquées par trois désastres naturels (tremblement de terre, typhon, éruption du volcan Pinatubo).

1992 : Election de Fidel Ramos, un protestant, à la présidence de la République ; il succède à Corazon Aquino.

Départ définitif des américains de la base Subic Bay.

1995 : Voyage du pape Jean-Paul II à Manille.

1998 : Election à la présidence de Joseph Estrada, populiste et ancien acteur.

2000 : Les rebelles musulmans du MILF continuent le combat sur l’île de Mindanao.

2001 : Après plusieurs semaines de manifestation de rue, la vice-présidente Gloria Magapagal-Arroyo succède à Joseph Estrada, écarté du pouvoir après avoir été menacé d’une procédure en destitution.

Economie et politique

La politique de réforme menée par le précédent président a contribué au redressement économique : l’économie a retrouvé la confiance accordée par la communauté internationale. Les Etats-Unis restent le 1er partenaire économique et commercial.

L’économie des Philippines reste marquée par les besoins en infrastructure et la pénurie d’énergie.

Agriculture et pêche : 21 % du PIB.

La principale culture est celle du riz et du maïs. Rendement faible.

Canne à sucre, coprah (noix de coco), café, bananes, caoutchouc : productions principalement destinées à l’exportation.

L’élevage est peu développé : bovins, buffles, ovins, chèvres, porcins.

La réforme agraire mise en place par Corazon Aquino commence à porter des fruits.

L’aristocratie terrienne (10 % de la population) qui détenait jusqu’alors 90 % des terres agricoles, leur terre ne sera pas spoliée mais indemnisée. Chaque famille de paysan recevra 5 hectares. Désormais, personne n’est plus autorisé à posséder plus de 50 hectares. Malheureusement, cette loi reste dans la plupart des cas lettre morte.

Pêche très active : 30 kilos par habitant.

Mines et industrie : 32 % du PIB.

Cuivre, or, pétrole, charbon, chrome, nickel, argent.

Politique : République. Régime présidentiel qui détient le pouvoir exécutif.

Chambre des Représentants et Sénat.

Président : Gloria Magapagal-Arroyo (depuis janvier 2001).

PNB./Hab. : U.S. $ 1193 (1997).

Plusieurs millions de Philippins travaillent à l’extérieur du pays (apport important de devises chaque année pour le pays).

Armée : Dépense publique pour la Défense : 2 % du PIB. 110 500 hommes.

RELIGIONS

Un des deux seuls pays d’Asie à majorité catholique (l’autre étant le Timor-Oriental) : 80 % de la population totale.

On y trouve aussi :

Aglipayan, Eglise catholique nationaliste : 4 %

Iglesia ni Cristo, secte à caractère politique : 2 %

Musulmans : 5 %

Protestants : 3,5 %

Eglise catholique

Histoire :

1521 : L’histoire chrétienne des Philippines commença le jour même de leur découverte par Magellan. “Conversions” immédiates.

1565 : Les Espagnols débarquent à Cebu “avec le glaive dans une main et la Croix dans l’autre”. Commencement d’une longue période où colonisation et évangélisation iront de pair sans grande résistance si ce n’est dans l’île de Mindanao, fief de l’islam.

1579 : Création du diocèse de Manille, le 3ème de l’Asie après ceux de Quilon et Goa (Inde).

XVIIIe s. : Ordination des premiers prêtres locaux.

1898 : Chute des Espagnols; sous le régime américain, l’Eglise est traitée avec défaveur : protestants et francs-maçons prennent en charge l’administration et l’enseignement.

1902 : Fondation d’une “Eglise indépendante des Philippines” à caractère nationaliste, par Aglipay. 1910 : A partir de cette date, arrivée en force de missionnaires étrangers.

1930 : Fondation de la secte Iglesia Ni Cristo, groupe dissident de la secte Aglipay.

1937 : Triomphal 33e Congrès eucharistique international à Manille.

1960 : Mgr Rufino Santos, 1er cardinal philippin. 1964 : Création d’un séminaire des Missions Etrangères Philippines. Prêtres, religieux, religieuses et laïcs philippins sont engagés en Asie, Océanie, Afrique et Amérique latine.

1970 : Symposium des évêques d’Extrême-Orient.

Visite du pape Paul VI : appel à l’Asie à travers Radio Veritas.

1974 : Jaime L. Sin devient archevêque de Manille et se pose comme le chef de la ligne majoritaire de l’Eglise, celle de la “collaboration critique” vis-à-vis du gouvernement. Il sera nommé cardinal en 1976.

