Eglises d'Asie

Huê : incertitude sur l’avenir d’un monastère bénédictin menacé par l’extension d’un parc touristique

Publié le 23/02/2015




Le monastère bénédictin de Thiên An (‘Paix céleste’), situé sur une colline, à l’intérieur d’une pinède, à quelque dix kilomètres de la ville de Huê, vient de confirmer l’information selon laquelle les forces de police qui, depuis près de dix ans, campaient près de la propriété se sont retirées de leur poste de garde. Leur retrait date …

… du début de ce mois de février.

S’il s’agit là d’une décision définitive, cette nouvelle pourrait marquer le début d’un changement de politique des autorités à l’égard de la propriété des moines contemplatifs. Il est toutefois encore très difficile aujourd’hui de déchiffrer la signification de cet événement et de savoir si les conséquences en seront positives ou négatives pour les religieux.

Depuis le début des années 2000, le monastère se défend contre une tentative de spoliation émanant des autorités aussi bien régionales que centrales. C’est le 27 avril 2000 que les religieux avaient appris la nouvelle du projet gouvernemental de la bouche d’émissaires du Comité populaire du district de Huong Thuy où est situé le monastère. Ils avaient alors eu connaissance de la décision n° 1230/QD-TTg signée du chef du gouvernement le 24 décembre 1999, à savoir plus de quatre mois auparavant. Les religieux furent ainsi informés que 495 929 m² (50 ha) du terrain leur appartenant étaient réquisitionnés et loués au Service du tourisme de Huê, qui avait la charge d’y construire un vaste centre de loisirs largement ouvert au public. L’abbé bénédictin, dans une lettre ouverte, contestait immédiatement la décision gouvernementale, s’attachant à en démontrer le caractère illégitime. Depuis cette époque, le responsable spirituel de la communauté religieuse n’a cessé de résister, sans faiblir, aux tentatives d’accaparement de plus en plus poussées.

Le 6 juin 2002, le gouvernement central franchissait une nouvelle étape en niant aux bénédictins le droit de propriété sur le terrain où ils étaient établis, malgré les preuves de propriété présentées par la suite dans une lettre adressée par la communauté au pouvoir central et régional.

Dès l’année 2002, les religieux avaient demandé que le projet gouvernemental soit réalisé en un autre lieu pour sauvegarder le recueillement nécessaire à la vie monastique. Ils demandèrent plus tard que les 50 ha de forêt entourant le monastère leur soient laissés afin d’assurer leur subsistance et les protéger des intrusions des touristes. Malgré de nombreuses protestations à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, le projet gouvernemental de parc touristique fut en partie réalisé et les bénédictins ne bénéficient plus depuis que d’une portion réduite de leur propriété.

Les observateurs ont noté que quelques mois avant le retrait de la police hors du monastère, en novembre 2014, le journal provincial avait annoncé que de nouveaux travaux allaient être entrepris sur le parc touristique, ce qui pourrait donner à penser que l’actuel retrait des forces publiques hors du monastère ne constitue pas forcément une bonne nouvelle pour les religieux.

(eda/jm)