Eglises d'Asie

Les cinq chrétiens accusés de meurtre sont acquittés mais restent en prison

Publié le 08/08/2014




Les cinq chrétiens accusés de meurtre et incarcérés depuis le 24 juin ont été acquittés mercredi 6 août, mais resteront en prison, a rapporté l’ONG basée aux Etats Unis, Human Rights Watch for Lao Religious Freedom (HRWLRF). 

Le bureau du procureur de la province de Savannakhet a déclaré le 6 août dernier que les cinq chrétiens emprisonnés n’avaient « commis aucun acte criminel », mais qu’il n’avait cependant pas le pouvoir de les relâcher, devant attendre la décision des autorités du district d’Atsaphangthong.

Les cinq accusés, le Rév Kaithong, quatre autres pasteurs protestants, – MM Puphet, Muk et Hasadee -, ainsi qu’un fidèle du nom de Tiang – sont en prison depuis fin juin sous l’accusation de meurtre d’une fidèle chrétienne, Mme Chan. Convertie récemment du bouddhisme au christianisme avec ses huit enfants, celle-ci est décédée le 22 juin des suites d’une longue maladie, sur la route qui la ramenait de l’hôpital à son village de Saisomboon dans le district d’Atsaphangthong.

Les cinq responsables chrétiens, qui étaient venus assister dans ses derniers instants Mme Chan, ainsi que les huit enfants de cette dernière, avaient obtenu l’accord du chef du village pour enterrer la défunte selon les rites de sa nouvelle religion dans une concession personnelle, Saisomboon faisant partie des villages où les chrétiens se voient refuser les droits funéraires.

Mais alors que se rassemblaient les proches et les fidèles pour les funérailles, le chef du village ainsi que le secrétaire local du Parti communiste étaient venus interrompre la cérémonie et interdire l’enterrement. Ils avaient ensuite tenté d’intimider la famille de Mme Chan en demandant à ses membres de signer un acte d’abjuration de leur foi.

Suite à cet incident, le Rév Kaithong, pasteur de l’église de Saisomboon, avait déposé une plainte auprès du responsable de district et avait été sommé d’attendre une journée avant de connaître la décision de ce dernier. Le 24 juin, le pasteur était arrêté par la police locale, ainsi que M. Puphet, pasteur de l’église du village de Donpalai, M. Muk, leader de la communauté chrétienne de Huey, M. Hasadee, chef de l’église de Bungthalay, et M. Tiang, un des fidèles présents sur place. Les cinq chrétiens, accusés d’avoir empoisonné la victime lors de son trajet depuis l’hôpital et d’avoir « organisé des funérailles illégales », étaient immédiatement incarcérés.

Peu après, le chef du village, accompagné de bonzes, forçait la famille de Mme Chan à assister à une cérémonie funéraire bouddhiste pour leur mère qui était inhumée dans le cimetière du village, où il est interdit de faire figurer le moindre signe chrétien.

Selon le HRWLRF, la détention des cinq chrétien sous de fausses accusations, ainsi que l’enterrement bouddhiste forcé d’une convertie chrétienne, n’est qu’une infime partie de la persécution grandissante que subissent actuellement les chrétiens au Laos (1) . « Les autorités cherchent tous les prétextes pour arrêter l’expansion de la foi chrétienne dans la région », accuse Sirikoon Prasertsee, président de l’ONG. Le village de Saisomboon, souligne-t-il encore, est plus particulièrement la cible des autorités, très contrariées par la conversion de plusieurs familles au christianisme ces derniers mois.

La province de Savannakhet est considérée par le Christian Solidarity Worldwide (CSW) comme l’une des régions où les violations des droits de l’homme, en particulier les droits religieux, sont les plus graves et en augmentation constante. L’association dénonce des « expulsions forcées, des arrestations et des détentions arbitraires, sans compter les interdictions de célébrer le culte chrétien et les conversions forcées à l’animisme ».

Le 7 août dernier, le responsable du CSW, Mervyn Thomas, a appelé les autorités du Laos à libérer les cinq chrétiens : « Nous demandons au district d’Atsaphangthong de faire relâcher immédiatement et sans conditions ces cinq personnes ; nous demandons également aux autorités concernées d’enquêter sur les informations selon lesquelles la police aurait forcé un proche de la défunte à signer une attestation accusant le Rév. Kaithong de meurtre et aurait harcelé les chrétiens de la région afin qu’ils abjurent leur foi, en violation de tous les droits à la liberté de conscience et de religion ».

(eda/msb)