1979 : Congrès missionnaire international à Manille.

1981 : Visite du pape Jean-Paul II, durant laquelle il fut souvent question des droits de l’homme.

1982-83 : L’écart se creuse entre l’Eglise et le gouvernement; la conférence épiscopale écrit deux lettres pastorales très critiques. Expulsions de missionnaires étrangers. Nombreuses arrestations de prêtres, religieuses et leaders laïcs. Assassinats et disparitions de nombreux leaders laïcs.

1983 : 27 novembre : dans une lettre pastorale, les évêques invitent tous les Philippins à faire effort pour se réconcilier.

1984 : A part deux lettres pastorales relativement critiques à l’égard du gouvernement, l’aile conservatrice de l’épiscopat semble reprendre le dessus. Un procès retentissant prend fin : accusés du meurtre d’un maire de l’île de Negros, deux prêtres de St-Colomban et sept paysans sont finalement acquittés après plus d’un an de prison. Poursuite des vexations, intimidations et violences de la police et de l’armée contre l’aile militante de l’Eglise (même les évêques ne sont pas épargnés).

Avec la bénédiction des évêques, les chrétiens font de plus en plus pression sur le gouvernement en vue d’obtenir la libération des prisonniers politiques. On parle de 4 000 arrestations depuis 1979.

1985 : En janvier, après plus de deux ans passés en prison, un des principaux leaders laïcs de l’Eglise, Karl Gaspar, est finalement acquitté pour manque de preuves. Il était accusé de subversion et d’être membre du parti communiste.

1986 : Mars : pour la 1ère fois, des membres du clergé catholique se déclarent favorables à une certaine autonomie des minorités musulmanes.

1987 : 1er mars : dans une lettre pastorale, les évêques approuvent la décision prise par le gouvernement d’interdire – jusqu’à nouvel ordre – le départ de leurs compatriotes comme domestiques à l’étranger.

Juillet : dans une lettre pastorale, les évêques dénoncent la corruption et les manipulations de la publicité donnée aux violations des droits de l’homme.

27 août : dans un appel à la radio, Mme Corazon Aquino demande à l’Eglise et aux organisations non gouvernementales d’aider les autorités dans leur combat contre la pauvreté.

1989 : 2ème Congrès mondial pour l’évangélisation, à Manille.

1990 : Janvier : publication d’une lettre pastorale intitulée : “Cherchez la paix, poursuivez-la”.

Mai : réunion des prêtres de Manille pour réfléchir sur la percée des sectes chrétiennes fondamentalistes venues des Etats-Unis.

7 octobre : dans une lettre pastorale intitulée “l’Amour, c’est la vie”, les évêques du pays invitent “tous ceux qui veulent rester fidèles aux valeurs de l’Evangile” à ne pas s’associer au programme gouvernemental de contrôle des naissances.

1991 : 20 janvier – 17 février : tenue du 2ème Concile plénier de l’Eglise des Philippines, qui réunit quelque 500 prêtres, religieux et laïcs autour des 98 membres de la Conférence épiscopale.

1992 : Soutien de la Conférence épiscopale au président Ramos.

1994 : Diverses prises de position de l’église contre l’avortement et la contraception dans le cadre de la préparation de la Conférence mondiale du Caire.

1995 : Visite du pape Jean-Paul II à Manille, à l’occasion du rassemblement mondial des jeunes. Présence de délégués catholiques chinois de toutes provenances : Chine, Taiwan, Hongkong, Macao.

Statistiques :

Catholiques : 58 735 000 (soit 83 % de la population du pays)

Diocèses : 79 (prélatures ou vicariats compris)

Evêques : 115

Prêtres diocésains : 4 188

Prêtres religieux : 2 243

Frères : 578

Religieuses : 9 459

Catéchistes : 1 675

Grands séminaristes : 7 381

On compte un prêtre pour 11 000 habitants et 8 800 catholiques.

600 prêtres, religieuses et laïcs travaillent comme missionnaires en d’autres pays d’Asie et d’Afrique.

Source : Asie religieuse 2000 – chiffres et données (Etudes et documents n° 11, archives des Missions Etrangères de Paris, Eglises d’Asie – série histoire ; disponible auprès de la Société de Diffusion des Missions Etrangères de Paris, 128, rue du Bac, 75341 Paris Cedex 7, 120 FF (18,29 ) – franco de port)